Elon Musk a un secret pour recruter. Le voici!

Publié le 29/03/2018 à 06:06

Elon Musk a un secret pour recruter. Le voici!

Publié le 29/03/2018 à 06:06

Elon Musk est à la tête de SpaceX et de Tesla. Photo: SXSW

Lorsqu'on est à la tête d'entreprises comme SpaceX et Tesla, on est quelqu'un qui ne laisse rien au hasard. Jamais rien. En aucune circonstance.

C'est bien entendu ce qui caractérise Elon Musk. Un exemple frappant concerne le recrutement: il a concocté une méthode d'embauche bien à lui, qui ne laisse absolument aucune place au hasard. Regardons ça ensemble...

Pour l'entrepreneur américain d'origine sud-africaine, la clé du succès d'une entreprise réside dans le recrutement. Pourquoi? Tout simplement parce qu'il est aujourd'hui impossible d'avoir la moindre ambition entrepreneuriale sans être bien entouré. Plus que jamais, l'union fait la force. Ce n'est qu'ainsi que l'on peut prétendre coloniser Mars, ou encore révolutionner toute l'industrie automobile en la faisant adopter l'électricité à la place de l'essence. Ou, plus modestement, que l'on peut prétendre faire oeuvre utile dans son domaine de prédilection.

Elon Musk a, donc, exigé de ses équipes qu'elles procèdent en quatre étapes pour recruter:

1. Tri et conversations préliminaires

Chaque fois qu'un poste est ouvert, un tri sévère des candidaturess doit être effectué. Objectif: ne retenir qu'une liste finale de 5 à 15 candidats.

Les candidats retenus sont appelés pour une conversation préliminaire. Il s'agit alors de creuser davantage deux dimensions de chacun d'eux, à savoir les fondations et l'apex de leur profil professionnel: les questions visent, d'une part, à évaluer la profondeur et la solidité de son savoir-faire, et d'autre part, à estimer l'évolution prévisible de sa carrière.

2. Deuxième conversation

Un manager habitué au recrutement appelle les candidats les plus intéressants. Sa mission consiste à creuser davantage deux points en particulier : le bagage technique et intellectuel de chaque candidat ainsi que le fit culturel entre lui et l'entreprise. Certaines questions pratiques sont également abordées, comme les prétentions salariales du candidat.

3. Journée de tests et d'entretiens

Les quelque candidats qui restent après tout ça sont invités à passer une journée entière au sein de l'entreprise. L'idée est de leur faire vivre une expérience inoubliable, de quasiment leur faire toucher du doigt le rêve de travailler là.

Mais attention, cette journée est intense, très intense. Parce que chaque candidat se doit de passer différents tests nécessitant de réaliser des prouesses en matière de savoir-faire et de savoir-être. Et parce que chacun d'eux doit passer de nouveaux entretiens, notamment un avec un panel d'employés.

4. Toute dernière conversation avec... le PDG lui-même!

Les survivants doivent enfin relever avec brio une dernière épreuve: impressionner Elon Musk lui-même! Oui, ils ont l'occasion de rencontrer le PDG en personne, sachant que leur objectif est alors de faire en sorte que celui-ci veuille absolument travailler avec eux. Car c'est lui, et personne d'autre, qui effectue le tri final.

Comment impressionner Elon Musk, me direz-vous? Il l'a dévoilé lors d'une entrevue accordée au site Glassdoor: il convient de faire preuve d'un «leadership hors du commun».

C'est que la philosophie de SpaceX et de Tesla repose sur les mêmes bases. Elle s'appuie sur le fait que chacun se doit d'agir en leader dans son quotidien au travail. Mais attention, il est ici question d'agir en leader du 21e siècle, et non pas en leader du 20e siècle...

«Ton titre fait peut-être de toi un manager, mais ce sont toujours ceux qui t'entourent qui font de toi un leader, dit-il. Voilà pourquoi nous attendons de chacun de nos employés qu'il agisse en leader. C'est-à-dire qu'il lui faut inspirer les autres au point de les motiver à donner leur 110%, distinguer le signal du bruit environnant [ce qui signifie percevoir les informations pertinentes de toutes celles dont il est bombardé au travail] et s'extraire de toute impasse.»

Et d'ajouter : «Chez SpaceX comme chez Tesla, un leader ne considère jamais que son équipe est à son service, explique-t-il. Au contraire, c'est lui qui est au service de son équipe. C'est à lui de faire en sorte que chaque employé ait les ressources nécessaires pour donner son 110%. Et j'estime que c'est là mon rôle premier, en tant que PDG. Chez nous, un leader se met véritablement en quatre pour les autres, sa priorité étant toujours les membres de son équipe, et non pas sa petite personne.»

Autrement dit, fini le leadership du 20e siècle, qui considérait que le leader devait Commander & Contrôler. Place à présent au leadership du 21e siècle, qui, lui, estime que le leader doit Consulter, Conseiller & Soutenir. Oui, le leader d'aujourd'hui se doit d'abandonner l'idée qu'il est le boss pour saisir que son vrai rôle est celui de coach. Comme l'entend nul autre qu'Elon Musk.

Revenons maintenant à la méthode de recrutement concoctée par l'entrepreneur américain, et en particulier à l'entretien final des derniers candidats en lice. Celui-ci veut que cette rencontre soit un «moment magique» si bien qu'il veille personnellement à ce qu'il y ait les ingrédients suivants:

> Le PDG en personne. On imagine Elon Musk comme un homme d'affaires tellement occupé qu'il est impossible d'avoir un entretien en tête-à-tête avec lui. La magie naît donc tout simplement du fait qu'on sait qu'on va avoir plusieurs dizaines de minutes de discussion avec lui pour... lui parler de soi!

