L'idée, c'est de déconnecter pour se reconnecter à soi-même... Photo: DR

Soyons francs, travailler est souvent pénible. Trop souvent même. Si bien que plus d'un a l'horrible sensation de traverser, jour après jour, un désert sans fin. Écrasé non pas par la chaleur, mais par les tâches à accomplir. Et le crâne martelé non pas par le soleil, mais par les ordres du boss.

Un espoir perdure, toutefois : «Un jour, oui, un beau jour, je finirai bien par tomber sur une oasis!» Un lieu miraculeux où il fera frais, où il sera possible de se désaltérer, voire de se baigner, où il fera bon se vouer corps et âme au farniente.

Soit, mais gare aux mirages! Car plus d'un, à trop croire en la réalité de ce qu'il percevait à l'horizon, a fait l'erreur fatale de s'y précipiter à toutes jambes, et ce faisant, de trébucher sans avoir les forces nécessaires pour se relever...

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Alors, comment éviter de se laisser piéger par de tels mirages? Et mieux, comment mettre fin à cette sensation d'errer dans un immense désert? Eh bien, c'est assez simple : en bâtissant sa propre oasis. Un lieu paradisiaque, où l'on pourra se ressourcer, puis entamer un nouveau périple jusqu'à la prochaine oasis.

Cette idée, je l'ai piochée dans un livre fabuleux intitulé Design your day - Be more productive, set better goals, and live life on purpose (Moody Publishers, 2016) et signé par Claire Diaz-Ortiz, une auteure prolifique qui a été l'une des premières personnes recrutées par un certain Biz Stone pour fonder une start-up qui portait le drôle de nom de Twitter. Oui, nulle autre que celle qui a réussi à convaincre le pape de se mettre à tweeter, qui est considérée par le magazine américain Fast Company comme l'une des 100 personnes les plus créatives du monde et qui est actuellement l'une des personnalités les plus influentes sur LinkedIn. Excusez du peu.

Dans ce livre, Mme Diaz-Ortiz raconte qu'en 2012, alors qu'elle oeuvrait encore chez Twitter, elle avait assisté aux conventions nationales des partis républicain et démocrate et qu'elle s'y était profondément ennuyée. Fort heureusement, elle y avait découvert à chaque fois un espace dénommé L'Oasis, implanté à l'initiative d'Arianna Huffington, la cofondatrice du Huffington Post.

De quoi s'agissait-il? D'un endroit hors du temps : il y faisait frais, des mets et des boissons santé étaient à disposition, des sessions de yoga et de méditation étaient proposées. «L'Oasis est vite devenu mon oasis, où je pouvais me ressourcer quand bon me semblait, en particulier lorsque les conférences mortelles d'ennui se suivaient les unes après les autres», dit Mme Diaz-Ortiz. Et de préciser : «L'idée n'était pas de s'échapper de la réalité, mais bel et bine de se reconnecter avec soi-même avant de replonger dans la réalité, aussi ennuyeuse pouvait-elle être, avec une toute nouvelle énergie».

De fil en aiguille, l'auteure a eu l'idée de se créer elle-même des oasis n'importe où, en fait lorsque le besoin s'en faisait sentir pour elle. Elle s'est ainsi mise à la recherche de différentes astuces aisément applicables au bureau pour à la fois déconnecter et reconnecter. Voici quatre de ses trouvailles, qu'elle présente dans Design your day :

1. Faites plusieurs mini-pauses par jour

«L'un des meilleurs trucs pour s'enlever du stress et, en meme temps, se reconnecter à la réalité consiste à exécuter le mouvement suivant :

- tendez vos mains en avant, le plus loin possible, par-dessus le clavier de votre ordinateur;

- tournez votre regard vers la fenêtre;

- prenez une grande inspiration;

- expirez le plus longtemps possible.

«C'est tout. Accueillez alors avec joie toutes les pensées qui vous viennent, pourvu qu'elles ne concernent pas le travail, et laissez-les suivre leur cheminement dans votre esprit comme bon leur semble. Au besoin, revenez en pensée à votre respiration, si jamais le travail entendait reprendre le dessus.

«Lorsque vous sentirez que la pensée qui faisait son chemin en vous est arrivée à son terme, vous remarquerez que votre énergie sera revenue d'elle-même. Et vous serez en mesure d'achever la tâche entreprise en un rien de temps.»

