Vous trouvez vos employés mollassons? Changez la donne!

Publié le 13/02/2017 à 06:26

Vous trouvez vos employés mollassons? Changez la donne!

Publié le 13/02/2017 à 06:26

Avant tout, une question de connexions... Photo: DR

Aujourd'hui, j'ai une drôle de suggestion à vous faire... Levez le nez et regardez tout autour de vous. Que voyez-vous? Oui, je sais, vos collègues, mais plus précisément? Décelez-vous une joie de vivre étourdissante? Une passion débordante pour le travail? Une énergie si communicative qu'elle booste votre propre motivation au point de vouloir immédiatement donner votre 110%? Hum, pas sûr...

Comment cela se fait-il? Est-ce parce que nous sommes au beau milieu de l'hiver? Parce que les autres butent sur un dossier qui fait du sur-place? Ou encore, parce que les affaires ne tournent pas rond, de manière générale? Si vous tentiez de trouver une vraie réponse, franche et honnête, je suis sûr que vous arrêteriez à songer à ce genre d'excuses creuses. Et vous en arriveriez à la conclusion que quelque chose ne fonctionne pas. Mais quoi?

Eh bien, il se pourrait que j'ai la réponse à cette interrogation existentielle. Si, si... Je l'ai dénichée dans une étude intitulée Seeking to belong: How the words of internal and external beneficiaries influence performance. Celle-ci est signée par : Francesca Gino, professeure de gestion des affaires à la Harvard Business School (États-Unis), assistée de son étudiant Paul Green; et Bradley Staats, professeur de gestion des opérations à l'École de commerce Kenan-Flagler à Chapel Hill (États-Unis). Regardons ça ensemble...

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Les trois chercheurs se sont demandé si le simple fait d'établir de meilleures connexions entre les employés eux-mêmes ainsi qu'entre les employés et les principaux bénéficiaires de leur travail (ex.: les clients qui achètent leur produit ou service) pouvait améliorer leur performance au travail. Pour s'en faire une idée, ils ont émis l'hypothèse qu'il pouvait peut-être suffire d'améliorer la communication entre les uns et les autres pour que la motivation des employés soit boostée au point de voir leur efficacité s'apprécier au travail. Autrement dit, ils ont fait le pari que les mots avaient un réel pouvoir sur nous, dans le cadre du travail; et par suite, que des mots positifs auraient un effet positif sur chaque employé.

Ils ont alors procédé à une expérience ingénieuse... Ils sont allés sur une exploitation agricole implantée en Californie et ont rencontré des ouvriers dont la tâche consistait à récolter manuellement des tomates. Pourquoi eux? Parce que chaque ouvrier était, durant sa journée de travail, peu en contact avec les autres (les champs étaient immenses, et les cadences de travail, élevées). Et parce qu'aucun d'eux n'avait le moindre contact avec les bénéficiaires de leur travail, à savoir les consommateurs américains.

Les 180 ouvriers volontaires pour participer à l'expérience ont été répartis dans trois groupes distincts, à leur insu :

– Connexion avec un collègue. Une partie des participants a visionné un vidéo de trois minutes dans lequel un collègue racontait, avec ses mots à lui, combien le travail de chacun d'eux était importait pour lui, pour l'équipe, pour l'exploitation agricole. Exprès, il utilisait le terme «nous» à tout bout de champ. Et il illustrait concrètement l'impact du travail des cueilleurs sur l'ensemble de la production, en soulignant que cet impact était «crucial».

– Connexion avec les consommateurs. Une autre partie des participants a visionné un vidéo de cinq minutes dans lequel un employé de l'exploitation agricole racontait, avec ses mots à lui, combien le travail de chacun d'eux était important pour les consommateurs. Il illustrait cela en disant, entre autres, qu'il fallait être fier de faire partie de «l'entreprise qui produit près de la moitié des tomates consommées aux États-Unis». Et il montrait le ravissement des personnes lorsqu'elles achetaient à l'épicerie la tomate qu'ils avaient cueillie.

– Aucune connexion. La dernière partie des participants n'a, elle, vu aucun vidéo. On a juste dit à chacun d'eux qu'il participait à une expérience, sans savoir de quoi il s'agissait au juste. Et on leur a fait remplir un questionnaire bidon.

À noter qu'aucun participant ne savait qu'en vérité c'était leur performance au travail qui intéressait les trois chercheurs. La plupart ont, donc, visionné un vidéo, puis sont repartis travailler dans les champs, sans trop comprendre pourquoi on leur avait imposé de voir le vidéo en question. Ils ne le savaient pas, mais le fruit de leur travail allait être soigneusement évalué durant les trois journées de labeur qui suivaient...

Résultat? Tenez-vous bien :

> L'impact considérable des mots positifs d'un collègue. Une seule catégorie de participants a vu sa performance progresser de manière «considérable» durant les journées qui ont suivi le visionnement du vidéo. Laquelle? Celle de ceux à qui s'était adressé un collègue pour leur dire combien leur travail comptait à ses yeux. Les deux autres catégories – celle du consommateur et celle qui n'a vu aucun vidéo – n'ont pas vu leur performance au travail s'améliorer de quelque façon que ce soit.

Par conséquent, les mots ont bel et bien un pouvoir sur nous, pourvu qu'ils soient prononcés par quelqu'un de proche et qu'ils visent à renforcer la connexion établie avec lui. C'est aussi simple que ça.

«Les mots positifs venus d'un collègue renforcent le sentiment d'appartenance à l'équipe, voire à l'entreprise. Ces mots-là cultivent et maintiennent ce sentiment si précieux pour la productivité individuelle. C'est pourquoi ils ont un tel impact sur la performance des employés, y compris lorsque les contacts sont relativement limités entre ceux-ci dans leur quotidien au travail», expliquent les trois chercheurs dans leur étude.

Et de préciser : «Les mots visant à renforcer la connexion avec les clients ne peuvent avoir un tel impact puisqu'ils ne peuvent pas avoir d'incidence sur le sentiment d'appartenance (le client vient de l'extérieur du groupe)».

Maintenant, que retenir de tout ça? Ceci, à mon avis :

> Qui entend booster la performance de ses employés se doit d'améliorer la connexion entre eux. Il lui faut multiplier les occasions que l'un puisse dire tout le bien qu'il pense du travail de l'autre, et le tour sera joué! Comment, au juste? Par exemple, en démarrant vos réunions d'équipe à venir en invitant chaque participant à exprimer sa reconnaissance envers l'un de ses collègues, ne serait-ce que pour lui avoir donné un coup de main, la veille, ou même pour avoir pris un café ensemble, juste avant la réunion. Un tel tour de table ne prendra qu'une poignée de minutes, et la dynamique de la réunion en sera transformée. Garanti.

En passant, l'écrivain français Victor Hugo a dit dans Les Contemplations : «Les mots sont les passants mystérieux de l'âme».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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