Comment gérer un collègue qui agit en rival?

Publié le 12/03/2018 à 09:11, mis à jour le 12/03/2018 à 11:06

Comment gérer un collègue qui agit en rival?

Publié le 12/03/2018 à 09:11, mis à jour le 12/03/2018 à 11:06

La rivalité, ça énerve toujours... Photo: DR

Nos collègues. Nos chers collègues. Grâce à eux, il nous arrive de réaliser l’impossible, d’atteindre des buts incroyables. Grâce à eux, il nous arrive d’avoir de splendides occasions d’exprimer nos talents, et par suite, de nous épanouir dans notre quotidien au travail. Mais voilà, pour être honnête, à cause d’eux, il nous arrive parfois de vivre un enfer, jour après jour, au bureau.

Pourquoi? J’imagine que je n’ai pas besoin de vous l’expliquer, des exemples vont vous venir à foison, rien que d’y penser…

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La question saute dès lors aux yeux : comment faire en sorte que nos collègues soient plus un bienfait qu’une nuisance? Eh bien, la bonne nouvelle du jour, c’est que j’ai récemment mis la main sur un livret riche d’enseignements à ce sujet : «Mes collègues: j’en peux plus! 15 situations décodées par votre coach» (Éditions Carpentier, 2015) du coach français Yan Mercoeur. C’est que celui-ci donne des conseils pratiques permettant de dégoupiller différentes situations professionnelles explosives; et donc d’améliorer nettement notre bien-être au travail. Vous me connaissez, je ne résiste pas au plaisir d’en partager un extrait avec vous, un extrait qui devrait vous permettre de contrer subtilement le sempiternel collègue dont les crocs rayent le plancher...

«Je sens une rivalité de la part de mon collègue»

«Depuis quelques temps, j’ai remarqué que mon collègue multiplie les attaques verbales contre moi en réunion. Quand je présente un nouveau projet, il fait des objections visant à me mettre en difficulté. À l’inverse, quand j’obtiens de bons résultats, il cherche à s’approprier le fruit de mon travail et se valorise aux yeux de la direction. Son attitude de rivalité permanente me déstabilise et je ne sais pas comment y réagir.»

Objectif visé: adopter une attitude appropriée face à ce collègue en rivalité.

> Qu’en dit le coach?

«Depuis toujours, que ce soit dans la vie familiale avec nos frères et soeurs, ou à travers le système scolaire, nous avons été comparés ou mis en compétition.

«Nous avons même appris à donner le meilleur de nous-même par cette mise en concurrence. Devenus adultes, nous continuons à vivre la même situation dans le monde professionnel. L’entreprise, royaume de la performance, entretient une féroce compétition avec ses concurrents. Dans cette optique, elle favorise souvent en interne, par son management, la compétition entre ses salariés.

«Même si nous avons tous des ambitions et des aspirations, en tant qu’adultes nous ne choisissons pas tous d’entrer dans une rivalité féroce avec nos collègues. Si votre collègue semble appartenir à la catégorie des ambitieux cyniques prêts à tout pour réussir, cette rivalité affichée ne doit pas vous effrayer ou vous anéantir. Au lieu de ramener cela sur le plan émotionnel, revenez sur un terrain pratique et factuel.

«Votre collègue a choisi d’avancer par ce moteur. Les choses sont claires pour lui. Et pour vous? Que voulez-vous faire? C’est la première question à vous poser.

«Souvenez-vous que si quelque chose doit changer il vous appartient de la trouver en vous (vous avez prise sur vous, pas sur lui!), car lui ne va pas changer pour vous arranger. Autrement dit, votre mission pourrait consister à vous placer différemment face à lui ou à côté de lui. En accord avec votre personnalité et surtout en utilisant et en développant vos compétences.

«Il serait absurde de répondre à son attitude par les mêmes techniques si ce n’est pas OK pour vous. Voyez donc dans son comportement une stimulation pour déveloper quelque chose chez vous et relever un défi d’adaptation. Pensez «objectif à atteindre».

«Il y a un temps pour observer les comportements : c’est fait. Maintenant, il est temps de réagir et de redevenir acteur de votre quotidien au travail.

«Rappelez-vous que vous avez été choisi pour occuper votre poste. Vous possédez dons les qualités professionnelles pour assumer votre fonction et le potentiel pour faire face et vous adapter à tout ce qui se présente. Loin de chercher à utiliser les mêmes techniques que votre collègue en rivalité, vous pouvez faire en sorte de mieux occuper votre territoire, apprendre à mieux valoriser votre travail et vous défendre contre ses tentatives de prise de pouvoir.

«Faites le point sur vos ressources présentes et celles à développer.

«Qu’avez-vous intérêt à apprendre pour répondre à son attitude? Quelles sont les forces dont vous disposez déjà? De quoi avez-vous besoin pour mieux réagir et vous adapter?

