Bourse: ce que l'affaire Bugingo peut apprendre à l'investisseur

Publié le 27/05/2015 à 08:30

Bourse: ce que l'affaire Bugingo peut apprendre à l'investisseur

Publié le 27/05/2015 à 08:30

C’est ce que je me suis dit en prenant connaissance du scandale relatif au journaliste François Bugingo qui aurait menti ou, à tout le moins, gonflé l’importance de sa propre participation dans plusieurs de ses reportages à l’étranger. Comme l’écrit Yves Boisvert dans sa chronique de La Presse du 26 mai, «il n’inventait pas à proprement parler des reportages. Il agrémentait ses analyses et commentaires d’anecdotes spectaculaires dont il était le héros.»

Il est à mon avis bien plus facile de mentir ou de travestir la réalité lorsque l’on écrit sur des événements qui se passent très loin de nos lecteurs. Qui va poser des questions concernant des faits d’apparence douteuse qui se sont passés à l’autre bout du monde, en Afrique du Sud ou au Qatar? Qui soupçonnera que des paroles attribuées à un riche cheik arabe ont été inventées? Il est facile de mentir lorsque ce que l’on écrit est difficilement vérifiable.

Je ne peux m’empêcher de faire le lien avec le monde de l’investissement. Au fil des ans, j’ai eu l’occasion de rencontrer nombre de dirigeants d’entreprises qui viennent nous présenter leur «histoire» afin de nous convaincre d’investir dans leur société. Bien que la grande majorité des dirigeants d’entreprises soient sans doute intègres, la tentation est forte pour eux de ne présenter que les bons côtés de leur entreprise et d’en passer sous silence les côtés négatifs ou plus aléatoires. En général, les présidents d’entreprise sont les meilleurs vendeurs que je connaisse.

C’est pourquoi nous avons comme politique de nous en tenir aux investissements que nous comprenons bien. C’est aussi pourquoi nous investissons très majoritairement dans des entreprises nord-américaines dont le titre se négocie sur une bourse nord-américaine et dont les états financiers sont établis selon les règles en vigueur ici. En outre, avant d’investir dans une entreprise, nous aimons bien avoir des références d’autres investisseurs ou de gens qui peuvent corroborer ce qui nous a été présenté.

Il est trop facile de mentir ou d’embellir l’histoire d’une entreprise dont les activités se passent à l’autre bout du monde. Vous souvenez-vous de sociétés telles que Sino-Forest, de YBM Magnex ou de Bre-X Minerals? Ces sociétés ont toutes fait l’objet de grands scandales dans lesquels les investisseurs ont tout perdu. La première de ces sociétés exploitait des forêts en Chine, la deuxième fabriquait des aimants en Hongrie alors que la troisième possédait supposément un immense gisement d’or en Indonésie.

Je me demande si ces sociétés auraient pu berner autant d’investisseurs si leurs activités avaient été menées au Québec ou au Canada, au vu et au su de tous. De même, est-ce que François Bugingo aurait pu berner ses lecteurs s’il avait écrit sur les Canadiens de Montréal?

Warren Buffett a maintes fois répété qu’en matière d’investissement, il valait mieux bien délimiter son «cercle de compétences» et rester à l’intérieur de ce cercle. C’est la leçon que je tire du scandale Bugingo. Tenons-nous en aux sociétés près de chez nous dont nous pouvons aisément vérifier les produits ou services ainsi que les dires des dirigeants!

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et gestionnaire de portefeuille chez COTE 100, une boutique de gestion de patrimoine. Il est également éditeur de la Lettre financière COTE 100, publiée depuis 1988.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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