Comment dire «non» avec élégance?

Publié le 30/10/2017 à 06:06

Comment dire «non» avec élégance?

Publié le 30/10/2017 à 06:06

Un vrai «non» est un «non» ferme et sincère... Photo: DR

Avez-vous remarqué, comme moi, à quel point on nous en demande toujours plus au travail? Nous enregistrons un beau succès? Ça ne loupe pas, on nous invite à relever un nouveau défi, encore plus audacieux que le précédent. Nous venons de boucler un dossier dans les temps impartis? On nous en confie aussitôt deux nouveaux à boucler en aussi peu de temps. Etc.

Comment expliquer ce phénomène? Le plus simplement du monde : nous n'osons jamais dire «non»...

D'où ma joie lorsque je suis tombé sur un article sur le sujet, signé par Christine Carter, l'auteure de The sweet spot: How to accomplish more by doing less (Ballantine Books, 2015), et paru récemment dans le magazine en ligne The Greater Good de l'Université Berkeley. C'est qu'elle y indique une méthode ultrasimple pour enfin parvenir à dire «non» au travail. Une méthode qui tient en trois étapes:

Mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

1. Entraînez-vous à dire «non»

Lorsqu'on est fatigué ou stressé et qu'un boss ou un collègue s'approche de notre bureau pour nous demander un coup de main ou pour assumer des responsabilités supplémentaires, on a du mal à dire «non» d'emblée. Pourquoi? Parce qu'on réagit alors surtout par automatismes, et nous avons la fâcheuse habitude de ne pas dire «non».

Il convient par conséquent de se préparer mentalement à présenter notre refus à autrui. Comment? En prenant le temps d'imaginer différentes situations possibles, les plus concrètes possible, et de visualiser le moment où l'on dit «non» à notre interlocuteur. Car nous ne serons pas alors totalement déstabilisés lorsque la situation se produira réellement.

Un bon truc consiste à mémoriser des phrases toutes faites, préparées à l'avance, du genre : «Je suis désolé, mais je n'ai vraiment pas le temps de te remplacer à cette réunion» et autres «Ça tombe vraiment mal, vois-tu, car je manque déjà de temps pour faire tout ce que je dois faire, et avec ta demande, je serais contraint d'être à seulement 80% sur mes priorités».

2. Soyez à la fois clair dans vos priorités et sincère dans votre refus

Il est plus facile de dire «non» quand nos priorités sont claires à nos yeux. Par exemple, si l'une de nos priorités consiste à préparer un pitch à un client d'ici la fin de la semaine, nous sommes nous-mêmes convaincus que la meilleure solution est de dire «non» à ce qui vient de nous être demandé. Pourquoi? Parce que cette conviction qu'on a transparaîtra de manière limpide lors de notre discussion avec notre interlocuteur. Ce dernier sentira que nous n'avons vraiment pas le temps, sans que nous ayons à justifier en profondeur notre refus.

Ce n'est pas tout. Il faut également que notre «non» soit sincère. Rien de pire qu'un demi-mensonge ou un white lie pour tenter d'expliquer la raison de notre refus. Car notre interlocuteur le sentira inévitablement et en viendra à se demander pourquoi vous freinez ainsi des quatre fers. Mieux vaut jouer la carte de l'authnticité, et dire de but en blanc que la demande qui nous est faite ne nous arrange pas du tout et que la meilleure solution, pour l'un comme pour l'autre, c'est que nous la déclinions.

Bien entendu, vous vous demandez en ce moment-même : «D'accord, je veux bien, mais si l'autre me demande à répétition le pourquoi de mon refus, qu'est-ce que je lui réponds (surtout si c'est mon boss)?» Mme Carter recommande, dans ce cas-là, de persister, sans chercher à argumenter : «Répétez votre point calmement, en utilisant toujours les mêmes mots», conseille-t-elle. Car cela enverra le message que votre «non» est ferme et d'ores et déjà assez justifié à vos yeux. Au besoin, nous pouvons exprimer de l'empathie au passage, si notre interlocuteur est terriblement insistant : «Je comprends bien que ça ne fait pas ton affaire, que tu comptais vraiment sur moi, mais voilà, mes priorités sont claires et il m'esr impossible de débloquer du temps pour toi sans nuire à l'atteinte de mes objectifs», pouvons-nous par exemple dire pour tenter de clore là la discussion.

3. Faites comprendre que votre décision est irréversible

Daniel Gilbert est professeur de psychologie à Harvard. Ses travaux ont notamment montré que lorsqu'il y a une possibilité que l'on change d'idée, nous avons tendance à être moins satisfait de notre décision. En conséquence, il est crucial que notre «non» soit irréversible, sans quoi nous risquons d'avoir des remords, de regretter d'avoir décliné la demande qui nous a été faite, voire de faiblir et de finir par dire «oui» lorsque notre interlocuteur reviendra à la charge peu après.

Autrement dit, notre «non» doit être ferme, autant à nos yeux qu'à ceux d'autrui.

Comment y parvenir? Grâce à un truc très simple mis au jour par M. Gilbert : se concentrer uniquement sur les aspects positifs de notre «non». Par exemple, notre «non» va nous permettre de mener à bien tel ou tel projet, de ne pas avoir à travailler en équipe avec un collègue qui nous sort par les trous de nez, ou encore - que sais-je? - de ne pas nous retrouver contraint à faire des heures supplémentaires pour arriver à boucler tout ce qui doit l'être d'ici la fin de la semaine (et donc, d'avoir en perspective d'agréables fins de journée avec notre petite famille).

Voir les aspects positifs de notre «non» nous permet, enfin, d'avoir le courage de présenter un refus aussi catégorique que solide à notre interlocuteur. Cela nos procure l'énergie nécessaire pour aller à l'encontre de la volonté de l'autre. Et ce point est vraiment déterminant, selon le professeur de Harvard : «À long terme, la capacité à dire «non» est une clé secrète du bonheur au travail», estime-t-il.

Voilà. Vous savez tout maintenant sur l'art subtil de dire «non» au travail. À vous d'en faire bon usage, avec élégance, et par suite, d'améliorer votre bien-être dans votre quotidien au bureau.

En passant, le philosophe français Jean-Jacques Rousseau a dit dans Émile, ou De l'éducation : «Il ne faut point refuser pour refuser, mais pour faire valoir ce qu'on accorde».

Découvrez mes précédents billets

Mon groupe LinkedIn

Ma page Facebook

Mon compte Twitter

Et mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

 

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

Blogues similaires

L’exclusion des cadres des casinos du droit à la syndicalisation serait constitutionnelle

L’Association des cadres de la Société des casinos du Québec a déposé une requête en accréditation syndicale en 2009.

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes

Édition du 30 Juin 2018 | René Vézina

CHRONIQUE. C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle. ...