Big Lots : promettre peu et donner plus

Publié le 07/03/2014 à 13:13

Big Lots : promettre peu et donner plus

Publié le 07/03/2014 à 13:13

BLOGUE. Ce matin avant l’ouverture des marchés, la société Big Lots a publié ses résultats pour le trimestre et l’année terminés le 31 janvier 2014. Sur les marchés hors-cote avant l’ouverture officielle des marchés, le titre s’enflammait et gagnait près de 5,50 $, ou plus de 18 %, pour atteindre plus de 34,50$US.

Cette hausse subite me rappelle une maxime souvent très utile pour les dirigeants d’entreprises en bourse : « under promise and over deliver » que je pourrais librement traduire par « promettre peu et donner plus ».

C’est exactement ce qui s’est passé avec Big Lots et ce qui explique pourquoi le titre s’envolait ce matin. En effet, les résultats du trimestre ne sont pas extraordinaires, ils sont simplement meilleurs que ce que la direction avait prévu au cours des derniers mois.

De fait, j’ai à maintes reprises noté le phénomène lorsqu’il y a changement d’un dirigeant au sein d’une entreprise. Celui-ci aura tendance à placer très bas la barre de la performance future de la société qu’il dirige. Qui plus est, il pourrait même exagérer quelque peu les difficultés auxquelles la société fait face afin d’améliorer les probabilités qu’elle surpasse les attentes. Et c’est encore plus vrai lorsque le nouveau dirigeant ne provient pas de l’équipe en place mais a été recruté à l’extérieur. En effet, il est sûrement plus facile pour un p.d.g. de prendre des décisions difficiles lorsqu’il n’a aucun attachement émotif avec l’entreprise ni aucun lien avec les décisions stratégiques de l’ancienne administration. Aussi, sans le dire franchement, le nouveau p.d.-g. rejète la responsabilité des problèmes actuels sur l'ancienne administration (technique très bien maîtrisée par nos dirigeants politiques!).

Je soupçonne que c’est précisément ce qui s’est passé chez Big Lots. La société a engagé David Campisi à titre de p.d.-g. en mai 2013 pour remplacer Steve Fishman, qui avait été président au cours des huit années précédentes. M. Campisi était un « outsider » chez Big Lots; il comptait 30 ans d’expérience dans l’industrie du détail et était auparavant président de Respect Your Universe, détaillant de vêtements et d’équipements de sport.

Le temps qu’il s’acclimate aux activités de la société, M. Campisi a annoncé en décembre sa décision de fermer la division canadienne de l’entreprise, une surprise pour tout le monde. Il en aussi profité pour rajuster considérablement à la baisse les prévisions de profits de la société pour le reste de l’exercice 2013.

En annonçant la fermeture de la division canadienne, il est très possible que le nouveau président ait pris une décision qui s’imposait mais que l’ex-président hésitait à prendre. En effet, cette décision aurait constitué un aveu d’échec pour l’ex-p.d.-g. qui avait lui-même décidé d'acheter Liquidation World au Canada il y a quelques années et d’y investir des sommes importantes.

À mon avis, il est important pour les investisseurs de garder ce phénomène en tête lors de changements de garde au sein des entreprises dont ils détiennent des actions. Si je me fie au comportement boursier du titre de Big Lots, il semble que de nombreux investisseurs l’aient oublié et se soient départis du titre au cours des derniers mois. Au début de décembre dernier, après que la société eut annoncé la fermeture de sa division canadienne et abaissé les attentes pour l’exercice 2013, le titre avait chuté de plus de 38 $ à près de 26 $.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. COTE 100 détient des actions de Big Lots dans divers portefeuilles sous sa gestion.

 

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