Comment dépasser les attentes au travail?

Publié le 06/09/2016 à 09:15, mis à jour le 06/09/2016 à 09:48

Comment dépasser les attentes au travail?

Publié le 06/09/2016 à 09:15, mis à jour le 06/09/2016 à 09:48

En vérité, ce qui nous semble inaccessible ne l'est pas toujours... Photo: DR

C’est la rentrée, et il ne vous reste plus qu’un trimestre avant votre évaluation de fin d'année, celle dont dépendra grandement une possible hausse de salaire, voire une éventuelle promotion hiérarchique. Oui, quelques mois seulement pour briller de tous vos feux, pour réussir à dépasser les attentes de votre employeur à votre égard.

Que faut-il faire pour y parvenir? Travailler jour et nuit, jusqu’à l’épuisement? Cravacher ceux qui travaillent avec vous pour les voir redoubler d’efforts? Ou encore, vous transformer sans vergogne en lèche-bottes?

Rien de tout cela, bien entendu. Non, mieux vaut, je pense, vous plonger corps et âme dans la lecture des écrits des sages de l’Antiquité, histoire d’y trouver l’inspiration. Je vais de ce pas vous montrer la pertinence de cette approche à l’aide d’un extrait tiré du manuel Conseils aux politiques pour bien gouverner (Éditions Payot & Rivages, 2007) de Plutarque, le grand moraliste de l’Antiquité. C’est qu’il y combine politique et philosophie dans l’optique de rappeler à ceux qui entendent agir en véritables leaders — dirigeants comme employés — de toujours oeuvrer avec prudence et habileté, en se soumettant sans relâche à la souveraineté de la loi et de la raison. Voici d’ailleurs ce qu’il préconise en matière de réalisation de grands projets, et donc, si l’on veut, de dépassement des attentes au travail, à l’échelle collective comme individuelle…

«Quand il faut mener à bien quelque chose de grand et d’utile, qui implique beaucoup d’efforts et de motivations, tâche alors de choisir les plus efficaces de tes amis et les plus flexibles parmi les plus efficaces : car ce sont eux qui s’opposeront le moins et qui collaboreront le plus, puisqu’ils sont judicieux sans être chicaneurs.

«Néanmoins, il faut évidemment que tu sois au fait de ta propre nature, et que là où tu es inférieur à un autre par nature, tu choisisses les plus capables plutôt que tes semblables, comme Diomède choisit dans son expédition de reconnaissance le plus judicieux pour l’accompagner, laissant de côté les courageux. C’est ainsi que les actions s’équilibrent le mieux et qu’il ne s’élève pas de chicane entre les uns et les autres, puisque leur ambition provient de qualités et de capacités différentes.

«Prends donc un orateur comme assistant dans un procès ou comme appariteur dans une ambassade, au cas où tu ne sais pas bien parler, comme Pélopidas prit Épaminondas.

«Au cas où tu n’est pas persuasif devant le peuple en assemblée, mais hautain, comme Callicratidas, prends un homme élégant et serviable.

«Et au cas où tu es faible de corps et peu endurant, prends un homme résistant et vigoureux, comme Nicias prit Lamachos.

«Il n’y aurait pas de quoi être jaloux de Géryon pour ses jambes, ses bras et ses yeux multiples s’il n’avait pas une âme unique pour mener le tout. Idem, les (leaders) se doivent de rassembler non seulement leurs personnes et leurs richesses, mais aussi leurs chances, leurs qualités et leurs capacités; et ce, en veillant à ce qu’ils servent tous ensemble un seul intérêt et s’honorent les uns les autres dans un même élan; non pas comme ces Argonautes qui, après s’être débarrassés d’Hercule, en furent réduits à des procédés de mauviettes, aux incantations et aux drogues pour sauver leur peau et voler la toison.

«Quand on entre dans certains temples, on doit laisser dehors l’or qu’on porte sur soi; quant au fer (comprendre : les armes), on ne le laisse tout simplement jamais entrer. Alors, puisque la tribune est une sorte de temple commun à Zeus, Thémis et Dikè, ôte de toi-même sans traîner ton amour de l’argent et de la puissance, qui ne sont que rouille et maladie de l’âme, et jette tout ça sur la place publique aux usuriers et aux malfrats “en leur tournant le dos”. Car tu dois savoir que sinon tu risques fort de ne devenir qu’un pilleur de temples, de tombes, d’amis; que sinon tu risques fort de te livrer aux trahisons et aux faux témoignages; que sinon tu risques fort de te transformer en un conseiller déloyal, en un juge parjure, ou encore en un magistrat corrompu; en somme, un homme qui n’est sauf d’aucun crime. (...)

«Ce faisant, s’il y a bien une opération délicate, c’est celle de ne pas s’attribuer le premier rôle de la réalisation commune. De fait, c’est à cette condition que l’on peut véritablement s’adjoindre un ami, à l’image de Diomède qui lança : “Si vous m’invitez moi-même à choisir mon compagnon, comment donc pourrais-je oublier le divin Ulysse?”

«Ce à quoi le principal intéressé, touché, rétorqua par un compliment : “Ce cheval que voyez, fier et digne, est thrace; son maître, c’est le valeureux Diomède qui l’a tué, ainsi que douze de ses compagnons, tous de très grande valeur”.

«Car une telle prévenance avec ses amis n’anoblit pas moins celui qui honore que celui qui est honoré; alors que l’arrogance, dit Platon, s’accompagne de solitude.»

Voilà. Il suffit de se plonger dans un texte écrit de cela il y a plusieurs siècles pour voir le jour d’aujourd’hui éclairé d’une toute nouvelle lumière. Comme par magie.

Dépasser les attentes est à votre portée comme à la mienne. Il suffit pour ce faire de bien s’entourer et d’oeuvrer de concert, sans jamais chercher à tirer la couverture à soi. Oui, il faut se mettre à travailler ensemble, en groupe, collectivement, en quête d'un résultat commun, et non pas vouloir mordicus briller tout seul dans son coin, croyant à tort que seule compte la performance individuelle. C’est aussi simple que ça, encore fallait-il un Plutarque pour nous indiquer la voie.

Vous avez une interrogation existentielle à propos de votre quotidien au travail? Plongez-vous donc dans les textes de l’Antiquité! Vous m’en donnerez des nouvelles, j’en mets ma main au feu.

En passant, c’est également Plutarque qui a dit à l’adresse notamment de ceux qui ne tentent jamais de dépasser les attentes : «Il faut vivre, et non pas seulement exister».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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