Le 19 novembre 2015, Elon Musk a rédigé deux tweets qui ont fait sensation. Le premier disait: «We are looking for hardcore software engineers. No prior experience with cars required. Please include code sample or link to your work». Et le second: «Should mention that I will be interviewing people personally and Autopilot reports directly to me. This is a super high priority». CQFD.

> Mise en valeur du candidat. Elon Musk invite son interlocuteur à lui raconter l'un de ses meilleurs coups professionnels. L'idée n'est pas tant de le mettre à l'aise que de vérifier qu'il n'est pas du genre à s'attribuer les lauriers d'un succès collectif. «Je le questionne alors à fond sur les moindres détails du projet, et il apparaît très vite s'il est bel et bien à l'origine du succès, ou pas», dit-il.

> Mise au défi du candidat. Elon Musk a une marotte, à savoir poser une colle à son interlocuteur. Une colle logique. Un exemple? OK, en voici une qu'il affectionne:

«Tu te trouves dans un canoë, au beau milieu d'une piscine remplie d'eau. Tu as une brique sur les genoux. Tu jettes la brique à l'eau. Que se passe-t-il?»

Bon. Je vous laisse quelques instants pour y réfléchir...

Ça y est? Vous avez une réponse? Parfait, voici la solution:

«Le niveau de l'eau... baisse! Pourquoi? Parce que le poids de la brique enfonçait le canoë d'un volume qui était supérieur au volume de la brique une fois au fond de la piscine.»

Un autre exemple? OK, voici une colle qu'adore littéralement Elon Musk:

«Tu marches un kilomètre au sud. Puis, tu marches un kilomètre à l'ouest. Enfin, tu marches un kilomètre au nord. Et te voilà à ton point de départ. Où es-tu?»

Bon. Réfléchissez-y un instant...

La solution? La voici:

«Le piège, c'est qu'il y a deux solutions! La première est évidente : le pôle Nord. La seconde est nettement plus subtile : en vérité, on peut partir de n'importe quel point du cercle [le cercle A] qui se trouve distant d'un kilomètre d'un autre cercle [le cercle B], lequel fait le tour du pôle Sud et a une longueur exacte d'un kilomètre. Explication: imaginez que vous vous trouvez sur le cercle A, au point A'; vous marchez un kilomètre au sud et arrivez sur le cercle B, au point B'; là, vous marchez un kilomètre vers l'ouest, ce qui vous ramène au point B'; vous remontez alors au nord pendant un kilomètre, ce qui vous ramème au point A'.» Ingénieux, n'est-ce pas?

> Le fit culturel. Les diplômes n'ont aucune valeur, ou presque, aux yeux d'Elon Musk. «Bill Gates, Steve Jobs, Larry Page, Mark Zuckerberg... Tous ces gars sont sortis du système d'éducation sans aucun diplôme universitaire. Vous imaginez si un recruteur avait été en mesure de les embaucher, mais avait écarté leur candidature faute de diplôme!», lance-t-il, en ajoutant que «le plus important, c'est de s'assurer des talents du candidat pressenti et, surtout, du fit culturel».

Du coup, Elon Musk vérifie une chose lorsqu'il reçoit en personne les candidats, s'il aimerait travailler avec chacun d'eux, ou pas. «Il est primordial d'aimer les gens avec qui on travaille jour après jour. Sans quoi, ton quotidien au travail peut vite virer au cauchemar. Et ça, il n'en est pas question chez nous», dit-il.

Bref, il faut que le courant passe entre lui et la nouvelle recrue. C'est aussi simple que ça.

Marissa Peretz, qui est aujourd'hui l'une des chasseuses de têtes les plus en vue à la Silicon Valley, se souvient du jour de 2010 où elle a passé son entretien d'embauche final avec Elon Musk pour oeuvrer au sein de Tesla. À l'époque, celui-ci n'était pas encore une célébrité planétaire si bien qu'elle était très à l'aise de parler avec lui:

«À mes yeux, il était juste un type ambitieux, mais aux projets enthousiasmants, qui entendaient carrément changer le monde. Et ça, ça me tentait beaucoup, même si je ne connaissais pas grand-chose aux voitures. Je me suis dit qu'il ne savait peut-être pas très bien où il s'en allait avec tous ses projets fous, alors, le plus simplement du monde, je lui ai présenté un plan d'affaires rigoureux pour toutes ses idées farfelues. Ça l'a fait rigoler. Il a vraiment apprécié. Il m'a posé mille questions à ce sujet, il a vu que j'étais sincère dans mon souci de voir ses projets aboutir sur du concret. Ses yeux pétillaient, le courant est passé, j'ai été aussitôt embauchée», a-t-elle récemment confié à Business Insider.

Les deux ont vécu un moment magique. Elon Musk a été impressionné. Le tour était joué!

Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis:

> Qui entend faire du recrutement un «moment magique» se doit de s'inspirer de la méthode d'Elon Musk. Il lui faut procéder de manière rigoureuse pour trier les candidats sur le volet, en accordant une attention toute particulière à leurs savoir-faire et savoir-être. Puis, il doit offrir une expérience de recrutement inédite aux meilleurs d'entre eux, empreinte d'humanité et d'humilité. Et ce, sachant que l'important est alors de mettre en exergue l'intelligence émotionnelle de l'employeur comme du futur employé.

En passant, Elon Musk a déjà confié : «Longtemps, j'ai fait l'erreur d'accorder une trop grande importance au talent des gens. Maintenant, je sais que la priorité doit toujours aller à la personnalité: il est fondamental de travailler avec des gens qui ont un coeur».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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