«Il existe un autre axe de travail complémentaire face à un rival. Il s’agit de se demander ce qui peut expliquer cette situation. Avez-vous pu alimenter ou déclencher chez lui quelque chose à votre insu?

«Avez-vous agi contre lui sans vous en rendre compte? Avez-vous empiété sur son teritoire dans le passé? Est-il possible que vous suscitiez de la jalousie par votre réussite, votre personnalité?

«Si cette réflexion vous occupe, le mieux conciste à aller le demander. En fonction de la personnalité de votre collègue, de l’état actuel de vos relations, il n’est pas certain que vous obteniez des informations justes et pertinentes.

> 3 actions concrètes

1. Définissez votre objectif face à cette rivalité affichée

«Vous avez compris que votre collègue affiche une rivalité. Au-delà de votre ressenti, que voulez-vous faire?

«Comprendre son attitude?

«Vous pouvez alors avoir un échange clair et concis sur le sujet en abordant la question. Utilisez ce court protocole, facile à mémoriser:

- exprimez votre ressenti;

- expliquez brièvement votre besoin de changement;

- proposez une solution;

- faites valider votre idée.

«Vous n’obtiendrez pas à coup sûr des réponses franches. Il s’agit surtout de lui signifier que vous avez compris son comportement. Restez calme et ferme.

«Vous positionner de manière ferme et continuer votre travail?

«Vous pouvez alors développer votre assurance face à lui. Apprendre à développer votre assertivité, et à valoriser votre travail en réunion.

2. Faites le bilan de vos forces et faiblesses

«Faites le point sur vos ressources présentes et celles à développer pour faire face à ce jeu relationnel. Renforcez votre assurance et votre confiance en vous.

«Qu’avez-vous intérêt à apprendre pour répondre à son attitude? Quelles sont les forces dont vous disposez déjà? De quoi avez-vous besoin pour mieux réagir et vous adapter? Quelles sont vos valeurs essentielles avec lesquelles vous souhaitez rester en accord?

«Cette dernière question vous aidera à cerner les limites de ce que vous souhaitez faire face à ce collègue, et à garder votre ligne de conduite professionnelle.

3. Gardez votre cap

«Votre collègue se place en rival, car vous représentez une force et un talent digne d’être récupéré selon lui.

«Continuez à travailler selon votre ligne de conduite, et à afficher une attitude professionnelle solide. Si votre collègue cherche trop à vous évincer, parlez-en à votre hiérarchie. Demndez un soutien et faites réaffirmer les limites et les règles du jeu.

«Si la situation s’envenime, une confrontation avec lui orchestrée par un tiers médiateur (un supérieur hiérarchique représentant l’autorité) deviendra nécessaire.

> L’astuce du coach

Si la situation est difficile pour vous, il peut être judicieux d’éviter votre collègue pendant quelque temps. Faites-vous discret. Évitez de déjeuner en sa présence, limitez les échanges au strict nécessaire. Cela vous permettra aussi de prendre de la distance plus facilement qu’en gardant dans votre champ de vision cette personne qui vous agace.

«N’en faites pas une affaire personnelle non plus : cela n’aiderait en rien. Si votre collègue a besoin d’être en rivalité pour se surpasser, vous n’êtes qu’un instrument pour lui.

«S’il agit ainsi pour compenser des faiblesses ou une incompétence, laissez-le à sa difficulté avec lui-même.

> Conclusion

- La rivalité fait partie de la vie et du monde professionnel très compétitif qui est le nôtre.

- Elle peut apparaître à votre égard car vous représentez une forme de talent enviable aux yeux de votre collègue. Acceptez-la comme une forme de reconnaissance.

- Face à elle, pensez «attitude professionnelle» et non pas «réaction personnelle».

- Restez factuel, pragmatique. Cela vous aidera à limiter l’impact émotionnel.

- Au lieu de vivre cette situation comme déstabilisante et intimidante, choisissez de la vivre comme stimulante. C’est aussi une opportunité pour vous d’apprendre et de grandir.

- Appuyez-vous sur votre professionnalisme, développez vos compétences, soignez vos résultats et votre état d’esprit. Ce sont les meilleures réponses pour faire face à la rivalité.»

Voilà. Vous savez à présent comment passer du «je subis» (ressenti négatif) à «j’agis» (dynamique positive) lorsqu’un collègue se pose en rival. À vous de jouer en suivant les conseils pratiques du coach Yan Mercoeur. Et même de lire son livret, histoire d’être en mesure de faire face à d’autres situations professionnelles épineuses.

En passant, l’écrivain indien Ardashir Vakil a dit dans Beach Boy : «Quand la compétition est farouche entre deux rivaux, la gagnant est celui qui a le plus grand contrôle de ses émotions».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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