L'art oublié de rédiger un mémo, selon Winston Churchill

Publié le 03/07/2018 à 06:09

L'art oublié de rédiger un mémo, selon Winston Churchill

Publié le 03/07/2018 à 06:09

Des données claires, une pensée claire... Photo: DR

Le vendredi 9 août 1940, la bataille d’Angleterre fait rage : 431 avions britanniques effectuent ce jour-là un total de 142 patrouilles en dépit du mauvais temps, histoire de prévenir de nouveaux raids de l’aviation allemande ; ce faisant, ils parviennent à descendre un bombardier Heinkel He 111 ennemi. Et que fait ce même jour le premier ministre Winston Churchill ? Eh bien, il prend le temps de rédiger une note de service à l’attention de l’ensemble du personnel du Cabinet de guerre visant à apprendre à chacun comment… rédiger un mémo !

Oui, vous avez bien lu. Alors que le pays est en proie à une guerre totale, Winston Churchill revêt sa casquette de leader pour expliquer aux membres de son équipe comment être 100% efficace dans la diffusion de l’information. Ce qui, à ses yeux, est l’un des nerfs de la guerre. Ni plus ni moins.

Qu’y a-t-il dans cette note de service ? Un superbe éloge de la concision. La voici d’ailleurs librement traduite pour vous afin que vous puissiez en juger par vous-mêmes :

Brièveté

Mémo du premier ministre

Pour faire notre travail, nous devons tous lire une masse considérable de documents. Or, presque tous ceux-ci sont trop longs. Ce qui fait perdre du temps, et même gaspiller de l’énergie, à force de chercher à identifier les points essentiels de ces documents.

Je demande donc à mes collègues et à leur personnel de veiller à ce que leurs rapports soient désormais plus courts.

1. L'objectif doit être de rédiger des rapports qui présentent les principaux points en une série de paragraphes courts et précis.

2. Si un rapport repose sur une analyse détaillée de certains facteurs compliqués, ou sur des statistiques, toutes ces données doivent figurer dans une annexe.

3. Souvent, mieux vaut ne pas présenter un rapport complet, mais un simple aide-mémoire composé seulement de titres ; au besoin, ces informations peuvent être explicitées oralement.

4. Finissons-en une bonne fois pour toutes avec des formules du genre «Il est également important de garder à l'esprit les considérations suivantes...» ou «Il faudrait envisager la possibilité de mettre en œuvre...». Elles ne sont que du remplissage, lequel doit être omis ou remplacé par un seul mot. Adoptons à la place des phrases courtes et expressives, même si elles nous semblent peu raffinées.

Les rapports établis suivant les lignes directrices que je propose pourront paraître grossiers en comparaison avec les fioritures du jargon officiel. Mais nous sauverons ainsi un temps précieux, et la présentation des points importants de manière concise nous permettra d’avoir une pensée plus claire.

W.S.C.

Voilà. Winston Churchill, à la tête d’un pays qui jouait son existence même, avait avant tout besoin d’avoir les idées claires, et pour ce faire, de disposer de données claires. Ce qu’il a expliqué avec brio dans cette simple note de service. Qui sait ? Peut-être ce tout petit détail a-t-il permis de faire la différence…

D’où ma suggestion, évidente : et si vous profitiez de l’été pour vous inspirer de cette missive de Winston Churchill? Oui, si vous rédigiez vous-même une note de service similaire, afin de rendre le travail de chacun plus simple et plus efficace, et donc, potentiellement plus épanouissant?

En passant, c’est Winston Churchill qui disait : «S’occuper des choses les plus sérieuses du monde n’est possible qu’à condition de comprendre aussi les choses les plus dérisoires».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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