Le truc fou de Yusaku Maezawa pour travailler moins, mais mieux!

Publié le 12/10/2018 à 06:09

Le truc fou de Yusaku Maezawa pour travailler moins, mais mieux!

Publié le 12/10/2018 à 06:09

Yusaku Maezawa est le PDG de Start Today. Photo: DR

Yusaku Maezawa. Ce nom vous dit-il vaguement quelque chose? Sûrement, si vous suivez un tant soit peu l’actualité. Il s’agit de ce milliardaire japonais de 42 ans qui a acheté toutes les places du premier vol spatial de la Big Falcon Rocket, la nouvelle fusée imaginée par SpaceX pour faire un tour autour de la lune et, à terme, pour coloniser la planète Mars.

M. Maezawa deviendra ainsi en 2023 le premier touriste spatial à frôler la lune, en compagnie, a-t-il dit en conférence de presse, de «six ou huit artistes qui, à leur retour sur Terre, composeront une œuvre visant à rendre le monde meilleur».

Laissez-moi vous le présenter plus en détails. Vous allez voir, ça vaut vraiment la peine…

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Yusaku Maezawa est l'ancien batteur d’un groupe punk japonais, Switch Style. À l’approche du millénaire, il s’est mis à surfer sur la vague des start-ups technologiques, et a eu l’idée en 2004 de créer Zozo – qui a changé de nom ce mois-ci pour adopter celui de Start Today –, un site de vente de vêtements en ligne qui est actuellement considéré comme le leader dans son secteur au Japon, avec une valorisation boursière de 11,5 G$ (la valeur de l’action a été multipliée par 24 depuis l’entrée en Bourse, en 2010). Aujourd’hui, le PDG est à la tête d’une fortune personnelle de 4,7 G$ et est la 14e personne la plus riche de l’archipel, selon les données du magazine Forbes.

L’homme est habitué à défrayer la chronique. C’est qu’il a une passion, la collection d’œuvres d’art. Il détient, entre autres, des œuvres d’Alexander Calder (oui, celui-là-même dont le Musée des beaux-arts de Montréal présente une rétrospective en ce moment !), Bruce Nauman, Richard Prince et Jeff Koons. Il a attiré l’attention mondiale en 2016 lorsqu’il a acquis aux enchères une œuvre non nommée de Jean-Michel Basquiat pour 57,3 M$ US, puis l’année suivante, en battant un nouveau record avec une acquisition d’une autre œuvre du même artiste pour 110,5 M$ US.

La semaine dernière, il a tweeté avoir acheté un violon Stradivarius de 1717 dénommé Hamma. «Ce que j’achète ainsi, c’est avant tout la passion qui suinte des œuvres d’art, a-t-il expliqué. Il y a là du savoir-faire, de l’histoire, de l’amour, tout ce que l’artiste a mis de lui-même dans son œuvre. Et je veux partager tout ça avec les jeunes, leur montrer ces œuvres, leur faire passer le message qu’on a des ampoules lorsqu’on crée quelque chose de grandiose, et qu’on n’y songe même pas tant on est alors absorbé par la magie de la création.»

Voilà justement où je voulais en venir en vous parlant de Yusaku Maezawa ! Ce dernier a, mine de rien, une vision fantastique du travail. Je pèse mes mots : fantastique. Et c’est cette vision qui lui a permis d’être couronné de succès dans la vie. Je m’explique…

La Big Falcon Rocket partira vers la lune en 2023... Photo: SpaceX.

«Est-ce que je suis effrayé à l’idée de l’entraînement physique et psychique qu’il va me falloir suivre pour effectuer le vol spatial autour de la lune ? Pas du tout. C’est que je dispose de plein de temps à moi : je ne vais travailler que trois ou quatre jours par semaine, et chaque fois je passe un maximum de six heures au bureau», a-t-il dit lors d’une conférence de presse.

Plaisantait-il ? Aucunement.

Chez Start Today, on travaille autrement. Tous les employés sont incités à travailler vite et bien sur une période de temps courte (un maximum de six heures par jour, répétons-le), et à jouir pleinement de leurs temps libres, car ceux-ci représentent «le meilleur moyen de regagner en énergie et de se ressourcer mentalement». Ce qui est vrai tant pour la standardiste que pour le PDG.

Comme chacun s’est demandé comment faire entrer toutes les activités d’une journée «normale» de travail dans seulement six heures, des évidences ont rapidement sauté aux yeux de tout le monde : «Chez nous, chacun ne travaille que dans son champ de compétences, là où il peut apporter une vraie plus-value : si jamais il lui faut accomplir une tâche qu’il ne maîtrise pas totalement, il la confie à un autre, mieux placé que lui pour la mener à bien, dit-il. Même chose, personne ne s’éternise dans des discussions oiseuses, qui n’apportent rien à personne. C’est d’ailleurs comme ça que les employés ont tué, d’eux-mêmes, les réunions qui leur paraissaient inutiles.»

Efficacité et épanouissement vont, donc, de pair. Comme l’illustre à merveille Start Today, qui compte aujourd’hui un millier d’employés, à la suite d’une vague d’embauches menée en avril dernier qui concernait surtout des postes de techniciens informatiques (lesquels ont pu décrocher un salaire annuel pouvant aller jusqu’à 100 millions de yens, soit 1,1 M$).

«Ce voyage vers la lune va être, je pense, le déclencheur de grandes innovations pour nous, a-t-il ajouté. Ça va montrer aux employés que nous sommes littéralement capables de décrocher la lune. Que tout est possible si l’on ose travailler autrement, si eux-mêmes prennent de nouvelles initiatives susceptibles de nous ouvrir de tout nouveaux horizons.»

À cela s’ajoute le coup médiatique planétaire d’un tel vol spatial : pour l’heure, Start Today n’est un phénomène web qu’au Japon, il lui reste encore à partir à la conquête de la planète. Il est dans ses plans de mettre un premier pas en Europe en 2019, mais rien n’est vraiment confirmé à ce sujet. Peut-être faut-il vraisemblablement s’attendre à de vastes déploiements à l’étranger d’ici plutôt 2022 ou 2023…

Bon. Que retenir de tout cela ? Ceci, à mon avis :

> Qui entend décrocher la lune se doit de travailler autrement, c’est-à-dire vite et bien sur une courte période de temps. À l’image de Start Today et de son PDG Yusaku Maezawa, il lui faut donner la priorité à l’efficacité et à l’épanouissement dans son quotidien au travail. Par exemple, en n’accomplissant plus que les tâches pour lesquelles il peut apporter une vraie plus-value, ou encore en supprimant une bonne fois pour toutes cette fameuse réunion hebdomadaire qui ne sert qu’à valoriser celui qui l’organise. Et surtout, en convenant avec l’ensemble de son équipe de travailler moins, mais mieux, puis en agissant en conséquence.

En passant, le poète français Jean Cocteau aimait à dire : «Il faut faire aujourd’hui ce que tout le monde fera demain».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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