Comment arrêter de grignoter au bureau?

Publié le 28/01/2016 à 06:15

Comment arrêter de grignoter au bureau?

Publié le 28/01/2016 à 06:15

Au bureau, nous grignotons sans même nous en rendre compte... Photo: DR

Parfois, il est dur de résister : on sent venir une brutale baisse d'énergie, et on sait qu'il y a à deux pas une distributrice de barres chocolatées, ou encore un bol où tout le monde dépose des bonbons, par gentillesse; alors, forcément, on se lève de son bureau et on file faire le plein de calories, histoire de se donner un petit coup de fouet pour finir la journée. Pas vrai?

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Il y a aussi ceux qui, plus prévoyants, amènent avec eux de quoi grignoter tout au long de la journée (en général, des aliments transformés). Et qui, du coup, se bourrent de sucre et de gras, même s'ils se donnent bonne conscience entre deux barres chocolatées en prenant, de temps à autres, une pomme ou une orange. Ce qui, on s'entend, n'est pas l'idéal pour être en pleine forme.

Comment mettre fin à cette fâcheuse manie que nous avons tous plus ou moins de grignoter au bureau? Eh bien, la bonne nouvelle, c'est que je crois avoir identifié une voie intéressante à explorer à ce sujet. Je l'ai trouvée dans une étude intitulée How visibility and convenience influence candy consumption et signée par deux professeurs de science de la nutrition à l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign (États-Unis), James Painter et Brian Wansink, assistés de leur étudiante Julie Hieggelke.

Les trois chercheurs ont procédé à une petite expérience très simple : ils ont demandé à 16 employés de bureau de bien vouloir se livrer à une petite expérience, sans être prévenu de quoi il s'agissait au juste. Ils leur ont fait remplir des questionnaires bidons sur une base régulière, trois semaines durant, et leur ont offert, en guise de récompense pour leur collaboration, une boîte remplie de 30 bonbons chocolatés qui devait non seulement rester à leur bureau, mais aussi ne pas être partagée avec des collègues. En vérité, l'expérience portait sur ces bonbons-là!

Le but, c'était de voir si les employés de bureau se laissaient tenter par les bonbons, ou pas, durant leur journée de travail. Chaque soir, les expérimentateurs remplaçaient en douce les éventuels bonbons manquants, si bien qu'ils pouvaient tenir le compte exact des bonbons engloutis, jour après jour. À noter que tous les participants n'étaient pas logés à la même enseigne :

> Visible et accessible. Certains avaient pour consigne de laisser en permanence la boîte sur leur bureau.

> Cachée, mais accessible. D'autres, de la laisser en permanence dans un tiroir de leur bureau.

> Visible, mais pas vraiment accessible. Les derniers, de la laisser en permanence sur une étagère de leur bureau située à deux mètres de hauteur.

Pour finir, à la toute fin de l'expérience, il a été demandé aux participants combien, d'après eux, ils avaient mangé de bonbons par jour, en moyenne.

Résultats? Les voici :

> Désavantage de la facilité. C'est lorsque les bonbons étaient visibles et accessibles que les participants en ont mangé le plus. Ceux qui avaient les bonbons dans un tiroir en ont mangé, en général, deux fois moins. Quant aux autres, ils n'en ont presque pas pris.

À noter que ceux qui en ont mangé le plus ont légèrement surestimé le nombre de bonbons qu'ils avaient pris : ils ont indiqué une moyenne supérieure à la réalité. Autrement dit, la facilité pousse à la consommation de friandises, tout en amenant à culpabiliser un peu : on a alors le sentiment qu'on ne mérite pas vraiment cette "récompense".

> Avantage de la difficulté. C'est lorsque les bonbons étaient difficiles d'accès que les participants en ont mangé le moins. À noter que ceux-ci ont nettement sous-estimé le nombre de bonbons qu'ils avaient pris. Autrement dit, la difficulté freine la consommation de friandises, tout en amenant à déculpabiliser si jamais on passe à l'acte : on a alors le sentiment qu'on mérite cette "récompense".

Que signifient ces résultats? Tout bonnement qu'on grignote moins au bureau lorsque ce que l'on pourrait manger est non seulement hors de notre vue, mais aussi quasiment hors de notre portée. Qu'il n'y a rien de pire que d'avoir des friandises visibles et faciles d'accès. Et donc, que l'idéal pour ne même pas songer grignoter revient non pas à supprimer toute friandise au bureau, mais de les rendre vraiment difficiles d'accès. Exprès.

Comment, au juste? Eh bien, place à votre imagination! Par exemple, on peut imaginer que vous placiez le bol à bonbons dans une armoire qui ferme à clé, tout en haut d'une armoire pleine de poussière, ou encore dans le bureau du boss (mais là, c'est lui qui va se retrouver avec un problème de grignotage compulsif!).

Mieux, on peut imaginer que vous remplaciez le bol à bonbons par un bol à... fruits frais! «Si la visibilité et l'accessibilité augmente la consommation de friandises, on peut raisonnablement estimer que cela vaut également pour toute nourriture bonne pour la santé», indiquent d'ailleurs les trois chercheurs dans leur étude. Idem, je suis prêt à parier que si vous avez la manie de consulter votre cellulaire à tout bout de champ, vous gagneriez de la même manière à l'enfermer loin de vous des heures durant, histoire de parvenir à enfin décrocher.

Que retenir de tout ça? Ceci, à mon avis :

> Qui entend arrêter de grignoter au bureau se doit de rendre ses friandises très difficiles d'accès. Il finira ainsi par arrêter d'y penser inconsciemment, en particulier lorsque le corps envoie au cerveau le message selon lequel il prendrait bien quelques calories pour donner un dernier coup de collier au travail. Et découvrira qu'on peut très bien être énergique sans absorption rapide et massive de sucre et de gras.

En passant, l'écrivain français Jean Giono aimait à dire : «Les jours sont des fruits, et notre rôle est de les croquer».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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