Flâner dehors sur l'heure du lunch, quelle heureuse idée!

Publié le 20/01/2017 à 06:06

Flâner dehors sur l'heure du lunch, quelle heureuse idée!

Publié le 20/01/2017 à 06:06

Il suffit de 30 minutes dehors, le midi, pour que tout change... Photo: DR

Ce midi, levez le nez de votre ordinateur et regardez tout autour de vous : combien de personnes sont-elles en train de manger à leur bureau (ou ensemble dans une salle de réunion)? Et surtout, combien se remettront aussitôt au travail, une fois la dernière bouchée avalée? Faites l'expérience, et je suis sûr que vous serez effaré.

Pourtant, sortir prendre l'air juste après avoir mangé ne peut faire que du bien. Ne serait-ce qu'en raison du fait que cela nous fait bouger, respirer, voir autre chose que le petit cubicule dans lequel on est enfermé toute la journée. Logique, n'est-ce pas?

Mais voilà, cette logique-là se vérifie-t-elle vraiment? Oui, est-ce vraiment si bénéfique que ça d'aller faire un tour dehors, histoire de couper sa journée de travail en deux?

La réponse à cette interrogation se trouve dans une étude intitulée Changes in work affect in response to lunchtime walking in previously physically inactive employees: A randomized trial. Celle-ci est signée par : Cecilie Thøgersen-Ntoumani, professeure de sciences de la santé à l'Université Curtin à Perth (Australie); Elizabeth Loughren, doctorante en psychologie de la santé à l'Université du Gloucestershire à Cheltenham (Grande-Bretagne); Florence Kinnafick, professeure de psychologie du sport à l'Université de Loughborough (Grande-Bretagne); Ian Taylor, également professeur de psychologie du sport à l'Université de Loughborough; Joan Duda, professeure de psychologie du sport à l'Université de Birmingham (Grande-Bretagne); et Ken Fox, professeur de sciences de la santé à l'Université de Birmingham. Regardons ça ensemble...

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Les six chercheurs ont demandé à 75 volontaires – tous des employés de bureaux – de bien vouloir se prêter à une expérience très simple, sachant que chacun d'eux avait été abordé parce qu'ils n'étaient pas particulièrement en forme, sans être pour autant souffrants sur le plan physique ou mental : c'est qu'ils étaient considérés comme «physiquement inactifs» puisqu'ils accomplissaient des «activités physiques modérées» (ex.: marcher d'un pas vif, danser, jardiner, s'acquitter de travaux ménagers, participer activement à des jeux et sports avec ses enfants, etc.) durant moins de 150 minutes par semaine. Bref, ils ont abordé des personnes comme la plupart d'entre nous.

Que s'agissait-il d'effectuer? Il leur a été simplement demandé deux choses :

1. S'engager à marcher 30 minutes dehors, sur l'heure du lunch, trois fois par semaine. Et ce, sous la supervision d'un leader, qui veillait à adapter le rythme de marche à chacun, en formant différents petits groupes. À cela s'ajoutait l'obligation d'effectuer deux marches le week-end, toujours sur l'heure du midi, cette fois-ci sans aucune supervision.

2. Télécharger une app spéciale, qui consistait en un questionnaire sur la façon dont on se sentait au moment présent, tant physiquement que mentalement. Et, bien entendu, d'y répondre à chaque fois que l'app bippait, ce qui produisait une fois le matin et une autre fois l'après-midi (soit avant et après la marche d'une demie-heure).

L'expérience durait 10 semaines d'affilée. Après cette période, les participants étaient invités à poursuivre les petites marches du midi, si cela les chantait (en continuant, en ce cas, à répondre aux questionnaires de l'app). C'était tout.

Résultat? Il est clair comme de l'eau de roche :

> Plus enthousiastes et plus détendus. Les participants ont tous «grandement gagné» en «enthousiasme», en «relaxation» et en «nervosité». C'est-à-dire que, chaque après-midi qui suivait leur petite marche du midi, ils se sentaient plus enthousiastes et plus détendus que jamais; et ce, jusqu'à la fin de leur journée de travail. Bref, le stress habituellement lié à leur quotidien au travail s'évaporait d'un coup; mieux, ils bénéficiaient d'une toute nouvelle énergie. Ni plus ni moins.

«Marcher est, de toute évidence, bénéfique pour les employés de bureaux : non seulement ça les énergise, mais aussi ça les détend», souligne Mme Thøgersen-Ntoumani.

Intéressant, n'est-ce pas? Voilà qui devrait en convaincre plus d'un de faire un tour dehors, ce midi; et peut-être même, le midi suivant, et le suivant, et encore le suivant.

Ce n'est pas tout! L'étude n'indique pas si cela a, de surcroît, le moindre impact sur la productivité des employés en question. Toutefois, la professeure de l'Université Curtin relate que d'autres études scientifiques ont d'ores et déjà mis en lumière le fait que quelqu'un qui est à la fois énergique et détendu – donc peu stressé – est, en général, particulièrement productif dans son travail. Par conséquent, flâner le midi peut même vous rendre plus productif au travail.

Autre point qui mérite d'être souligné : après les 10 semaines, la plupart des participants ont arrêté de sortir une demie-heure, le midi. Pourquoi? Parce que leurs bosses leur avaient fait sentir qu'il était préférable qu'ils travaillent au lieu d'aller se promener 30 minutes dehors. Véridique! Par conséquent, si vous êtes maintenant convaincus des bienfaits d'aller prendre l'air, le midi, mieux vaut, avant de passer à l'action, faire lire ce billet de blogue à votre boss, histoire de le convaincre à son tour. Sans quoi, vous risquez de vous faire taper sur le doigts.

Que retenir de tout ça? Ceci, je pense :

> Qui entend gagner en enthousiasme et en énergie au travail se doit d'aller prendre l'air 30 minutes, le midi, tous les jours. Il lui faut avoir la discipline d'enfiler son manteau au beau milieu de la journée et de faire un tour dehors, seul ou avec des collègues. Et, bien entendu, s'interdire d'en profiter pour consulter son cellulaire tout en marchant, ou pis, pour griller cigarette sur cigarette!

En passant, l'écrivain romain Pétrone disait : «À voir marcher quelqu'un, on connaît sa pensée».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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