Comment devenir le meilleur manager qui soit?

Publié le 23/08/2016 à 06:27

Comment devenir le meilleur manager qui soit?

Publié le 23/08/2016 à 06:27

Une suggestion : donner de son temps à autrui... Photo: DR

Pour être efficace dans son travail, jour après jour, il est nécessaire d’avoir une bonne relation avec ses collègues. Une relation fluide, harmonieuse, agréable. Et ce, même si certains de ceux que nous côtoyons au quotidien ont des personnalités qui, disons, nous hérissent le poil.

Comment s’y prendre, par conséquent, pour établir une relation merveilleuse avec l’ensemble de nos collègues? Eh bien, je pense qu’une réponse intelligente à cette interrogation se trouve dans un livre intitulé Le Pouvoir des gentils (Eyrolles, 2015), du coach français Franck Martin. Il y est en effet explicité les mécanismes de la crise de communication qui sévit de nos jours dans la plupart des milieux de travail; et surtout, il y est décrit, en 16 règles d’or, comment y remédier. Cela va de «faire confiance a priori» à «être humble» en passant par «être patient» et autres «penser positif».

Quant à moi, j’ai été attiré par un conseil pratique inusité, à savoir «pratiquer la gratuité et le don». Regardons ensemble de quoi il s’agit…

«Il faut agir “sans but ni esprit de profit”, comme le dit Alexandre Jollien dans son livre Petit Traité de l’abandon. C’est-à-dire en reprenant le terme japonais ‘mushotoku’, qui signifie “esprit qui ne cherche pas à obtenir”.

«Celui qui entend faire preuve de gentillesse au travail se doit d’être capable de pratiquer la gratuité, d’agir sans attendre de contrepartie. Cet acte, ce don de soi provoque toujours, chez celui qui le reçoit, un pas vers la confiance et un sentiment de sécurité. Parce qu’un individu capable de gratuité ne peut pas être foncièrement mauvais.

«Attention, nous parlons ici de gratuité totale, pas de l’ambiguité de la relation “donateur/receveur”. C’est qu’alors le cadeau, ou le geste fait, met le receveur dans une situation, consciente ou inconsciente, de débiteur; et le donateur peut dès lors tomber dans une logique de retour attendu, même s’il crie l’inverse (ce qui est une réaction naturelle, humaine).

«La gratuité, c’est donc s’appliquer à faire au mieux ce que nous sommes en train de réaliser, ici et maintenant. C’est ce concentrer sur l’action immédiate, sans égoïsme ni fixation mentale sur une éventuelle forme de retour. La véritable gratuité a par conséquent une double dimension :

> Elle vise l’ici et le maintenant, celui qui donne de soi à autrui étant concentré à 100% sur l’instant présent.

> Elle consiste à agir sans attendre aucune contrepartie, dans le plus pur esprit du mushotoku.

«Le hic? C’est qu’un tel comportement est on ne peut plus rare dans le monde des affaires d’aujourd’hui. À tel point que la gratuité et le don semblent toujours cacher une intention malveillante, une opération de manipulation. Il ne semble pas normal, de nos jours, de donner gratuitement.

«Comment surmonter cela? Peut-être en s’inspirant de l’anecdote suivante…

«On nous apprend en école de commerce à fixer, quoi qu’il arrive un prix pour tout service rendu, poursuit M. Martin. Lors de mes premières conférences, je proposais d’animer des soirées sur le thème de l’humanisme en entreprise. Bien sûr, les associations et les entreprises que je contactais me demandaient le prix de ma prestations. Mon premier réflexe fut de dire qu’elle serait gratuite, hormis les frais de déplacement. Et les premiers retours furent… négatifs!

«Je changeai donc mon fusil d’épaule de décidai de tester l’inverse : passer de la gratuité à un prix correspondant à une “haute valeur ajoutée”, tout en étant cohérent avec la réalité des prix du marché. Le prix de la soirée fut ainsi fixé avec, en outre, la possibilité de vendre mes livres sur place. Et à mon grand étonnement, la conférence se vendit, sans aucune mise en doute de son contenu.

«Je trouve cela attristant, car donner de son temps, donner de soi est primordial. En même temps, me direz-vous, tout travail mérite salaire. D’où la “perversité” de la notion de gratuité.

«En vérité, quand nous évoquons la gratuité, il convient de faire saisir à l’autre que nous ne parlons pas du concept économique, mais bel et bien du don du coeur que nous sommes disposés à faire. Il faut souligner qu’aucun retour n’est attendu. Absolument aucun. Car pas de gratuité possible sans don authentique.»

Voilà. Pour toucher le coeur de vos collègues, il vous suffit d’avoir le cran de faire un acte gratuit. Et ce, ne serait-ce qu’au moins pour l’un d’eux. Une suggestion, parmi tant d’autres :

> 15 minutes en cadeau. Planifiez dans votre agenda 15 minutes de votre temps que vous dédierez à l’un de vos collègues, sans prévenir personne. Le moment venu, allez le voir et dîtes-lui : “Tiens, j’ai 15 minutes à moi, et si tu veux, je pourrais te donner un coup de main. Oui, un coup de main pour ce que tu veux : appeler un client, faire des photocopies, etc.” Sa première réaction sera l’étonnement : comment se fait-il que vous ayez 15 minutes à ne rien faire? comment se fait-il que vous l’ayez choisi lui? Etc. Au final, ces 15 minutes là, il y a de fortes chances pour que vous les consacriez à prendre un café ensemble, juste pour jaser. Profitez-en alors pour lui confirmer que la semaine prochaine, même jour, même heure, vous aurez 15 minutes pour lui donner un coup de main, que vous ferez ce qu’il vous demandera de faire, sans rechigner. Et surtout, sans aucun retour attendu de votre part. Résultat? L’effet sera prodigieux : la confiance sera nouée, voire l’amitié. Et cela pourrait même faire boule de neige, puisqu’il pourrait, à son tour, avoir l’idée d’offrir 15 minutes de son temps à un autre collègue, la semaine suivante.

En passant, l’écrivain autrichien Rainer Maria Rilke aimait à dire : «Le don de soi est un achèvement».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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