Ainsi, la fameuse sagesse populaire s’est mise à dérailler parce que les personnes composant le groupe se sont laissées influencer par d’autres. Et cela découle de trois principes, selon le quatuor de Zürich :
1. L’influence sociale. Ceux qui influencent les autres ont comme impact de diminuer la diversité des opinions d’un groupe, sans pour autant améliorer la qualité de l’opinion générale. Du coup, le groupe se détermine à partir d’un échantillon réduit d’avis, ce qui nuit à ses prévisions.On assiste alors à une convergence des idées au lieu d’un enrichissant échange d’idées.
2. Les œillères des experts. Forts de leurs certitudes, les experts ne présentent aux autres que des idées étroites, limitées par ce qu’on pourrait appeler des «œillères intellectuelles». C’est pourquoi lorsqu’un dirigeant d’entreprise ou une équipe doit statuer à partir de données fournies par un ou des experts, il ou elle a de fortes chances de rater la cible (et ferait mieux de faire davantage confiance à la sagesse de ses propres troupes…).
3. L’aveuglement. La combinaison des deux principes évoqués précédemment fait en sorte que ceux qui prennent des décisions sont de plus en plus sûrs d’eux, sans réaliser qu’ils s’enfoncent dans l’erreur, car ils s’appuient sur les erreurs des autres. On assiste alors à un fatal aveuglement
«Dès qu’intervient une certaine forme d’influence sociale, la vérité s’éloigne de l’opinion générale», notent les chercheurs dans leur étude, en soulignant que le phénomène de la sagesse populaire est «valable sur le plan scientifique», sauf quand «une influence négative se produit sur les gens, car ceux-ci prennent confiance dans leurs prévisions, sans réaliser qu’ils sont en train de s’embourber». Un exemple concret ? D’après le quatuor suisse, on peut évoquer les élites bancaires américaines lors de la crise financière qui a éclaté en 2007 avec la crise des subprimes et qui a eu pour premier effet la faillite de la «prestigieuse» banque d’affaires Lehman Brothers, le 15 septembre 2008…