La loi du succès selon Virgil Abloh

Publié le 04/06/2018 à 06:11

La loi du succès selon Virgil Abloh

Publié le 04/06/2018 à 06:11

Virgil Abloh est le fondateur de la marque Off-White. Entre autres... Photo: DR

Virgil Abloh. Avez-vous déjà entendu ce nom? Peut-être que oui, peut-être que non. Il s’agit ni plus ni moins d’un prodige dont chacun d’entre nous gagnerait à s’inspirer dans son quotidien au travail. Je m’explique…

Virgil Abloh est un entrepreneur américain originaire du Ghana qui multiplie les dons comme les succès. Architecte de formation, il est également styliste de mode, DJ et conseiller artistique du rappeur Kanye West (certains le considèrent comme son bras droit). Avec sa casquette d’entrepreneur, il a créé la marque Off-White, qui marie les deux extrêmes que sont la haute-couture et la mode de la rue; ce faisant, il a noué des partenariats d’affaires inédits, à l’image des collections Nike x Off-White et Jimmy Choo x Off-White, qui lui ont permis de revisiter le design de chaussures icôniques comme l’Air Jordan 1 («façon passé à l’X-Acto») et l’escarpin («façon Lady Di en Cendrillon»). Et tout récemment, il s’est vu offrir le poste de directeur de la création des collections Homme de Louis Vuitton, et donc la succession de Kim Jones, lequel est parti officier chez Dior.

Impressionnant, n’est-ce pas? Un jeune architecte qui devient, en un clin d’oeil, un DJ prisé de stars du rap comme Kanye West, puis un styliste inspiré par la culture de la rue des années 1990 qui finit par être recruté par Louis Vuitton. C’est carrément fou, je trouve; et pourtant, authentique.

Eh bien, je veux vous parler aujourd’hui de Virgil Abloh parce qu’en plus d’être suprêment doué et d’exercer son génie à gauche et à droite à la vitesse V, il a la sagesse de prendre le temps de penser à ce qu’il fait. Oui, vous avez bien lu, il réfléchit à ce qui lui arrive, et partage – malheureusement trop rarement à mon goût – ses réflexions avec autrui.

C’est qu’il lui est arrivé à deux ou trois reprises de faire un discours à des finissants en école de design, et il en a profité chaque fois pour prodiguer des conseils on ne peut plus précieux. Pour réaliser ses rêves professionnels. Pour saisir les occasions en or qui surviennent sans prévenir. Pour rebondir d’idée neuve en idée neuve. Pour persévérer en dépit des difficultés. Etc.

Vous l’avez compris, je vais me faire un plaisir de partager avec vous ses enseignements, à tout le moins ceux qui pourraient vous servir à améliorer votre quotidien au travail. Regardons ça ensemble…

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«Ça peut paraître débile, mais ça fonctionne à 100%. Garanti. Si vous faites vraiment ce que je vais vous dire, vous allez connaître le succès. Ça marche pour moi, ça marchera pour vous», a-t-il dit à des finissants de la Rhode Island School of Design.

«Si vous voulez vraiment faire quelque chose d’exceptionnel, si vous voulez devenir designer, être Karl Lagerfeld ou Steve Jobs, il vous faut faire UNE chose. Oui, UNE chose : lancez-vous!

«Quand j’ai lancé Off-White, je voulais juste faire un T-shirt original, et le vendre. Je n’imaginais pas une seconde que ça me mènerait là où je suis aujourd’hui. Je voulais créer, me lancer, et c’était tout. Et c’est devenu un succès parce que j’ai fait ce premier pas, le plus important de tous.

«Beaucoup de gens chérissent de grands rêves, et m’en parlent encore et toujours. Ces grands rêves ne verront jamais le jour, croyez-moi.

«Supposons que vous voulez construire un vaisseau spatial, et que vous réalisez que ça ne peut pas se faire du jour au lendemain. Il vous suffit de saisir qu’il vous faut procéder par étapes, par petits pas, et ça se fera, sans même que vous le réalisiez vraiment. Le truc, c’est d’arrêter d’en parler et de le faire.

«Supposons que vous voulez devenir Anna Wintour [la directrice artistique de Condé Nast], eh bien, c’est tout à fait possible. Sauf si, comme trop de gens, vous vous mettez à penser que ce sera à votre portée… plus tard, ou que seul un coup de baguette magique le permettra.

«Bref, ne retenez qu’une chose : lancez-vous!»

Et Virgil Abloh d’enfoncer le clou, en parlant de la plaie qu’est, en vérité, le perfectionnisme :

«Le perfectionnisme ne mène nulle part, a-t-il poursuivi. Il ne fait que ralentir notre créativité et freiner notre efficacité. À la fin de la journée, tout ce qui compte vraiment, c’est la quantité de travail abattu, pas le raffinement apporté à chacune de nos micro-tâches. C’est ça qui nous définit véritablement en tant que créateur, et même en tant que travailleur.

«En fait, le seul échec, c’est de ne pas essayer. Je pense qu’il nous faut écouter la voix intérieure qui nous dit de nous lancer dans une direction, dans une tâche particulière; et faire taire celle qui nous supplie de nous arrêter à chaque menu détail. Il faut être sans cesse en mouvement, jamais à l’arrêt.»

