Comment être plus courageux au travail?

Publié le 12/11/2018 à 06:30

Comment être plus courageux au travail?

Publié le 12/11/2018 à 06:30

Réfléchir avant d'agir, ça peut grandement aider... Photo: DR

Vous comme moi, nous luttons chaque jour contre nos peurs, nos angoisses, nos appréhensions. Nous nous disons que nous pourrions, par exemple, changer de carrière, dénoncer en haut lieu ce manager qui ne cesse de harceler les employés dont il a la responsabilité, ou encore enfin oser déclarer notre flamme à cette collègue si troublante. Mais voilà, il y a toujours cette petite voix intérieure qui nous dit : «Arrête, c’est totalement inutile, ça ne changera rien, si ce n’est que ça va te griller à vie». Pas vrai ?

Il se trouve que j’ai lu un article passionnant à ce sujet dans le magazine Greater Good, un résumé du tout nouveau livre The Courage Habit – How to accept your fears, release the past, and live your courageous life (New Harbinger, 2018) rédigé par l’auteure elle-même, la coach Kate Swoboda. Un article qui montre de manière lumineuse que nos peurs peuvent aisément devenir nos forces, à condition d’adopter quatre trucs on ne peut plus simples.

Vous me connaissez, je vais me faire un plaisir de partager avec vous la substantifique moelle cette trouvaille…

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«Au lieu de considérer la peur comme une mauvaise chose et d'essayer de nous en débarrasser lorsqu'elle se présente, nous pouvons choisir de l’accepter, de la percevoir comme le parfait déclencheur du changement susceptible de nous rendre plus courageux dans notre quotidien au travail, écrit Mme Swoboda. Et faire ce choix, c’est nous donner la chance de nous renforcer sur le plan émotionnel, de réaliser des choses dont nous nous pensions incapables, voire – qui sait? – de concrétiser un rêve personnel.

«C’est que nous avons une vision erronée du courage. Nous pensons tous que c’est quelque chose d’inné, que dans la vie nous sommes soit courageux, soit trouillard, et que rien ne peut vraiment changer ça.

«En vérité, le courage est une habitude. C’est une manière d’être, une compétence qu’on utilise plus ou moins, et donc, quelque chose qui peut se travailler.

«Comment se fait-il qu’en de multiples occasions nous écoutions plus notre peur que notre courage ? C’est en grande partie à cause de notre cerveau : face à l’adversité, celui-ci a tendance à rechercher le moyen le plus rapide et le plus efficace de soulager le stress que nous ressentons ; il va chercher à s’appuyer sur des solutions qui ont déjà fait leurs preuves, comme l’évitement de la situation qui nous effraie tant, ou encore la procrastination en réponse à des doutes personnels. De fait, notre cerveau aime la prévisibilité, il est prêt à nous «récompenser» pour avoir choisi une réponse familière ou une routine : il va nous faire éprouver un grand soulagement au moment où nous aurons décidé de renoncer à agir, ou carrément fui le problème rencontré.

«La question saute dès lors aux yeux : comment gérer autrement nos peurs, et ainsi devenir plus courageux ? Mon analyse d’études scientifiques sur le sujet et mon expérience avec des clients en proie à la peur m’ont permis d’identifier quatre astuces efficaces à ce sujet :

1. Accédez à votre corps

«La peur se manifeste dans notre corps, souvent sous la forme de mains moites, de maux de ventre ou d’une intense sensation d'inconfort. Mais tout cela demeure assez flou et imprécis, à tel point que ça nous prend du temps avant de réaliser qu’il s’agit là de la peur. D’où l’utilité de recourir à différentes pratiques corporelles visant à nous aider à mieux être à l’écoute de notre corps, des messages qu’il nous envoie…

«La méditation peut aider en ce sens, surtout lorsqu’elle est basée sur des exercices de respiration. Si cette pratique n’est pas à votre goût, vous pouvez essayer d’autres choses : la danse, la course, le yoga, les étirements, la randonnée ou même… le sexe. Car le simple fait d’augmenter votre plaisir et votre acceptation de votre corps peut vous aider à l’écouter quand il vous dit quelque chose qui ne va pas.

2. Écoutez avec détachement

«La petite voix apeurée qui sévit en nous est douée pour nous abreuver en fausses informations. Elle nous dit que nous ne sommes pas capables, que nous sommes voués à l’échec. Notre réflexe ? La faire taire au plus vite en nous pliant à sa volonté.

