Un exemple parmi d’autres : Tyler Stillman, un professeur de psychologie de la Florida State University, a découvert, avec des collègues, que les personnes les plus convaincues de jouir du libre arbitre étaient aussi celles qui étaient persuadées d’avoir de belles perspectives de carrière devant elles. Et inversement. De surcroît, M. Stillman a demandé aux gestionnaires de ces mêmes personnes de leur attribuer une note relativement à leur performance globale au travail. Résultat : les adeptes du libre arbitre avaient les meilleures notes. En conclusion, se savoir peu ou pas libre de ses choix mine grandement notre efficacité au travail.
Roy Baumeister, un collègue de M. Stillman, est allé un peu plus loin, en demandant à différentes personnes de lire un texte avant de répondre à un questionnaire. Certains devaient lire un texte démontrant que le libre arbitre n’est qu’une illusion ; d’autres, un texte allant dans le sens inverse. Le questionnaire, quant à lui, portait sur le comportement que l’on aurait dans différents cas de figure. Résultat : ceux dont la croyance dans le libre arbitre a été déstabilisée se sont montrés moins altruistes que les autres, voire carrément agressifs envers les étrangers!
Que déduire de tout cela en matière de management? Pas simple à dire… Pour ma part, je retiendrai une idée fort simple : il est vital d’avoir les coudées franches quand on occupe un poste de direction, ou du moins à reponsabilités. En fait, l’important est que ce dirigeant ait au moins l’impression d’avoir les coudées franches!
Je m’explique… Si quelqu’un sent peser sur lui des contraintes fortes, au point de voir sa marge de manoeuvre réduite, alors il se sentira mal à l’aise, et aura parfois la sensation de ne pas pouvoir prendre les bonnes décisions, d’être forcé à agir d’une certaine façon, sans avoir de vrai choix. Les membres de son équipe finiront pas s’en rendre compte, et sans nul doute le moral des troupes va se mettre à dégringoler. L’échec est alors prévisible.