Quand l'argent freine-t-il l'innovation?

Publié le 13/12/2012 à 09:31, mis à jour le 17/12/2012 à 14:51

Quand l'argent freine-t-il l'innovation?

Publié le 13/12/2012 à 09:31, mis à jour le 17/12/2012 à 14:51

> Les investisseurs qui, au départ du projet, ont une plus grande tolérance au risque que la plupart des autres investisseurs sont ceux qui sont les moins prompts à aller jusqu'au bout des projets audacieux. À la première difficulté, ils vont exiger de l'innovateur qu'il réduise ses ambitions et vise un but plus "réaliste", à savoir plus modeste. Et si cela n'est pas fait, ils vont mettre fin au deal sans l'ombre d'un remord.

> Plus l'innovateur a le choix entre les investisseurs potentiellement intéressés par son projet, plus il a tendance à passer un deal avec celui qui est prêt à y mettre le prix, notamment concernant son salaire. Le hic? L'argent consacré au mirobolant salaire – et tous les changements organisationnels que cela entraîne – ne peut plus aller à l'innovation elle-même, si bien que l'investisseur qui vient d'embaucher LA perle rare n'est, en fin de compte, plus très chaud pour financer le projet le plus audacieux de sa recrue. Et il va lui demander, là aussi, de réduire la voilure, de viser un but plus modeste.

Que retenir de ces deux trouvailles fondamentales? Deux précieux enseignements :

1. Les investisseurs les plus optimistes au départ sont aussi les plus prompts à abandonner en chemin. Mieux vaut donc se méfier, pour un innovateur, d'un partenaire d'affaires qui montrerait un peu trop d'entrain à se lancer dans son projet. Car les chances d'innover radicalement sont dès lors des plus minces.

2. Les investisseurs les plus fortunés ne sont pas ceux qui vont pour autant le plus dépenser dans un projet audacieux. Car ils vont préférer payer pour avoir les meilleurs dans leurs rangs, plutôt que d'investir dans les projets d'innovation en eux-mêmes. Ils ont le réflexe de "récupérer" ailleurs l'argent dépensé en salaires, au détriment notamment des innovations radicales.

Comme quoi, l'argent peut – curieusement – se révéler un frein aux véritables innovations. CQFD.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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