Au fond, êtes-vous vraiment stressé au travail?

Publié le 27/09/2018 à 06:06

Au fond, êtes-vous vraiment stressé au travail?

Publié le 27/09/2018 à 06:06

Un test ultra simple permet de s'en faire une juste idée... Photo: DR

Aujourd’hui, tout le monde se dit stressé. Par la vie, par les autres, par le travail. À tel point que certains vont maintenant jusqu’à dire qu’ils sont «hyper stressés», histoire de souligner combien le stress leur pourrit franchement l’existence et, donc, de se démarquer du commun des mortels.

D’où mon interrogation, un poil subversive, je le reconnais : «Au fond, êtes-vous vraiment stressé ?» Pensez-y deux minutes, oui, deux minutes entières, le temps d’identifier une véritable réponse.

Ça y est ? Vous avez votre réponse ? Bien. Je vous propose à présent de faire toute la lumière sur ce qu’est le stress – ce mot fourre-tout, reconnaissons-le – ainsi que sur votre propre niveau de stress actuel. Et ce, grâce aux travaux de Manfred Kets de Vries, professeur de leadership et de changement organisationnel à l’Insead.

Ça vous va ? OK, c’est parti.

Pour commencer, il faut savoir qu’une certaine quantité de stress est nécessaire pour que nous puissions fonctionner efficacement. «Le stress fait partie intégrante de la condition humaine», dit M. Kets de Vries. C’est que nous sommes tous confrontés à des déceptions, des revers, des pertes et des souffrances ; autant de sources variées et continuelles de stress intense. Et que pour vivre une vie riche et significative, nous nous devons d’apprendre à gérer de manière constructive ces défis inhérents à la vie.

Le hic ? Nous avons une façon antédiluvienne de gérer le stress que tout cela nous procure. Les dangers que nous percevons exposent notre cerveau et notre corps à une vague d'hormones et de substances chimiques qui déclenche une réaction de combat ou de fuite – une saine réaction lorsque nos ancêtres croisaient le chemin d’un tigre à dents de sabre, mais de nos jours une réaction malsaine, qui nous empêche de rester concentré et alerte face aux menaces continuelles de notre style de vie, pis, qui mine chaque fois un peu plus notre santé psychique et physique.

Autrement dit, le stress a des aspects à la fois positifs et négatifs. Il aide le champion à réaliser des prouesses en finale des Jeux olympiques. Il tétanise l’employé qui se doit de sortir de sa zone de confort pour, par exemple, briller lors d’une réunion à laquelle assiste le PDG. Et à force de jouer sans cesse avec nos nerfs et nos neurones, il finit par nous épuiser.

Alors, comment savoir si, en ce moment-même, vous êtes particulièrement stressé au travail? Pour vous en faire une juste idée, je vous invite à répondre en toute honnêteté aux 10 questions suivantes, commele préconise M. Kets de Vries :

Faites l'audit de votre niveau de stress au travail

1. Pensez-vous que votre quotidien au travail est hors de contrôle et que vous avez trop de choses à accomplir en même temps?

2. Vous sentez-vous souvent confus, anxieux, irritable, fatigué ou physiquement diminué?

3. Avez-vous de plus en plus de conflits interpersonnels, que ce soit au travail ou dans votre vie privée?

4. Pensez-vous que vos pensées et sentiments négatifs affectent votre façon d’être à la maison ou au travail?

5. Votre vie professionnelle ou familiale ne vous fait-elle plus vraiment plaisir?

6. Vous sentez-vous dépassé par les exigences des courriels, ou encore des médias sociaux?

7. Pensez-vous que votre vie est devenue un tapis roulant sans fin?

8. Êtes-vous sujet à des crises de culpabilité chaque fois que vous essayez de vous détendre au bureau?

9. Avez-vous récemment vécu un événement bouleversant tel que de nouvelles responsabilités professionnelles, une perte d'emploi, un départ à la retraite, des difficultés financières, une blessure, une maladie ou un décès dans la famille?