2. Arrêtez-vous carrément de travailler

«Les mini-pauses, c'est bien, mais ce n'est pas suffisant pour vraiment booster votre productivité au travail. L'idéal, c'est de s'arrêter pendant un quart d'heure. Et d'après moi, le meilleur moyen d'y parvenir quand on est au bureau consiste à aller faire un tour dehors tout ce temps-là. Dehors, je le souligne.

«Vous pouvez vous donner comme prétexte d'aller acheter un bon café, ou tout bonnement le besoin de vous dégourdir les jambes. L'important est de vous diriger vers un endroit où il y a de la végétation : un parc, ou ne serait-ce qu'un joli point de vue. Et là, de plonger votre regard, et vos pensées, dans la nature.

«À noter qu'il est crucial de vous empêcher d'utiliser alors votre cellulaire, ou même d'écouter un podcast. Car il vous faut déconnecter pour espérer pouvoir reconnecter avec vous-même.»

3. Chérissez les émotions positives

«Nous avons tous en tête le slogan "Souriez, et la vie vous sourira". Le plus beau, c'est qu'il est totalement vrai! Soyez donc vigilants quant aux émotions positives qui surgissent ici et là, tout autour de vous. Et accrochez-vous y autant que possible. Car elles vous feront vraiment du bien. De manière profonde.

«Chaque jour, ayez comme priorité de recueillir au moins une émotion positive. Et accueillez-la dans votre coeur. Comment y parvenir? Je vous invite à trouver le moyen, chaque jour, de faire quelque chose que vous aimez vraiment : il est quasiment impossible, alors, que vous ne ressentiez pas une émotion positive. Un exemple concret : une amie lit toujours une demi-heure durant sa pause déjeuner, un roman, toujours, parce que cela la fait aller ailleurs, et cela lui fait un bien fou à chaque fois.»

4. Abandonnez une chose par semaine

«"Chaque jeudi, j'abandonne quelque chose." - Bob Goff.

«Cette phrase, mon ami Bob Goff en a fait son mantra secret. Il l'applique réellement, et c'est ce qui explique son succès phénoménal.

«Pour ceux qui ne le connaissent pas, sachez qu'il mène une vie époustouflante. Il agit comme coach en leadership. Il signe des bestsellers, dont Love Does. Il est reconnu comme diplomate par le Département d'État. Et il est consul honoraire de la République d'Ouganda, en guise de remerciement pour l'action de son organisme de bienfaisance Restore International. Il m'envoie souvent des courriels, et ça me donne le tournis : un jour, il vient en aide à des enfants en Irak; le lendemain, il rénove une chapelle oubliée sur une île de Colombie-Britannique; le surlendemain, il participe à une séance de dédicaces à San Diego.

«Comment y arrive-t-il? En se délestant du superflu, c'est-à-dire de toutes les tâches qui sont sans intérêt à ses yeux.

«Nous, dans notre quotidien, nous avons tendance à faire l'exact contraire : nous accomplissons tâche après tâche, sans trop nous demander si chacune d'elles sont si pertinentes que ça. Nous ne nous demandons jamais, par exemple : «Suis-je la meilleure personne du bureau pour faire cette tâche?», «Ai-je un plaisir dingue à faire ce que je suis en train de faire?», ou encore «Ne vaudrait-il pas mieux que je fasse une autre tâche que celle-là?». Et ce faisant, nous commettons une lourde erreur.

«Pourquoi? Parce que nous nuisons ainsi à notre productivité. Et à celle de notre équipe, voire de notre entreprise. Bob Goff a réalisé que, vous comme moi, nous excellons dans ce qui nous passionne, et qu'il était donc logique de ne faire que ce qui nous passionne. Et surtout, il a eu l'intelligence de concrétiser cette idée : pas après pas, il a décidé de changer, en abandonnant à jamais une petite tâche qui ne le faisait jamais triper. Une petite tâche à la fois, une par semaine. Et l'air de rien, il en est arrivé aujourd'hui à ne plus faire que ce qui l'intéresse, ou plutôt, à ne plus faire que des tâches où il est en mesure de faire une vraie différence. Regardez à présent la vie de rêve qu'il a!»

Voilà. Vous disposez maintenant de quatre astuces ultrasimples pour transformer le désert de votre quotidien au travail en véritable oasis. Alors, bougez-vous!

En passant, le philosophe britannique Francis Bacon disait : «Il est beaucoup plus sage de changer beaucoup de choses qu'une seule».