Et si vous suscitiez un vibrant «Olé!»?

Publié le 23/04/2012 à 09:33, mis à jour le 23/04/2012 à 09:23

Et si vous suscitiez un vibrant «Olé!»?

Publié le 23/04/2012 à 09:33, mis à jour le 23/04/2012 à 09:23

«On n'est maître de son adversaire que parce que l'on est maître de soi, ajoute M. Wolff dans son livre. On ne domine le taureau qu'en dominant ses propres affects. Être torero, être Sage, c'est traiter par le mépris – ou l'indifférence – tout ce qui devrait vous affecter, tout ce qui affecte le commun des hommes. Il y a là un paradoxe essentiel : la distance morale du héros ou du Sage par rapport à l'adversité est d'autant plus grande que la distance physique par rapport à l'adversaire est plus réduite. Ce paradoxe est constitutif de la morale stoïcienne, célèbre dans l'Antiquité pour ses paradoxes, comme de l'éthique «torera» : «Il faut au torero frôle le taureau ou la mort, pour pouvoir s'en montrer détaché». Plus l'adversaire est proche de son corps, plus il peut montrer qu'il s'en tient lui-même à distance. Il doit donc s'en tenir au plus près pour pouvoir s'en montrer au plus loin. (…)

«Ce paradoxe est celui du «détachement». Le Sage, ou le torero, ne peut faire preuve de son détachement vis-à-vis de la mort qu'à condition de la provoquer. Il ne peut montrer la distance où se situe sa liberté par rapport au taureau qu'à condition de raccourcir la distance physique qui le sépare de lui et mettre ainsi en péril cette liberté même. Pour augmenter la distance métaphorique qui le détache de la mort, il doit raccourcir la distance littérale qui le sépare des cornes. Il ne peut être indifférent à ce qui lui arrive venant du taureau qu'à condition qu'il lui arrive presque dessus. C'est pourquoi les Sages stoïciens réclament les épreuves, sans lesquelles leur sagesse et leur liberté resteraient lettre morte. Sénèque : «Un gladiateur trouve déshonorant d'être mis en ligne contre un adversaire moins fort que lui. Il sait qu'à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire» (De la providence).»

Comment se comporter durant de telles épreuves? Comment dévoiler au grand jour l'étendue de son courage? M. Wolff a, pour y répondre, concocté les 10 commandements du torero. «Ces commandements ne sont pas, comme dans un traité de tauromachie classique, quelques règles fondamentales pour bien toréer les taureaux, mais quelques maximes élémentaires pour devenir torero», précise-t-il. Les voici, avec ses explications :

1. «Tu seras torero, c'est-à-dire tu seras d'abord, toujours, et absolument conforme à ton office.» Autrement dit, ton «être torero» précède, détermine et valorise tes actes, même lorsque tu n'es pas en train de les accomplir, et même si tu les accomplis mal.

2. «Tu feras toujours et autant que possible ce qui est impossible à tout autre.» C'est-à-dire que tu peux être un idéal, mais non un exemple pour les hommes ordinaires ; ils peuvent t'admirer, non t'imiter.

3. «Tu mettras ton être torero au-dessus de ton propre être.» La valeur de ton office est supérieure à celle de ton existence.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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