Faites vite, avant que le titre d'Apple ne soit fractionné!

Publié le 26/03/2012 à 11:12, mis à jour le 12/04/2012 à 11:24

Faites vite, avant que le titre d'Apple ne soit fractionné!

Publié le 26/03/2012 à 11:12, mis à jour le 12/04/2012 à 11:24

BLOGUE. Avec une capitalisation boursière qui dépasse maintenant les 550 milliards $, les investisseurs semblent en avoir que pour Apple depuis quelque temps. Récemment, je lisais un article sur Internet spéculant que le titre pourrait prochainement être fractionné, ce qui aurait sans doute un effet positif sur le titre. Les investisseurs devraient-ils se presser d’acheter le titre d’Apple avant un possible fractionnement du titre?

Pas spécialement. De fait, les fractionnements d'actions me laissent totalement indifférent et sont à mon avis l'une des grandes illusions du marché boursier. Quelle est la différence entre détenir 25 actions d’Apple d’une valeur de 15 000 $ ou 50 actions, également d’une valeur de 15 000 $? Les fractionnements sont en quelque sorte une consécration du succès boursier d'un titre mais ils n’enrichissent pas nécessairement ses investisseurs à long terme.

Quels sont donc les motifs derrière les fractionnements? Bien des dirigeants vous diront qu'ils le font pour augmenter la liquidité de leur titre en Bourse. Un tel argument ne tient pas la route avec le titre d’Apple dont il se transige en moyenne plus de 18 M d’actions par jour. Il tient un peu mieux la route pour une petite société dont le titre est peu liquide. Mais quelle est la différence entre acheter 1 000 actions d’un titre à 50 $ plutôt que 5 000 actions à 10 $ d’un titre qui a été fractionné? Ce qui importe est la valeur totale transigée sur un titre et non pas le nombre d’actions transigées.

Il reste que, dans bien des cas, les titres fractionnés ont tendance à mieux performer par la suite, d’où leur attrait pour de nombreux investisseurs. À mon avis, cette constatation découle davantage du fait que les dirigeants d'une entreprise fractionnent généralement leur titre pour signaler aux investisseurs que les affaires vont bien et que les perspectives de croissance sont favorables. Il s'agit cependant d'un effet positif sur le titre à court terme. En effet, le titre, même sans fractionnement, aurait fort probablement éventuellement reflété ces résultats favorables après leur publication.

Le meilleur exemple de la futilité des fractionnements est sûrement le titre de Berkshire Hathaway qui n'avait pas été fractionné pendant plus de 40 ans, ce qui ne l'a pas empêché d'enrichir généreusement ses actionnaires. Bien sûr, avec un titre qui valait plus de 100 000 $ par action, M. Buffett n'a eu d'autre choix que de capituler et de créer une nouvelle classe d'actions de la société valant sensiblement moins cher afin de permettre aux investisseurs d'investir dans Berkshire Hathaway sans avoir à débourser un montant mininal de plus de 100 000 $.

Ceux qui ont peut-être le plus à gagner avec les fractionnements sont les courtiers. Ces derniers sont souvent rémunérés sur la base de « sous par action transigée » (par exemple, 3¢ par action achetée ou vendue). Ainsi, chaque fois qu'un titre est fractionné, les courtiers empochent des commissions accrues.

En somme, la spéculation entourant un fractionnement imminent d’Apple, ou de tout autre titre, ne devrait pas altérer le comportement de ceux qui investissent pour le long terme. On achète un titre d’une entreprise par ce qu’on évalue que ses perspectives de croissance à long terme sont favorables et que son cours boursier est raisonnable en fonction de ses profits actuels et futurs. Le fractionnement d’un titre ne change rien de cette évaluation.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 (www.cote100.com) et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com).

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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