Peut-on prédire si votre nouveau boss est nul ou génial?

Publié le 23/11/2011 à 10:02, mis à jour le 25/11/2011 à 13:59

Peut-on prédire si votre nouveau boss est nul ou génial?

Publié le 23/11/2011 à 10:02, mis à jour le 25/11/2011 à 13:59

Arsène Wenger est l'un des grands entraîneurs de Grande-Bretagne. Photo : DR.

BLOGUE. Quand une équipe réussit un bon coup, on en attribue tout le mérite au groupe dans son entier, et parfois on souligne discrètement le talent de son leader. Idem, quand elle échoue lamentablement, on blâme l’ensemble de ses membres, et tout particulièrement leur leader : pensons au hockey, l’entraîneur-chef fait souvent office de fusible; comme on dit, «c’est la dure loi du sport»…

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Mais voilà, est-on injuste en faisant payer le prix fort au leader? Ou lorsqu’il décroche, lui et pas les autres, une promotion en guise de récompense pour la performance enregistrée par son équipe? Impossible à savoir, me direz-vous. Eh bien, détrompez-vous, il est tout à fait possible de le savoir. Mieux, il est possible d’anticiper la performance d’un leader, et par suite de savoir à l’avance ceux qui vont se planter (ce qui peut permettre de les virer avant même l’échec…)!

Vous avez du mal à me croire, je le devine d’ici. C’est pourquoi je vais essayer de vous convaincre, en partageant avec vous ma dernière trouvaille, une étude passionnante intitulée The performance of football club managers : skill or luck? Celle-ci est signée par trois passionnés de soccer, Adrian Bell, codirecteur de l’ICMA Centre de la Henley School of Business (Grande-Bretagne), Chris Brooks, professeur de finance de l’ICMA Centre, et Tom Markham, doctorant de l’ICMA Centre. Elle montre clairement que la chance n’a rien à voir dans tout cela, bien au contraire…

Pour commencer, il faut expliquer que le soccer, en Grande-Bretagne, est une religion. Ni plus ni moins. Les matchs sont suivis non pas par des partisans, mais par des fidèles : dans les discussions quotidiennes, les Britanniques ont la réputation de davantage parler du soccer que de la météo… C’est donc dire à quel point l’étude dont il est ici question est appelée à faire jaser de l’autre côté de l’Atlantique.

Les trois chercheurs sont partis d’un constat très simple : les entraîneurs, a priori, ne restaient pas longtemps en poste dans la Premier League. Vérification faite, la «durée de vie» de ceux-ci a été en moyenne de 2,19 années, entre 1992 et 2005. Et au début de la saison 2009/10, seulement quatre entraîneurs étaient à la tête de la même équipe depuis plus de trois ans : Rafael Benitez (4 ans et demi), David Moyes (7), Arsène Wenger (12) et Alex Ferguson (22). De surcroît, ils ont noté que la tendance était la même dans les sports de haut niveau aux Etats-Unis, la «durée de vie» moyenne des entraîneurs étant de 2,44 années aux NBA, NFL, NHL et MLB.

La question sautait aux yeux : les propriétaires des équipes de soccer viraient-ils trop vite les entraîneurs? Pour le savoir, les trois chercheurs se sont plongés dans une tonne de documents sur la Premier League, que ce soit ceux de la League Managers Association (LMA), de Soccerbase, de journaux (The Guardian, The Independent,…), ou encore de l’Annual Reviews of Football Finance concoctée par Deloitte. Et ce, avec une idée fixe en tête : établir un modèle de calcul permettant d’anticiper le résultat de chaque match des saisons allant de 2004/05 à 2008/2009, si bien qu’on pourrait voir si une équipe a alors fait mieux ou moins bien que ce qu’elle aurait dû faire; puis, trouver le moyen d’extraire de ce modèle l’une des variables, soit l’impact du seul entraîneur sur le résultat obtenu.

«Not an easy task…», ont reconnu d’emblée MM. Bell, Brooks et Markham dans leur étude, mais sans pour autant baisser les bras. Au contraire, ils n’ont pas été effrayé par le fait qu’on pourrait énoncer une multitude de variables pouvant influencer l’issue d’un match de soccer, à commencer par le hasard – pourquoi pas? –, et se sont creusés les méninges pour identifier les plus pertinentes. En fin de compte, ils en ont retenu une dizaine, dont la masse salariale de l’équipe, le montant total des derniers transfers de joueurs, le nombre de blessés, etc.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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