«Le hic, c’est que le soulagement n’est que temporaire. À la première occasion, cette petite voix va revenir. D’où la nécessité de la considérer autrement.

«Il convient en effet d’apprendre à l’écouter avec détachement. D’enregistrer froidement les informations qu’elle nous glisse à l’oreille, de prendre le temps de les analyser pour ce qu’elles sont, de faire le tri entre celles qui sont fausses et celles qui sont vraies, et ne plus tenir compte que des vraies (en l’occurrence, une ou deux seulement, dans la plupart des cas). Puis, d’agir en conséquence.

«Bien entendu, un tel calme dans l’analyse n’est pas chose aisée. Mais cela s’apprend. Par exemple, on peut opter pour l’écriture : en rédigeant à la main toutes les informations qui nous viennent de la peur que nous ressentons face à la situation présente, nous serons en mesure de prendre un peu de distance par rapport à celle-ci, et donc, de mieux l’analyser.

3. Recadrez vos histoires limitantes

«L’être humain donne un sens à ses expériences grâce au storytelling, c’est-à-dire en se racontant l’histoire des événements en question. L’ennui, c’est que cette histoire peut se révéler fausse, en ce sens qu’elle est inconsciemment orientée par nos biais cognitifs.

«Par exemple, nous pouvons nous considérer dans une histoire comme la victime, ou bien comme le survivant, alors qu’en vérité nous n’avons été qu’un témoin relativement passif. Ce qui rend le terrain propice à la peur.

«Comment changer la donne ? En recadrant nos histoires limitantes, celles qui mettent trop fortement l’accent sur nos limitations, sur nos peurs. En faisant notamment la distinction entre les informations – objectives – et nos interprétations négatives, ou encore en prenant du recul par rapport au récit (en considérant la situation depuis un autre point de vue que le nôtre, disons celui d’un ami proche ou d’un étranger). En reformulant certaines de nos expressions, par exemple en remplaçant «Je ne peux pas…» par «Je suis au moins disposé à essayer…», «C’est trop compliqué pour moi» par «Je pourrais considérer d’y aller un petit pas après l’autre».

«À noter que ce processus de recadrage, qui implique un discours intérieur positif, peut vous aider à avoir une meilleure image de vous-même, à mieux cerner vos capacités réelles, à davantage maîtriser vos émotions, voire à gagner en résilience.»

4. Créez une communauté

«Pour vraiment devenir courageux, il est nécessaire de s’entourer de gens courageux, à tout le moins d’être proche d’au moins une personne courageuse. Pourquoi ? Parce que c’est là le moteur du changement, de tout changement même.

«Charles Duhigg, l’auteur de The Power of Habit, a écrit: «La plupart de ceux qui ont réussi à remodeler leur vie n’ont pas connu de véritable tournant dans leur vie, ni de catastrophe déterminante. Ils ont tout bonnement évolué dans une communauté favorable au changement en question».

Pour gagner en courage, il convient donc de s’entourer des bonnes personnes. Il faut examiner les relations que nous avons avec les uns et les autres, de distinguer les personnes susceptibles de contribuer positivement à votre envie de devenir plus courageux et de vous arranger pour les côtoyer le plus souvent possible, en partageant avec elles vos idées, vos valeurs, vos émotions.»

Voilà. Vous connaissez à présent un bon moyen de gagner en courage au travail. À vous d’enfin oser vous y mettre, car cela ne fait aucun doute que votre quotidien en sera plus agréable que jamais.

À mesure que vous apprendrez à accéder à votre corps, à lire les émotions qui vous gagnent en situation de stress intense, à prendre de la distance avec celles-ci, à faire taire cette petite voix tannante qui ne vise qu’à vous paralyser, à recadrer vos histoires limitantes et à vous lancer en faisant le premier pas dans l’inconnu (fort du soutien de votre réseau de connaissances courageuses), eh bien vous saperez vos vieilles habitudes. Oui, vous diminuerez vos peurs, vous annihilerez vos interprétations négatives pour laisser le champ libre aux vraies informations sur vous-même. Bref, vous deviendrez, pas à pas, quelqu’un de courageux. Et de tout nouveaux horizons s’ouvriront à vous, comme par magie.

En passant, le tragédien grec Euripide a dit dans ses Fragments: «Le courage n’est rien sans la réflexion».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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