Comment savoir ce qui se passe dans la tête de votre boss?

Publié le 13/09/2016 à 06:45, mis à jour le 13/09/2016 à 06:44

Comment savoir ce qui se passe dans la tête de votre boss?

Publié le 13/09/2016 à 06:45, mis à jour le 13/09/2016 à 06:44

Nos bosses semblent parfois incompréhensibles, parce qu'indéchiffrables... Photo: DR

Promis, ça reste entre nous : reconnaissez que votre boss a parfois des comportements qui vous paraissent étranges. Il lui arrive, par exemple, de piquer une colère noire, sans que personne n'ait vu venir la tempête. Ou bien, d'être tout sourire durant la journée longue, sans raison apparente. Ou encore, d'avoir ce qu'on appelle un 'poker face' durant l'intégralité d'une réunion, ne trahissant pas une seconde ses pensées, ni ses émotions, à l'image de ce que font les champions du jeu de poker, dont il est impossible de deviner en les regardant s'ils ont une main exceptionnelle ou s'ils bluffent comme des malades. Bref, il lui arrive d'être indéchiffrable, pour ne pas incompréhensible.

Ce qui est problématique. Parce que si l'on veut que l'entreprise ou l'équipe dont il a la responsabilité fasse des étincelles, il est nécessaire que tout le monde se comprenne, et mieux, soit sur la même longueur d'ondes. Sans cela, vous le savez bien, on file droit à la catastrophe : incompréhensions, quiproquos, sous-entendus... autant d'écueils sur lesquels plus d'un s'est déjà fracassé.

Alors, comment remédier à la situation? Comment enfin mieux comprendre ce qui se passe dans la tête de votre boss? Et par la suite, en tirer profit pour mieux coordonner vos efforts collectifs visant à atteindre les objectifs communs? Eh bien, j'ai une bonne nouvelle pour vous aujourd'hui à ce sujet!

J'ai en effet déniché une étude intitulée The use of "literary fiction" to promote mentalizing ability, qui se solde par une belle trouvaille concernant ce point précis. Celle-ci est signée par deux professeures de psychologie de l'Université de L'Aquila (Italie): Maria Chiara Pino et Monica Mazza. Regardons tout ça ensemble...

Les deux chercheuses se sont demandé si la lecture favorisait, ou pas, l'empathie. C'est-à-dire si le simple fait de se plonger dans un livre permettait à chacun de nous :

> D'une part, de mieux comprendre ce qui se passe dans la tête d'autrui (c'est ce qu'on appelle, en général, la mentalisation);

> D'autre part, de mieux résonner avec les pensées et les émotions d'autrui (c'est ce qu'on appelle, en général, la résonance).

Autrement dit, elles voulaient savoir si la seule lecture pouvait améliorer notre capacité à comprendre autrui et à nous mettre à sa place.

Pour ce faire, elles ont tout bonnement demandé à 214 volontaires de bien vouloir répondre à une batterie de questions en lien avec la mentalisation et la résonance. Et ce, avant et après avoir lu intégralement :

> Un roman (en l'occurence : Tenth of december (Random House, 2013), de George Saunders; ou Io e te (Einaudi, 2010), de Niccolò Ammaniti).

> Un essai (en l'occurence : Oriana Fallaci intervista Oriana Fallaci (Corriere della Serra, 2004), d'Oriana Fallaci; ou Wave-Life and memories after the tsunami (Alfred Knopf, 2013), de Sonali Deraniyagala).

> Un livre de science-fiction (en l'occurence : Troika (Subterranean Press, 2010), d'Alastair Reynolds; ou Fahrenheit 451 (Ballantine Books, 1953), de Ray Bradbury).

Résultats? Attendez-vous à quelques surprises :

> Avantage aux romans. Après avoir lu un roman, les participants ont vu leurs capacités de mentalisation s'apprécier de manière significative. Cela étant, ça n'a amélioré en rien leurs capacités de résonance.

> Inefficacité des essais et de la science-fiction. La lecture d'un essai ou d'un livre de science-fiction n'a changé en rien les capacités de mentalisation et de résonance des participants. Ni en bien ni en mal.

Par conséquent, si l'on entend mieux discerner ce qui se passe dans la tête d'autrui – votre boss, ou un collègue difficile d'approche, par exemple –, il vous suffit de vous plonger dans la lecture d'un roman passionnant! Oui, un bon roman, et rien d'autre : un essai ou un livre de science-fiction ne vous permettront pas d'y voir plus clair en lui.

Un bémol, toutefois : la lecture d'un bon roman ne vous procurera pas la faculté de vous mettre à la place de la personne concernée, et donc, de faire vraiment preuve d'empathie pour elle. Ce n'est donc pas la solution miracle pour vous mettre sur la même longueur d'ondes qu'elle. Il n'empêche tout de même qu'un bon roman devrait vous permettre de faire un grand pas en ce sens.

Un dernier point : vous allez me demander – avec raison – ce qu'est un "bon roman", au juste. Bien entendu, je n'ai pas de réponse à cette interrogation, puisque cela dépend des goûts de chacun. Pas d'inquiétude, donc, à ce sujet : je suis sûr que vous trouverez votre bonheur en faisant un tour chez votre libraire préféré...

Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis :

> Qui entend savoir ce qui se passe dans la tête de son boss se doit de... se plonger dans la lecture d'un bon roman! Il lui faut faire une routine de lire des romans passionnants, ce qui, à force, lui permettra de développer ses facultés de mentalisation, à savoir de décodage de ce que les autres pensent. Restera ensuite à faire l'effort de se mettre à la place de la personne concernée pour vraiment faire preuve d'empathie à son égard.

En passant, l'écrivain français Gilbert Cesbron aimait à dire : «Les arrière-pensées que nous prêtons aux autres ne sont jamais que nos propres pensées».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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