Les ingrédients secrets du leadership de Jeff Bezos enfin dévoilés!

Publié le 10/11/2017 à 06:06, mis à jour le 10/11/2017 à 08:48

Les ingrédients secrets du leadership de Jeff Bezos enfin dévoilés!

Publié le 10/11/2017 à 06:06, mis à jour le 10/11/2017 à 08:48

Le PDG d'Amazon a un leadership empreint d'authenticité, d'inventivité et d'humilité. Photo: DR

Il s'est passé quelque chose de grandiose lors de l'événement Summit LA17 qui a eu lieu au début de novembre : Jeff Bezos, le PDG d'Amazon, a été interviewé devant le public par nul autre que... son petit frère Mark. Et mine de rien, cela a amené l'un des hommes les plus riches de la planète, à son habitude si réservé, pour ne pas dire coincé, à se révéler comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Et ce faisant, il a dévoilé en filigrane ce qui faisait que son style de leadership était exceptionnel...

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C'est ainsi qu'il a parlé de ses étés de jeunesse passés à la ferme de son grand-père, où il lui fallu se débrouiller tout seul pour réparer les machines Caterpillar brisées, ou encore pour recoudre à mains nues le bétail blessé. «J'en ai retiré la leçon que chaque fois qu'il t'arrive un pépin, il faut faire preuve de résilience et de débrouillardise, en trouvant par toi-même le moyen de sortir de la trappe dans laquelle tu crois être pris», a-t-il dit.

Qu'il a raconté comment il donnait aux autres confiance en eux-mêmes, à commencer par ses propres enfants : «Ma femme et moi, nous les laissons se servir de couteaux aiguisés dès l'âge de 4 ans, puis de toutes sortes d'outils dangereux. Pourquoi? Parce que, comme le dit ma femme, "Je préfère nettement avoir un enfant à neuf doigts qu'un enfant timoré"», a-t-il dit.

Qu'il a dévoilé d'où lui venait sa prodigieuse créativité en affaires : «Tout le monde croit que le monde est aujourd'hui si complexe qu'il est incontournable d'être un expert dans un domaine pointu pour être en mesure d'innover. Le hic, c'est qu'à partir du moment où l'on se considère comme un expert, on risque de se faire piéger par ses connaissances, de s'engluer dans son savoir. Quant à moi, je vois les choses autrement : j'approche la nouveauté avec la curiosité d'un gamin. C'est mon secret, avoir des yeux d'enfant sur l'univers qui l'environne. Car les vrais inventeurs sont toujours les experts qui ont su garder leur âme de débutant», a-t-il révélé.

Ce n'est pas tout! Jeff Bezos a également raconté comment il s'était décidé à quitter son emploi de programmeur très bien rémunéré pour se lancer dans l'aventure d'Amazon : «En 1994, je suis allé voir mon boss pour lui dire que je voulais lancer une start-up spécialisée dans la vente en ligne de livres. Il m'a dit que c'était une bonne idée, mais une idée qui aurait convenu à quelqu'un qui n'avait pas une aussi bonne job que la mienne. Ça m'a fait douter, et j'ai pris quelques jours pour y réfléchir. Et j'en suis arrivé à la conclusion que la meilleure façon de considérer mon projet de start-up consistait à le regarder à travers mes propres yeux... à l'âge de 80 ans. L'idée était simple : comment minimiser mes regrets, à cet âge-là. Il m'est alors clairement apparu que les regrets les plus vifs ne découlent pas de ce qu'on a raté dans notre vie, mais de ce qu'on n'a pas entrepris. Dès lors, ma décision était prise : il fallait absolument tout quitter pour Amazon, sans quoi je l'aurais amèrement regretté à 80 ans; si Amazon avait été un échec, eh bien, au moins, j'en aurais retiré une certaine fierté», a-t-il dit.

Lors de l'entrevue, Mark a dévoilé la photo de son frère, jeune, déguisé en tomate pour Halloween. Fou rire général, y compris de la part de Jeff.

Le PDG d'Amazon brille aussi par sa présence, selon son frère Mark : «Quand on a un repas de famille ou avec des amis, il n'est jamais distrait par son cellulaire. Il est entièrement là, disponible pour nous. Ce qui se fait rare, aujourd'hui», a-t-il dit. Ce qu'a confirmé le principal intéressé : «Le cellulaire est une source de distraction. Or, je n'ai aucune capacité au multitâches, et d'ailleurs je ne crois pas en son efficacité. Ça remonte à mon enfance, je pense, quand j'étais à l'école Montessori : quand la prof disait à tout le monde de passer d'une tâche à une autre, moi, je n'y arrivais pas, je restais concentré sur ce que j'étais en train de faire; à tel point qu'il lui arrivait de prendre la chaise sur laquelle j'étais installé, de la soulever et de m'installer dans le nouveau groupe où il me fallait amorcer une nouvelle tâche», a-t-il raconté, sourire en coin.

Un dernier point, et non des moindres, qui a été abordé lors de cette fascinante entrevue : l'équilibre entre le travail et la vie privée. «Je n'aime pas parler d'équilibre, mais plutôt d'harmonie. Pourquoi? Parce que la notion d'équilibre évoque quelque chose de fragile et de difficile à atteindre, tandis que celle d'harmonie correspond davantage à ma vision de la chose : si je suis heureux à la maison, ça se répercute au travail, ça fait de moi un meilleur employé, un meilleur boss; c'est là un cercle vertueux. D'ailleurs, j'aime voir ça comme un flux d'énergie : si quelque chose pompe ton énergie à la maison, tu en auras moins pour le travail; inversement, si ton énergie est boostée à la maison, elle le sera aussi au travail. L'idée n'est donc pas de chercher un équilibre précaire, mais de parvenir à bien gérer les flux d'énergie dans lesquels nous évoluons au quotidien», a-t-il dit.

Voilà l'essentiel de cette entrevue. Qu'en retenir, au juste? Ceci, à mon avis:

> Qui entend devenir un leader couronné de succès se doit de s'inspirer du leadership de Jeff Bezos. Il lui faut prendre une feuille de papier et un crayon, puis s'installer dans un lieu calme pour effectuer chacune des étapes suivantes:

1. Dessiner une étoile à 6 branches. Puis, graduer chacune d'elles de 0 (le coeur de l'étoile) à 5 (l'apex).

2. Inscrire à chacune des pointes l'une des dimensions du leadership propre à Jeff Bezos : résilience, autonomie, créativité, audace, présence et harmonie.

3. Autoévaluer le plus honnêtement possible chacune des dimensions de son propre leadership.

4. Réaliser quelle est la plus grande faiblesse de son leadership, et identifier un moyen efficace de corriger le tir à ce sujet (au besoin, avec l'aide d'une personne de confiance ou de lectures inspirantes).

5. Une semaine plus tard, réévaluer le plus honnêtement possible les progrès enregistrés. Puis, continuer sur sa lancée; ou, si le progrès est jugé satisfaisant, passer à une autre faiblesse ainsi repérée.

6. Recommencer, semaine après semaine, jusqu'à l'atteinte d'une totale satisfaction (ce qui peut prendre du temps, bien entendu...).

En procédant de la sorte, vous ne deviendrez peut-être le PDG du prochain Amazon, mais à tout le moins un meilleur leader. Oui, un leader empreint d'authenticité, d'inventivité, d'humilité. Un leader digne des exigences du 21e siècle.

En passant, l'acteur américain Philip Seymour Hoffman disait : «Ce n'est pas le succès qui rend heureux, vraiment pas. Le succès, c'est faire ce qui vous rend heureux, bien travailler et avoir une vie riche».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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