Et d’expliquer :

«C’est que nous sous-estimons l’effet domino : une fois qu’une tâche est accomplie, elle en entraine une autre, puis une autre, et encore une autre, etc. Du coup, nous progressons à pas de géant, sans même le réaliser. Notre travail avance, et nous mène toujours plus loin, jusqu’à des horizons que nous ne soupçonnions même pas au départ. Ce que – je le souligne – ne connaissent pas les perfectionnistes [rires].»

La question saute aux yeux : «D’accord, il est sûrement bon de veiller à progresser vers le but visé sans s’arrêter au premier écueil venu, mais comment s’assurer que l’on n’est pas en train de s’enfoncer dans une impasse?»

«Lorsqu’on oeuvre dans son domaine de prédilection, on est capable de mener plusieurs projets de front, a-t-il dit lors d’un discours tenu à Harvard. C’est même devenur la norme, je pense, que de devoir être sur plusieurs front en même temps…

«Du coup, il se peut qu’un des fronts se présente comme une défaite annoncée, mais ce n’est pas si grave que ça, pourvu qu’on sache le reconnaître et en tirer les conséquences qui s’imposent (ex. : mettre ses forces ailleurs, là où elles permettront d’emporter une victoire déterminante pour l’évolution de notre carrière).

«C’est bien simple, j’ai toujours pensé que ceux qui travaillaient de manière linéaire, pour ne pas dire routinière, n’avaient plus leur place dans le monde du travail d’aujourd’hui. Il faut varier nos façons de faire, nos façons de mener à bien nos projets.

«Par exemple, je m’assure de toujours progresser dans un projet en accomplissant une tâche d’une certaine manière, et la suivante d’une toute autre manière; parfois même, en adoptant la manière totalement contraire à la précédente (ex. : là où j’ai pris une décision tout seul, la fois suivante, je la prends en petit comité).

«Pourquoi? Parce que je gagne en expérience, et surtout, j’élargis ainsi ma marge de manœuvre pour résoudre le problème auquel je suis confronté. Parce que cela me permet de mieux cerner le problème en question; et donc, de trouver plus facilement la meilleure solution qui soit.»

Une autre interrogation pointe le bout de son nez, de toute évidence : «Ne risque-t-on pas d’épuiser notre motivation lorsqu’on bataille sur plusieurs fronts à la fois?»

«Mon truc, c’est d’avoir une muse secrète, a-t-il confié au magazine Teen Vogue. De trouver quelqu’un qui est la source d’inspiration de chacun de nos faits et gestes au travail. Pour ma part, quand je sens ma motivation s’essouffler, je songe aux gamins des rues qui n’ont pas la chance que j’ai, qui n’ont pas voix au chapitre, qui vivent un enfer quotidien sans pouvoir rien y faire. Je me dis que je travaille pour eux, comme eux le feraient s’ils en avaient la possibilité, c’est-à-dire à 110%, pour ne pas dire à 220%. J’œuvre pour eux, pour la prochaine génération, celle qui, peut-être, s’inspirera de personnes comme moi pour réaliser, un beau jour, leurs propres rêves.»

Et de souligner :

«Regardez-moi bien, a-t-il ajouté. Mettez-vous à ma place, un instant. C’est super bizarre d’avoir les projecteurs braqués sur moi, je ne suis pas si spécial que ça, franchement, je n’ai pas grand chose de particulier.

«Maintenant, réalisez que, vous comme moi, nous vivons une époque formidable : nous avons toutes les ressources pour faire des merveilles, oui, nous avons tout pour être bénéfiques à l’humanité. Je pense vraiment que nous vivons une nouvelle Renaissance.

«Alors, arrêtez une bonne fois pour toutes avec des pensées du genre «Tout craint, le monde touche à sa fin». C’est juste un mécanisme interne pour vous démotiver, pour vous assoupir, pour vous faire baisser les bras. Réagissez! Réveillez-vous! Avancez d’un pas, comme je l’ai fait, et vous verrez le champ des possibles s’ouvrir à vous. Comme par magie. Essayez, et vous verrez bien…»

Wow! Quel discours, n’est-ce pas? Virgil Abloh est vraiment un être à part, je trouve. Un être inspirant, mieux, électrisant. Un être qui donne carrément envie de se lancer en avant…

Bon. Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis :

> Qui entend – enfin – triper dans son travail et, par la même occasion, voler de succès en succès se doit de… faire un tout premier pas. À l’image de ce que préconise Virgil Abloh, il lui faut oser se lancer en avant, même s’il ne sait pas trop où cela va le mener. Il doit identifier un but qui fasse vibrer une corde sensible en lui, puis faire un pas vers celui-ci. Et ce, même s’il a d’ores et déjà différents projets en cours, voire de simples tâches à mener à bien. Il ne doit pas s’effrayer d’en mettre ainsi davantage sur ses épaules, car – aussi curieux que cela puisse paraître – cela lui permettra, en vérité, d’avancer plus vite et plus loin, le cœur et l’esprit légers. Et chemin faisant, de connaître la réussite, celle qui lui donnera envie de continuer de mettre un pied devant l’autre, en direction de tout nouveaux horizons professionnels.

En passant, le philosophe français Voltaire a dit dans L’Indiscret : «Le premier pas, mon fils, que l’on fait dans le monde / Est celui dont dépend le reste de nos jours».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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