Bill Gross a vendu toutes ses obligations du gouvernement US

Publié le 09/03/2011 à 16:37

Bill Gross a vendu toutes ses obligations du gouvernement US

Publié le 09/03/2011 à 16:37

Par Paul Dontigny Jr

Bill Gross de Pimco, le plus grand gestionnaire d’obligations du globe, vient d’annoncer qu’il a liquidé toutes ses obligations du gouvernement américain. Il est à 0% en obligations de son propre gouvernement dans son plus gros fonds (environ 250$ milliards) d’obligations (Pimco total return).

Wow !

Personnellement, étant un gestionnaire qui a détenu 0% en actions (et même des titres qui font de l’argent si les actions baissent), je ne trouve pas ce geste aussi extrême que ce que les médias en disent.  Mais c’est tout de même surprenant et nous devons sérieusement nous questionner sur la signification de ce geste.

Est-ce une affirmation politique visant à convaincre le gouvernement de cesser de dilapider les fonds publics ?  Ça l’est certainement en parie mais Gross a tout de même une responsabilité fiduciaire envers ses clients alors il doit faire ce qu’il croit être une bonne chose d’un point de vu d’investissement.

Est-ce un des innombrables signes que nous sommes véritablement en danger imminent de la suite de la crise de 2008, période qui sera presqu’assurément pire que 2008 si des évènements semblables apparaissent ?  Ma réponse est un grand OUI et je la donne sans aucun doute. Attention ! Je ne dis pas qu’il est certain que la crise se produira mais je dis qu’il est certain que le risque est vraiment extrêmement élevé.  Mon opinion personnelle est que les limites physiques du gouvernement ont été dépassées et que nous devons avoir une crise pour pouvoir commencer à restructurer nos économies. Il y a plusieurs gestes des gouvernements qui confirment ces faits.

C’est ce que Bill Gross nous dit et il est un des gestionnaires les plus informés au sujet de la dette et des effets de l’endettement sur les entités qui utilisent la dette (les obligations) pour se financer. Il nous dit qu’il est préférable d’investir dans les obligations d’entités qui sont normalement plus risquées que le gouvernement des États-Unis et il affirme que ces emprunteurs sont maintenant moins risqués que les États-Unis.

Bill Gross semble concerné par le risque de crédit,  et le risque de défaut des obligations du gouvernement. Il y a plusieurs façons de faire défaut pour un gouvernement : Cesser de payer; restructurer la dette en offrant un remboursement futur de x cents dans la piasse (comme la Russie et plusieurs autres pays ont déjà fait); créer une hyper inflation en imprimant de l’argent sans limite; créer une dévaluation massive de la monnaie pour rembourser avec une monnaie vaut moins cher; annuler des promesses de paiements sur d’autres choses que les obligations (pensions, salaires, services à la population (santé, chômage, bien-être social, etc.); saisir l’argent de la population ou interdire certaines formes d’investissement pour diriger l’argent vers les coffres du gouvernement.

Incroyable que nous soyons obligés de s’occuper de telles considérations. Mais croyez-moi, vaut mieux se renseigner et connaître l’histoire à ces sujets car les gouvernements ont démontré dans plusieurs pays, incluant les États-Unis, qu’ils feront passer leur propre intérêt avant ceux de la population en cas de crise.

Par exemple, au début des années 30, le gouvernement américain a forcé les individus à livrer tout leur or au gouvernement par l’intermédiaire des banques en se faisant payer un certain taux par once d’or.  Une fois ce processus terminé, le gouvernement a dévalué la monnaie (équivalant à faire augmenter le prix de l’or).

L’autre exemple est la période de 2008 à aujourd’hui où le gouvernement a offert des milliers de milliards de dollars de la population pour sauver les institutions financières et leurs dirigeants qui ont créé la crise financière à cause de leurs spéculations monstrueuses financées par de la dette.

Contrairement aux années 30 où la population n’avait en fait pas respecté la loi et n’avait livré qu’autour de 20% de l’or détenu par les individus, depuis 2008 la population est disposée à croire l’illusion que la crise est terminée.  C’est en soi un autre indicateur « contrarian » qui démontre que le pire reste à venir.

Paul Dontigny Jr, M.Sc., CFA

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