À quoi bon travailler en équipe?

Publié le 19/07/2012 à 09:34, mis à jour le 19/07/2012 à 13:56

À quoi bon travailler en équipe?

Publié le 19/07/2012 à 09:34, mis à jour le 19/07/2012 à 13:56

À deux, c'est toujours mieux... Photo : DR.

BLOGUE. J'ai aujourd'hui un petit paradoxe à vous soumettre. Vous avez déjà entendu parler de la loi de la sélection naturelle de Darwin, qui veut grosso modo que les êtres vivants, et en premier lieu les humains, ont évolué au fil des générations de telle sorte que les individus les plus performants sont les plus actifs du point de vue reproductif. Bref, nous sommes le fruit d'une intense compétition, et sommes nous-mêmes en rivalité constante avec les autres, notamment au travail : c'est bien connu, ne décrochent les promotions que les battants. Et pourtant – c'est là le paradoxe –, nous travaillons toujours en équipe, c'est-à-dire pour le profit d'une poignée d'autres personnes, parmi lesquelles figurent parfois des rivaux déclarés. Curieux, n'est-ce pas?

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Ce mystère s'est éclairci à mes yeux à la lecture de l'article Why we help paru dans le dernier Scientific American. C'est que l'auteur, Martin Nowak, un professeur de biologie et de mathématique d'Harvard, y dévoile les cinq forces qui nous poussent à travailler de concert avec autrui. Dans son article, il commence par une anecdote renversante. Lors de la catastrophe de Fukushima, au Japon, un employé dans la vingtaine s'est porté volontaire pour faire partie d'une équipe d'intervention rapide dans la centrale nucléaire éventrée par le tremblement de terre et le tsunami qui a suivi. Il a expliqué à The Independent : «Il n'y a pas beaucoup de gars capables de faire cette intervention technique, moi si. Et puis, je n'ai pas de femme, ni d'enfant. C'est pour ça que je sens que je dois le faire. C'est comme si je n'avais pas le choix, dans le fond». Et il s'est enfoncé dans la noirceur…

Comment un individu peut-il en arriver à se sacrifier ainsi au profit des autres? Comment peut-on en venir à un tel don de soi? Dérangement mental? Profond désespoir? Tendances suicidaires et exhibitionnistes? Rien de tout ça, bien entendu. Ce jeune homme a agi de manière parfaitement naturelle, c'est-à-dire en accord avec les lois de la nature. Son geste témoigne du fait que l'évolution de l'humanité ne découle pas que de la compétition pour la survie, mais aussi de la coopération entre les êtres humains. Son acte de bravoure est similaire à celui de l'adulte qui saute à l'eau pour sauver de la noyade un enfant qu'il ne connaît même pas, et ce même s'il se sait piètre nageur, d'après l'auteur.

M. Nowak s'est intéressé au concept de coopération à partir du jour où il a découvert le «dilemme du prisonnier», un classique de la théorie des jeux. Prenons le temps de quelques explications pour y voir plus clair. Le dilemme du prisonnier caractérise les situations où deux joueurs auraient tout intérêt à coopérer, mais où les incitations à trahir l'autre sont si fortes que la coopération n'est jamais choisie par un joueur rationnel. Albert Tucker, un mathématicien américain d’origine canadienne, le présentait sous la forme d’une histoire…

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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