Se soucier vraiment de la santé de ses employés, c'est payant?

Publié le 30/09/2016 à 06:06

Se soucier vraiment de la santé de ses employés, c'est payant?

Publié le 30/09/2016 à 06:06

Faire du yoga en groupe au bureau est aujourd'hui à la mode... Photo: DR

Au tournant de 2010, les études se sont mises à abonder pour montrer que la santé des employés allait de mal en pis. L'une d'entre elles avait ainsi mis au jour le fait que les coûts en assurance maladie des entreprises américaines avaient littéralement bondi de 131% entre 1999 et 2009. La réaction a été, bien entendu, immédiate : c'est vite devenu à qui proposerait le meilleur programme de remise en forme à ses employés, et à en faire même un argument de séduction à l'attention des talents à la recherche d'un nouvel emploi. Du coup, près de 90% des entreprises de nos voisins du Sud disposent, aujourd'hui, d'un programme de mieux-être à l'attention de leurs employés (rabais à l'inscription à un gym, service de coach en alimentation, etc.).

Mais voilà, la question saute aux yeux : tout cela porte-t-il vraiment fruit?

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Une récente étude a montré que, pour chaque dollar dépensé en programme de mieux-être, les entreprises américaines voyaient leurs dépenses en assurance maladie diminuer d'en moyenne 3,27 dollars et celles en absentéisme, d'en moyenne 2,73 dollars. Ce qui est conséquent. Et il est indéniable qu'il est bénéfique pour une entreprise de voir ses coûts en assurance maladie et en absentéisme diminuer de manière significative.

Toutefois, il me semble nécessaire d'aller encore plus loin que ça. Oui, on peut légitimement se demander si cela se traduit également par un impact sur la productivité des employés. Autrement dit, le fait de bénéficier d'un programme de mieux-être rend-il plus efficace dans son travail, jour après jour?

Il se trouve que j'ai déniché la réponse à cette interrogation. Si, si... Dans une étude intitulée Doing well by making well: The impact of corporate wellness programs on employee productivity et signée par : Timothy Gubler, professeur de management à l'Université de Californie à Riverside (États-Unis); Ian Larkin, professeur de stratégie à l'École de management Anderson à Los Angeles (États-Unis); et Lamar Pierce, professeur de stratégie à l'École de commerce Olin à Saint-Louis, Missouri (États-Unis) Regardons ça ensemble...

Les trois chercheurs se sont intéressé à une entreprise à laquelle ils ont donné le nom fictif de LaundryCo, à la tête de cinq blanchisseries. C'est que la direction de celle-ci avait pris la décision d'aider leurs employés à être en meilleure forme, pour la toute première fois de son existence. Bref, une occasion en or pour des scientifiques de mesurer l'éventuel impact d'une telle mesure managériale sur la productivité de chacun.

La mesure prise a été on ne peut plus simple : une équipe d'infirmières est allée, un beau jour, dans chacune des blanchisseries, juste pour prendre la pression artérielle de chaque employé, prélever un peu de leur sang afin de vérifier si tout allait bien, et, enfin, leur soumettre un questionnaire en lien avec leur état de santé. Trois semaines plus tard, chacun était reçu individuellement par les infirmières, histoire d'avoir l'heure juste sur leur état de santé et, le cas échéant, des recommandations à suivre pour améliorer ce qui devait l'être.

C'était tout. Aucun programme particulier de mieux-être, aucun rabais d'aucune sorte sur l'inscription à une activité sportive, non, rien de tout ça. Juste la visite d'infirmières et des recommandations assez simples et évidentes.

Résultats? Tenez-vous bien :

> Un bond global de 5%. La productivité des employés a globalement augmenté de 5% durant l'année qui a suivi la visite des infirmières. Ce qui équivalait grosso modo à l'ajout d'une journée de travail par mois pour chaque employé. Rien de moins.

> Un bond de 7,5% pour ceux en forme. La productivité des employés qui étaient en bonne santé a crû, elle, d'en moyenne 7,5%. Pourquoi? Vraisemblablement parce que ceux-ci, heureux de noter que leur employeur se souciait de leur santé, ont ressenti davantage de bien-être au travail; et ce, à un point tel que leur productivité a bondi.

> Une meilleure santé. Ceux qui n'étaient pas en pleine forme ont vu leur état s'améliorer d'en moyenne 25% durant l'année qui a suivi la visite des infirmières, car plusieurs d'entre eux ont pris la ferme résolution de suivre leurs recommandations, ce qui s'est traduit par une nette amélioration de leur santé. Et par suite, la productivité de ceux qui se sont vraiment repris en main (meilleure alimentation, etc.) a, elle, été propulsée de 10%.

Cela étant, il convient d'apporter un bémol – de taille – à propos de ces résultats, aussi impressionnants soient-ils. En effet, l'un des employés a ainsi découvert qu'il était gravement malade, et même déjà en phase terminale; en conséquence, ni sa santé ni sa productivité ne se sont améliorées, bien au contraire, ce qui est tout à fait compréhensible.

«Notre étude montre que les programmes de mieux-être, même les plus simples, ont un réel impact sur la productivité des employés. Et elle a mis au jour un fait intéressant : lorsqu'on adopte un programme de mieux-être, il ne faut pas cibler spécifiquement les employés qui ne sont pas en pleine forme, il faut s'adresser tout autant à ceux qui sont en bonne santé. Parce que la seule existence d'un tel programme suffit à booster le bien-être de ceux qui sont en forme, et par suite, leur productivité», notent les trois chercheurs.

Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis :

> Qui entend voir bondir la productivité de tous ses employés se doit de leur proposer un ou plusieurs programmes de mieux-être. Car cela fera du bien à la santé de ceux qui ne sont pas vraiment en forme, et par ricochet, à leur productivité. Car cela mettra également du baume à l'âme de ceux qui sont en bonne santé, à tel point qu'ils se montreront, eux aussi, plus productifs qu'à l'habitude.

En passant, George Washington, le premier président des États-Unis, aimait à dire : «Se coucher de bonne heure et se lever matin procure santé, fortune et sagesse».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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