Facebook : une bonne leçon

Publié le 28/05/2012 à 09:12

Facebook : une bonne leçon

Publié le 28/05/2012 à 09:12

Il vaut (généralement) mieux éviter les premiers appels à l’épargne

BLOGUE. Le premier appel à l’épargne de Facebook a fait couler beaucoup d’encre, avant et surtout après sa venue en bourse. Or, l’événement tant attendu de 2012 s’est révélé être un véritable pétard mouillé. Émis à 38 $, le titre vaut moins de 32 $ une semaine plus tard. De 104 milliards $, la capitalisation de la société a chuté à 87 milliards $.

À mon avis, ce premier appel à l’épargne de Facebook démontre bien pourquoi les nouvelles émissions d’actions ne sont généralement pas de bons placements pour les investisseurs. Voici pourquoi :

1- La société qui fait son entrée à la bourse cherche à maximiser le prix obtenu. Les dirigeants et les courtiers qui les avisent recherchent les conditions parfaites – que les astres soient alignés – avant de faire le plongeon en bourse. Si ces conditions ne sont pas au rendez-vous, l’émission sera souvent retardée… Je pense notamment à la société québécoise Enerkem qui a récemment décidé de retarder sa venue en bourse en raison des conditions de marché peu favorables. Pour revenir à Facebook, il est clair que l’entreprise a profité de l’engouement créé par sa forte renommée car tout juste avant son appel à l’épargne, elle a à la fois augmenté le nombre et le prix des actions émises.

2- L’évaluation laisse peu de place à l’erreur. Le fait que toutes les conditions favorables soient réunies se traduit plus souvent qu’autrement par un prix élevé qui laisse peu de marge de sécurité à l’investisseur. Dans le cas de Facebook, le titre a été émis à 38 $ alors que les prévisions de profits par action sont de respectivement de 0,55 $ et 0,65 $ pour 2012 et 2013. On parle donc de ratios cours-bénéfices respectifs de 69,0 et 58,0. Sans porter aucun jugement sur la qualité de l’entreprise, de tels ratios laissent peu de place à l’erreur.

3- Le fait d’aller à la bourse augmente les coûts d’exploitation d’une société. Il est certain que ces coûts sont relativement minimes pour une entreprise de la taille de Facebook. Par contre, pour la petite entreprise privée qui songe à faire le saut, les coûts associés à une inscription à la bourse peuvent être très significatifs : nouveau vérificateur, nécessité d’avoir un vp finances, frais d’inscription et réglementaires, etc.

4- La nouvelle émission crée souvent beaucoup de dilution. Si le nombre d’actions en circulation d’une société augmente sensiblement après son premier appel à l’épargne, il devient plus difficile d’augmenter ses profits par action, ce qui peut rapidement décevoir les nouveaux investisseurs.

L’investissement est un jeu de probabilités où le bon investisseur cherche à maximiser ses chances d’obtenir des rendements attrayants à long terme tout en minimisant ses risques de perte. Force est d’admettre que les premiers appels à l’épargne ne correspondent généralement pas à de tels placements. Mieux vaut attendre d’acheter sur le marché secondaire.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 (www.cote100.com) et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com).

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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