Cette techno qui pousse à un retour aux sources

Publié le 07/02/2012 à 11:41, mis à jour le 10/02/2012 à 14:13

Cette techno qui pousse à un retour aux sources

Publié le 07/02/2012 à 11:41, mis à jour le 10/02/2012 à 14:13

BLOGUE.
Depuis quelques mois, j’entends parler d’un mouvement qui renverse peu à peu la tendance à la sous-traitance dans les pays émergents. Ce mouvement est en croissance principalement en raison de deux phénomènes :
1. Le sens de l’éthique grandissant des gens face aux produits qu’ils achètent (impacts environnementaux et conditions de travail)
2. La nouvelle réalité de coûts qui se met tranquillement en place et qui forcent les entreprises productrices de biens à réviser leurs décisions reliées à la sous-traitance, les salaires et conditions de travail dans les pays émergents étant en croissance.

Pour me suivre sur Twitter: @patrickgagne

Je suis intéressé par le fait que ce mouvement s’inscrit dans un contexte où la mondialisation s’accélère d’année en année. Le « GLOCAL » (« Think globally, act locally ») est en train de prendre son sens dans ce contexte, où nous allons voir la croissance de l’exportation de produits locaux auprès de micro-marchés à l’étranger et la croissance des biens de consommation de masse produits et vendus localement.

L’éthique d’achat du nouveau consommateur
Depuis plusieurs années, il y a eu bon nombre d’entreprises qui ont fait l’objet de la critique environnementaliste et humanitaire. Les industries des vêtements, des jouets et des produits électroniques de masse ont été particulièrement visées. Dans certains cas, les pressions exercées ont littéralement changé la façon de faire de certaines entreprises (on peut citer IKEA avec sa politique « Low price… but not at any price »).

Apple n’échappera pas à cette critique non plus. L’entreprise est de plus en plus sous leurs feux depuis 1 an : les derniers états financiers de l’entreprise ont été tellement spectaculaires qu’ils ont ouvert à nouveau la voix à une analyse plus scrupuleuse des coûts de production. Au 4e trimestre de 2011, Apple a généré 46MM$ de revenus, 13MM$ de bénéfices (soit 28% de marge) et 17MM$ de fonds de roulement. Avec Exxon, elle est l’entreprise la plus rentable dans l’histoire.

En analysant la structure de coûts de l’iPad, le portrait devient très clair :
- Prix de ventes moyen = 600$
- Coûts des matières (estimation) = 325$ (soit 54% du revenu)
- Coûts de l’assemblage (estimation) =10$ (soit 1,7%)
- Coûts de la main d’œuvre (estimation) =10$ (soit 1,7%)

Les coûts de main d’oeuvre à 1,7% rendent très perplexe.

Quand on prend connaissance des conditions de travail chez les manufacturiers sous-traitants d’Apple (voir l’article troublant « Foxconn 'abuses, kidnaps' interns: universities' report », qui relate les conditions de travail déplorables), les questions suivantes s’imposent :
- Elles sont où les valeurs humaines dans tout ça?
- Combien de profits ça prend pour avoir du succès? À l’infini?
- Et si Apple consentait à payer un peu plus cher la main d’œuvre de ses sous-traitants, aurait-elle vraiment moins de succès?

Apple devra certainement donner l’exemple dans l’avenir si elle souhaite continuer de faire reluire sa marque. Le public en général se responsabilise de plus en plus rapport à ses achats : c’est par là que la pression la plus forte sera exercée au cours des prochaines années. Ce ne sont pas les marchés financiers qui le feront, soyez-en assurés.

L’émergence du « Makers Movement »
Comme exemple de contrepoids à cette culture d’affaires, il y a aujourd’hui le « makers movement », sorte de tendance à la démocratisation de la production de biens faite à petite échelle par le biais de technologies de fabrication à distance, de services rendus accessibles via des réseaux comme Internet. La prolifération des outils de fabrication accessibles à partir du Web (des imprimantes 3D aux machines à découper au laser) aura un impact équivalent à celui de l'introduction des ordinateurs personnels durant les années '80. Après la démocratisation de la production de biens intangibles ou « virtuels » (logiciels, sites web, musique, etc) sur le Web, nous allons voir la montée de cette démocratisation grâce aux technologies, appliquée aux biens tangibles.

J’ai assisté à une conférence de Chris Anderson en décembre dernier où l’éditeur du magazine « Wired » exposait sa compréhension de ce mouvement et de sa mise en application actuelle (voir son court billet sur le sujet : « The Rise of "Big Make” »). Il a lui-même fondé une entreprise qui fabrique une technologie de pointe pour les drones dans un petit atelier, en s’associant à un ingénieur mexicain de 28 ans qu’il aurait connu par le biais d’un forum de discussion technique en ligne (http://diydrones.com/).

J’ai aussi rencontré plusieurs entrepreneurs qui souhaitent maintenant bâtir du « tangible » en utilisant les technologies de production accessibles via le Web et le commerce électronique comme levier pour croître et atteindre des marchés hors frontières.

Un espoir en vue : la hausse des coûts de la sous-traitance
Selon les dernières prédictions de Gartner diffusées en janvier 2012, 20% de la production de biens finis ou assemblés actuellement sous-traitée en Asie sera transférée aux Amériques d'ici à 2014. Je trouve qu’il y a là aussi un puissant moteur de changement au sein des multinationales.

Comme nous avons pu le constater, les coûts de main d’œuvre en Asie représentent encore une faible proportion des coûts totaux dans la chaîne de fabrication de biens tangibles. Mais, avec les années qui passent, la pression à la hausse se fera sentir sur la marge bénéficiaire des multinationales et la production sous-traitée devra être rapatriée en partie sur une base locale. Est-ce une finalité souhaitable ? Absolument.

À propos du blogue "Horizons Numériques"
Nous sommes au cœur d’une révolution numérique où les changements bouleversent le monde du marketing et des communications, et aussi la vie de tous les jours. Comme je suis en général assez méfiant des modes technos (ou « hype »), je garde un regard toujours critique sur les nouvelles tendances qui se créent.
Dans ce blogue, je ferai donc état des tendances dans le secteur numérique et donnerai une perspective critique sur les événements qui se déroulent et les modes technos qui se créent à tous les jours, en les rattachant à des perspectives d’affaires.
Je tenterai aussi de faire des projections d’avenir de temps à autres, question de me « mouiller » un peu. Je vous inviterai à en faire autant. Nous verrons bien avec le temps qui aura eu raison ;-)

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