Berkshire en «train» de se transformer

Publié le 21/11/2014 à 13:30

Berkshire en «train» de se transformer

Publié le 21/11/2014 à 13:30

Photo: Bloomberg

BLOGUE. Berkshire Hathaway a un problème de taille... littéralement. On serait tous très heureux d'avoir à investir 62,4 G$ mais pour Warren Buffett, ce doit être un casse-tête monumental. C'est pourquoi on le voit de plus acheter des sociétés entières plutôt que de prendre des participations minoritaires dans des entreprises en bourse. C’est aussi ce qui explique pourquoi la société qu’il dirige est en train de changer et de devenir de plus en plus une entreprise exploitante et de moins en moins une société d’investissement. C’est la réflexion que je me suis faite lorsqu’il a été annoncé que Berkshire échangeait sa participation minoritaire dans Procter & Gamble contre la totalité de la société Duracell, une filiale de cette dernière. 

Bien sûr, Buffett investira toujours à la Bourse et il conservera la plupart des investissements qu'il possède déjà. Les IBM, Wells Fargo, American Express et Coca-Cola demeureront des investissements très importants pour Berkshire Hathaway. D’autant plus que les vendre occasionnerait une facture fiscale très salée. En outre, Buffett sera toujours à l’affût d'occasions d’investir en Bourse. Je suis persuadé qu'il achèterait massivement des actions si le marché devait connaître une forte correction; il profitera aussi de la chute de tout titre qui l’intéresse à long terme. Mais quoiqu’il décide d’acheter en bourse, ce devra d’être une méga entreprise, une société ayant une capitalisation boursières de plusieurs dizaines de milliards de dollars, ce qui limite considérablement son univers de placements boursiers.

Les entreprises qu'a achetées Berkshire en entier au cours des dernières années, les BNSF (Burlington Northern Santa Fe), General Re, H. J. Heinz, NV Energy et plus récemment Duracell, sont à mon avis davantage représentatives des investissements que fera la société dans le futur. Comment investir des milliards de dollars autrement? Cette tendance devrait selon moi s'accélérer au cours des prochaines années, surtout si le marché boursier continue de bien performer.

Certains avantages de Berkshire Hathaway

Cette capacité d'acheter des sociétés entières et d'acheter des participations minoritaires dans des sociétés inscrites en bourse constitue d'ailleurs un avantage stratégique de taille pour Berkshire Hathaway et pour Warren Buffett. Je suis certain que certains gestionnaires canadiens tels que Jarislowsky Fraser aimeraient bien avoir cette même flexibilité. C'est encore plus vrai pour des gestionnaires canadiens qui se doivent d'investir une part importante de leurs actifs au Canada…

Un autre avantage est que Buffett ne s’immisce pas dans la gestion des entreprises achetées par Berkshire. Il laisse leurs dirigeants continuer de les exploiter comme ils le faisaient auparavant. La seule chose qu’il demande de ces entreprises est de retourner leur capital excédentaire à la maison mère pour qu’il puisse l’investir. J’ajouterais aussi que la réputation de Buffett qui repose précisément sur cette philosophie de laisser une pleine indépendance à ses dirigeants et de les encourager à gérer leur entreprise pour le long terme, attire probablement plusieurs dirigeants d’entreprise dans le giron de Berkshire Hathaway. Elle permet probablement aussi à Berkshire de les acheter à un prix raisonnable.

En 2013, les profits provenant des sociétés détenues par Berkshire Hathaway se sont élevés à 11,6 G$; en 2004, ils étaient de 4,1 G$.

Bref, alors que la taille gigantesque de Berkshire Hathaway serait un problème particulièrement difficile à surmonter pour la plupart des investisseurs, ça ne l'est pas selon nous pour Berkshire en raison de la grande flexibilité de la société. Toutefois, je suis convaincu que la tendance observée au cours des dernières années à favoriser l'achat de sociétés complètes se maintiendra, voire s'accentuera, au cours des prochaines années. C’est aussi dommage pour tous les émules de Berkshire Hathaway.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. COTE 100 possède des actions de Berkshire Hathaway dans ses comptes sous gestion.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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