10. Lorsque vous êtes stressé, avez-vous l'impression de n'avoir personne à qui parler?

Si vous avez répondu «oui» à la majorité de ces questions, il est clair que vous êtes stressé au travail. Et si le simple fait de répondre à toutes ces interrogations a déclenché en vous un profond malaise, sachez que vous êtes, selon M. Kets de Vries, proche de votre point de rupture, et donc qu’il est grand temps de corriger le tir.

Comment y parvenir, au juste ? Pour débuter, il convient d’identifier les sources de votre stress. Voici différentes listes à même de vous aiguiller en ce sens :

> Changements émotionnels

• sautes d’humeur, irritabilité, poussées de colère ;

• sensation d’être submergé ;

• retrait social et isolement ;

• tristesse, manque d'intérêt pour la vie (y compris la perte du désir sexuel) ;

• anxiété, inquiétude constante, culpabilité, nervosité.

> Changements physiques

• faible énergie, fatigue constante ;

• maux de tête fréquents, douleur ou tension musculaire ;

• troubles digestifs ;

• douleur thoracique, rythme cardiaque rapide ;

• appétit accru ou diminué ;

• insomnie, cauchemars.

> Changements cognitifs ou comportementaux

• difficulté à se concentrer, pensées décousues ;

• oublis, désorganisation ;

• procrastination, difficulté à prendre des décisions ;

• tabagisme accru, consommation d’alcool ou de drogues.

Maintenant que vous y voyez un peu plus clair sur l’origine principale de votre stress, voici différentes suggestions visant à remédier à la situation :

> Atténuation des facteurs de stress

• faire de l'exercice régulièrement ;

• faire de la méditation ou adopter d’autres techniques de relaxation ;

• revoir votre agenda afin d’établir des deadlines raisonnables ;

• recadrer positivement les situations difficiles ;

• pratiquer le pardon.

> Culture de la joie au quotidien

• développer son réseau de contacts principal, celui qui est composé d'êtres chers, de membres de la famille et d'amis ;

• apprendre la musique, l'artisanat ou toute autre activité créative ;

• consacrer du temps à son hobby préféré ;

• se concentrer sur des activités qui correspondent à nos valeurs et à nos intérêts ;

• s'engager dans des activités altruistes, et pratiquer la gratitude.

Si tout cela vous semble insurmontable, envisagez l’aide d’un coach, voire le soutien d’un psychothérapeute. Car, le plus important, c’est de ne surtout pas mettre la tête dans le sable.

«Dans une certaine mesure, se sentir moins stressé est un choix, c’est même une attitude, estime le professeur de l’Insead. À tout moment, il vous appartient de décider si vous envisagez une situation avec optimisme ou pessimisme, avec colère ou bien avec patience et compréhension.

«Si vous découvrez ainsi que votre vie au travail a une signification et un but; si vous vous sentez engagé dans vos activités quotidiennes; si vous contribuez au bien-être des autres; si vous vous sentez capable dans vos tâches quotidiennes; et si vous vous sentez de plus en plus optimiste pour l'avenir; alors vous allez sûrement vous sentir de mieux en mieux au bureau.»

Bref, être stressé n’est pas la fin du monde. Loin de là. C’est même, en un sens, «normal» compte tenu du quotidien trépidant au travail.

Cela étant, il convient de ne pas se laisser «bouffer» par le stress ! Ce qui peut se faire en deux temps, selon M. Kets de Vries : d’une part, l’identification de la source principale de votre stress au travail ; d’autre part, la correction adéquate de la situation. Et le tour sera joué (du moins, en grande partie).

À noter un point fondamental, souligné par le professeur lui-même : tout ce travail vous donnera l’occasion, de surcroît, de trouver un sens et et un but à votre quotidien au travail. Ce qui est, je le souligne, quelque chose de formidable, n’est-ce pas ?

En passant, Hans Selye, le fondateur de l’Institut de médecine et de chirurgie expérimentales de l’Université de Montréal et pionnier des recherches sur le stress, aimait à dire, pince-sans-rire :«Être totalement dépourvu de stress, c'est être mort».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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