Pour motiver vos employés, mieux vaut du chocolat que du cash!

Publié le 30/08/2017 à 06:06, mis à jour le 30/08/2017 à 06:17

Pour motiver vos employés, mieux vaut du chocolat que du cash!

Publié le 30/08/2017 à 06:06, mis à jour le 30/08/2017 à 06:17

C'est que le chocolat a une vertu insoupçonnée... Photo: DR

Cela vous est-il déjà arrivé au travail de proposer une idée neuve en laquelle vous croyiez dur comme fer et de la voir rejetée aussi sec par le boss, voire par l'ensemble de l'équipe? Hum, sûrement, je pense... C'est qu'une étude a mis au jour le fait qu'en général seulement 10% des idées neuves émises au travail reçoivent un premier «oui» (ce qui ne garantit pas pour autant qu'elles iront jusqu'au stade de la concrétisation...).

La question est dès lors la suivante : «Comment avez-vous vécu ce rejet?» Laquelle est suivie de celle-ci, en toute logique : «Cela a-t-il affecté votre motivation, voire votre performance, au travail?» Je vous invite à y penser en profondeur avant de lire la suite. Si, si...

C'est fait? Parfait. Maintenant, j'aimerais partager avec vous ce qui ressort d'une étude intitulée Rejections, incentives, and employee creativity: When chocolate is better than cash. Celle-ci est signée par deux professeurs de comptabilité : Eddy Cardinaels et Bart Dierynck, tous deux de l'Université de Tilbourg (Pays-Bas), assistés de Wenqian Hu, doctorant en comptabilité à l'École de commerce Scheller à Atlanta (États-Unis). Regardons ça ensemble...

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Les trois chercheurs ont invité 188 personnes à participer à une petite expérience. Dans un premier temps, il s'agissait pour chacune d'elles de remplir une tâche créative en un temps limité, sachant qu'elle était mise en compétition avec un autre des participants : un juré déterminerait alors laquelle des deux tâches avait été la mieux accomplie, si bien que le fruit du travail de l'un serait accepté, et l'autre, rejeté.

Dans un second temps, chaque participant devait remplir une nouvelle tâche créative en un temps limité, toujours en compétition avec un autre. Une différence, toutefois, à ce stade-là : les participants avaient été placés dans trois groupes distincts.

– Aucune récompense particulière. Certains se sont vu promettre une somme d'argent fixe à l'issue de l'expérience, peu importe que leur seconde tâche créative ait été retenue ou rejetée par le juré.

– Prime à la performance. D'autres se sont vu promettre une somme d'argent rondelette si jamais le fruit de leur travail était retenu par le juré, et une somme d'argent dérisoire si jamais il était rejeté.

– Récompense tangible. Les derniers, enfin, se sont vu promettre une boîte de chocolats belges si jamais le fruit de leur travail était retenu par le juré, et un modeste sachet de M&M's si jamais il était rejeté.

L'idée était simple : d'une part, voir si le rejet nuit à la créativité et à la performance d'une personne; et d'autre part, voir si un système de récompenses permet d'atténuer les éventuels impacts négatifs d'un rejet, ou pas.

Résultat? Tenez-vous bien :

> Un impact sur l'estime de soi. Le rejet diminue l'estime de soi de la personne concernée. Elle considère que son talent créatif n'est pas aussi développé qu'elle le croyait, ce qui nuit directement à sa motivation à innover par la suite.

> Un impact sur la performance, parfois. Le rejet diminue également de manière significative la performance créative de la personne concernée, mais seulement lorsqu'une prime financière est en jeu. En revanche, c'est l'inverse qui se produit lorsque du chocolat est en jeu : d'un coup d'un seul, le rejet n'a plus aucun impact négatif sur la performance de la personne concernée.

Comment expliquer un tel phénomène? Les trois chercheurs estiment que l'argent et le chocolat – ou toute autre forme de récompense tangible (un carte-cadeau; un séjour en fin de semaine dans une auberge, tous frais payés; etc.) – ont des effets divergents sur la motivation intrinsèque des gens:

– L'argent, une nuisance. L'argent mine la motivation intrinsèque des gens, car ceux-ci se mettent à calculer leurs efforts en fonction du gain financier potentiel, au lieu de donner le champ libre à leur créativité. Du coup, il leur est quasiment impossible de donner leur 110%. Ce que montre d'ailleurs fort bien l'étude : les trois chercheurs ont regardé dans le détail les idées neuves émises par les participants qui couraient après une somme d'argent rondelette; cela leur a permis de découvrir que nombre d'entre eux avaient eu des idées qui auraient pu leur permettre de l'emporter, mais ceux-ci se sont montré incapables de choisir LA bonne à présenter au juré...

– Le chocolat, un bienfait. Le chocolat, quant à lui, booste la motivation intrinsèque des gens, car ceux-ci ressentent dès lors l'envie profonde de s'accomplir dans leur tâche créative, sans calculer quoi que ce soit. Du coup, ils sont en mesure de donner leur 110%. Ce qu'ils font volontiers, comme le montre également l'étude.

«Les résultats de notre étude montrent clairement que les managers ont tout à gagner à revoir la façon dont ils motivent leurs employés. Ils disent trop souvent «non» aux idées neuves, sans réaliser l'effet dévastateur que cela a sur l'estime de soi et même la performance des employés. Ils devraient, par conséquent, prévenir le mal en mettant en jeu des récompenses tangibles, à l'image d'une boîte de chocolats fins», résument les trois chercheurs dans leur étude.

Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis:

> Qui entend vraiment motiver ses employés se doit de leur proposer des récompenses... chocolatées! Il lui faut, en vérité, proposer des récompenses tangibles (boîtes de chocolats fins, cartes-cadeaux,...), et non pas – comme on le voit trop souvent – des primes financières liées à la performance. Pourquoi? Parce qu'une récompense tangible booste la motivation intrinsèque des gens tandis que l'argent, lui, la mine. Et parce que le rejet d'une idée neuve n'aura ainsi aucun impact négatif sur l'estime de soi et la performance de l'employé concerné.

En passant, le moraliste français François de La Rochefoucauld aimait à dire : «Aimez le chocolat à fond, sans complexe ni fausse honte, car rappelez-vous : "Sans un grain de folie, il n'est point d'homme raisonnable".»

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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