Êtes-vous du camp passif ou du camp actif?

Publié le 22/10/2016 à 12:31

Êtes-vous du camp passif ou du camp actif?

Publié le 22/10/2016 à 12:31

Au cours des derniers jours, le Wall Street Journal a publié un dossier intéressant sur le phénomène de l’investissement passif, qui prend de plus en plus de place sur le marché aux dépens de l’investissement actif. L'investisseur passif investit dans le marché boursier en achetant des fonds indiciels, alors que l’investisseur actif le fait en sélectionnant des titres spécifiques.

D’emblée, soyons clairs: j'ai toujours été du camp des investisseurs actifs, même si je reconnais les vertus de l’investissement passif. L’achat d’indices boursiers comporte des avantages indéniables pour de nombreux investisseurs, le plus important étant celui de réduire les frais de gestion. À titre d’exemple, le fonds Vanguard 500 Index Fund Admiral a un ratio de dépense de 0,05%, environ 30 fois moins élevé que celui de la plupart des fonds activement gérés (aux États-Unis; au Canada, les frais pour des fonds activement gérés sont typiquement de plus de 2%).

On sait qu’à long terme, un investisseur doit absolument tenir compte des frais associés à la gestion de son portefeuille. Pour illustrer l’importance de ces frais, j’aime bien utiliser l’analogie d’un coureur de demi-fond qui doit débuter sa course 30 mètres plus loin qu’un autre coureur.

Or, depuis quelques années, selon un article du Wall Street Journal intitulé The Dying Business of Picking Stocks, le camp passif semble être en train de gagner la course contre le camp actif. D’après Morningstar, au cours de la période de trois ans terminée le 31 août dernier, les investisseurs ont ajouté près de 1,3 billion de $ US aux fonds indiciels et négociés en bourse alors qu’ils ont retiré près de 250 G$ US des fonds gérés activement.

Il faut dire que très peu de gestionnaires actifs obtiennent des rendements supérieurs à ceux des indices boursiers auxquels ils se comparent. Selon le Wall Street Journal, au cours de la décennie qui a pris fin le 30 juin, entre 71% et 93% des gestionnaires de fonds communs gérés activement, dépendamment du type de fonds, ont soit fermé leur fonds soit obtenu un rendement inférieur à celui des fonds indiciels qu’ils tentent de surpasser. Dans de telles conditions, il devient difficile de justifier l'imposition de frais de gestion onéreux.

J’ajouterais toutefois que de nombreux gestionnaires soi-disant actifs sont essentiellement des gestionnaires passifs. Nombre d’entre eux copient en quelque sorte l’indice auquel leur performance est comparée…

Comment puis-je justifier la gestion active?

Même si c’est difficile, je crois qu’il est néanmoins possible de battre les indices boursiers à long terme en étant un investisseur actif. Warren Buffett l’a démontré tout au long de sa longue carrière: le titre de Berkshire Hathaway a enregistré un rendement de 20,8% au cours des 50 dernières années comparativement à 9,7% pour le S&P 500 (incluant les dividendes). Mais outre Buffett, plusieurs autres investisseurs ont aussi réussi à surpasser le marché sur de longues périodes. Je viens par exemple de terminer la lecture de Common Stocks & Common Sense, de M. Edgar Wachenheim, propriétaire et gestionnaire de portefeuille chez Greenhaven Capital. Cette firme de gestion de portefeuille de New York ayant des actifs sous gestion d’environ 5,5 G$ aurait obtenu un rendement annuel composé de près de 19% au cours des 25 dernières années en adoptant une méthode d’investissement «axé sur la valeur». 

Il est vrai que les investisseurs qui surpassent les indices boursiers ne courent pas les rues. Forcément, il y aura toujours 50% des investisseurs qui ne réussiront pas à faire mieux que les indices boursiers. Si l’on ajoute les frais de gestion qui grugent une partie significative des rendements obtenus, particulièrement dans un environnement de rendements moins élevés, il est logique que la proportion des gestionnaires qui ne battent pas les marchés soit élevée.

Je demeure néanmoins persuadé qu’un bon investisseur peut obtenir des rendements supérieurs à long terme en sélectionnant des titres de qualité supérieure à un prix attrayant. Pour ce faire, il doit toutefois être prêt à nager à contre-courant et à se démarquer complètement de la composition des indices. Il doit aussi maîtriser ses émotions et ne pas paniquer à la moindre secousse boursière.

Ma fibre d’investisseur «contrarian» m’incite à conclure que même si cette tendance de fond vers la gestion passive est négative pour l’ensemble des gestionnaires actifs, elle pourrait néanmoins être favorable pour ceux d’entre eux qui réussissent à se démarquer. En effet, elle pourrait créer davantage d’occasions attrayantes dans les titres qui ne font pas partie des indices boursiers. À suivre.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et chef des placements chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuille. Il est également éditeur de la Lettre financière par COTE 100, publiée mensuellement depuis 1988.

 

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