Leaders, voici le secret de la véritable autorité!

Publié le 28/08/2017 à 06:26

Leaders, voici le secret de la véritable autorité!

Publié le 28/08/2017 à 06:26

La véritable autorité, c'est avant tout une question de prouesse et doigté... Photo: DR

Avez-vous déjà entendu parler de Guy Gilbert? Hum… Peut-être pas. En France, il est connu pour être le «prêtre des loubards» : prêtre-éducateur depuis une cinquantaine d’années, il proclame que la rue est son église et aide quotidiennement des jeunes en perdition. Il porte les cheveux longs et un blouson de cuir noir, il parle haut et fort sans craindre personne comme peuvent le faire les petits voyous qui entendent contrôler une rue ou un quartier, et, surtout, il a le coeur sur la main. C'est ce qui fait que tout le monde l’aime, du plus humble au plus célèbre : imaginez-vous que le 11 septembre 2015, pour ses 80 ans et ses 50 ans de sacerdoce, il a été invité à célébrer la messe avec le pape François, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe…

Mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

Pourquoi est-ce que je vous parle de Guy Gilbert? Parce que j’ai mis la main sur l’un de ses livres, L’humilité - Première des vertus (Éditions Philippe Rey, 2014), et parce que celui-ci est d’une profondeur inouïe. Si, si… D’ailleurs, je vous invite à le réaliser par vous-mêmes, à l’aide de ce simple extrait intitulé Être un serviteur. Regardez un peu ça:

«Nous avons besoin de directeurs d’usine, de managers, de cadres pour organiser les activités économiques. C’est entendu. Mais il faut absolument que ceux-ci soient avant tout… des serviteurs.

«Vous qui allez rejoindre votre bureau, soyez le serviteur de vos employés. Cessez d’être des chefs, petits ou grands, frimeurs ou arrogants, regardant à peine ceux qui bossent pour vous.

«Pensez que le plus grand de l’usine est celui qui vide votre poubelle très tôt le matin ou très tard le soir. Car si vous adoptez ce point de vue, vous aurez un autre regard et une autre influence dans le monde. (...)

«Plus nous sommes puissants dans la hiérarchie, plus nous devons porter notre regard vers celui qui nous sert dans l’ombre. Il n’existe ni service inutile ni service mineur. Il n’y a qu’une façon de servir : de tout son coeur et de toute son âme.

«J’observe que les chefs d’État se saluent et se font mille politesses à la limite du ridicule. Observez les sous-fifres qui les entourent : au garde-à-vous, ils ne sont pour eux qu’un décor. Moi, si j’étais un dirigeant, je foncerais saluer les dizaines de personnes qui m’attendent sous la pluie depuis des heures, avec la politesse que l’on réserve à des hôtes de marque. Pas à toute vitesse. Mais en regardant chacun et chacune dans les yeux. (...)

«Servir mes loubards m’a poussé à me dépasser. Car servir quelqu’un, c’est lui faire confiance, lui faire découvrir le sens de ses projets, partager le succès avec lui, lui faire comprendre qu’on ne fait rien sans les autres… Oui, servir fait devenir un éveilleur.

«L’éveilleur se remet en cause, il s’ancre dans l’action et sait prendre des risques. Une personne ne peut vraiment se construire que si elle se sent exister pour une autre. C’est une grande joie que de se sentir utile.

«Les jeunes dont je m’occupe ont besoin d’affection parce qu’ils sont déchiquetés. Quelques-uns n’auront jamais assez d’une vie pour se reconstituer, après un passé très dur. Leur faire confiance est très important.

«D’autant plus qu’aujourd’hui plus personne ne supporte l’autorité brutale. Je me souviens de mon putain de tempérament. Si l’Évangile n’était pas passé par là, j’aurais pu devenir un tyran… J’ai appris que le chef devait être plus exigeant vis-à-vis de lui-même qu’avec ses subordonnés. Il doit être un modèle, montrer un esprit de décision. C’est ainsi qu’il assoit son autorité. Humain, très proche de ceux avec lesquels il fait équipe, il doit faire justice à chacun et respecter l’équité, l’égalité. Il doit faire confiance à ses équipiers.

«Le chef a trois fonctions importantes:

1. Il commande et s’assure que son commandement soit compris. Il n’est pas forcément aimé. Je sais que, quand je donne des ordres, il m’arrive de ne pas être très aimable, mais… c’est un ordre.

2. Le chef réunit et ne divise jamais. On voit souvent en politique l’horrible résultat des divisions. Le mauvais chef divise pour régner. Le vrai chef unit.

3. Le chef éduque et attribue des responsabilités adaptées aux équipiers.

«J’aime beaucoup cette définition du chef : une tête de glace, un coeur de feu, une main de fer.

«Ce qui m’a beaucoup aidé dans ma vie d’éducateur, c’est de comprendre que l’humilité est la base de l’autorité. L’Évangile nous dit: “Sois le dernier si tu veux être le premier; ne cherche jamais le fauteuil; lave les pieds des autres; ne cherche pas à être servi, mais à servir; sois comme un gosse qui accepte l’autorité de ses parents».

«L’autorité bienveillante, aimante, est irrésistible.

«Oui, “l’autorité, c’est de faire naître”, comme disait Saint-Exupéry. Faire naître à la vie, à l’amour, au respect, c’est faire grandir le jeune. Et lui transmettre sa force. Alors naîtra un adulte debout et libre.»

Voilà. Quelle sagesse! Quelle profondeur! Quelle intelligence! À vous de faire vôtres ces pensées lumineuses. Et, bien entendu, de les appliquer dès que possible…

En passant, l’écrivaine autrichienne Marie von Ebner-Eschenbach disait : «L’humilité rend invulnérable».

Découvrez mes précédents billets

Mon groupe LinkedIn

Ma page Facebook

Mon compte Twitter

Et mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

Blogues similaires

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes

Édition du 30 Juin 2018 | René Vézina

CHRONIQUE. C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle. ...