Une entreprise technologique peut-elle perdurer?

Publié le 26/07/2016 à 15:34

Une entreprise technologique peut-elle perdurer?

Publié le 26/07/2016 à 15:34

Je vous racontais la semaine dernière comment le lieu géographique où il mène ses affaires influence l’entrepreneur dans le choix du produit ou du service qu’il offrira. Il n’y a pas que la géographie qui amène, par exemple, un Français à proposer un modèle d’affaires différent du Québécois. L’histoire et la culture jouent aussi beaucoup.

Je suis un amoureux d’histoire. Alors, quand je me promène dans une vieille ville comme Paris, je suis aux anges. Je me surprends à imaginer des scénarios, comme croiser Coco Chanel alors que je prends un verre au Ritz de la Place Vendôme, puis de remonter les Champs-Élysées en imaginant la foule en liesse accueillir en héros les soldats venus libérer Paris de l’armée allemande ou encore de constater les progrès dans l’érection de Notre-Dame-de-Paris, il y a plus de 800 ans, construite par des artisans avec des moyens rudimentaires.

Ça doit tenir du fait que j’ai été moi-même été baptisé en France dans une église bâtie en 1104, soit plus de 500 ans avant la fondation de la ville de Québec!

Le Canada et les États-Unis n’ont pas une telle histoire dont témoignent des monuments aussi vieux que le Louvre ou Notre-Dame-de-Paris. Mais on ne peut pas leur reprocher d’être jeunes.

Cependant, je m’interroge. Comment se fait-il qu’il y ait en Europe autant de sociétés centenaires, et plusieurs fois même, alors qu’en Amérique, il faut presque un miracle pour qu’une entreprise reste dans la famille et se perpétue au-delà de la deuxième génération ? Le Québec n’est tout de même pas né hier, il a plus de 400 ans!

J’ai l’impression qu’ici, on se lance dans des affaires plus éphémères, qui bousculent, certes, mais qui s’effacent avec le temps. Je pense aux nouvelles technologies. Est-ce si bon de tout miser sur celles-ci, qui vont et viennent ? Ou ne devrions-nous pas aussi bâtir sur le savoir-faire des artisans, qui modèlent la mode d’aujourd’hui et qui contribue à une sorte de richesse et à un héritage collectifs?

Je reviens de la France, et j’en suis encore tout imprégné. Les entreprises séculaires m’impressionnent. Et il y en a partout. Il suffit de se promener, à Paris ou en province, afin de réaliser à quel point certaines sociétés sont riches d’histoire. Qui pourrait croire qu’il existe un maître caoutchoutier nommé Aigle qui, depuis 1853, vend par milliers des bottes de caoutchouc? Et que dire de Fauré-Lepage, arquebusier et fourbisseur du 18e siècle, qui non seulement existe encore 300 ans plus, mais qui est devenu depuis le nec plus ultra du luxe et des tendances modes ?

À bien y penser, est-ce que toute nouvelle technologie est vouée, un jour ou l’autre, à l’échec? Cette semaine marque la fin officielle de cet objet révolutionnaire d’il y a 35 ans, le magnétoscope. Qui se rappelle des codes QR, qui devaient changer nos vies, de la folie Yahoo!, qui était évaluée à plus de 40 milliards il y a à peine quelques années et qui tout doucement s’effrite tel un château de sable? Une télé avec un écran plat, c’est tellement 2015! Aujourd’hui, c’est écran courbé, intelligence artificielle et j’en passe.

J’apprécie les deux univers. Autant j’aime ce que les nouvelles technologies m’apportent, tels la rapidité, la simplicité et l’accès au monde entier au bout de mes doigts, autant j’aime le côté presque romantique d’ouvrir une vieille bouteille de vin et de parfois prendre mon temps dans une société où tout doit toujours aller très vite.

Après tout, à travers le temps, on revient toujours à l’essentiel. On ne peut pas être entièrement pour ou contre un type d’entrepreneuriat, mais c’est intéressant d’y réfléchir. Cependant, contrairement aux besoins momentanés ou de courte durée que les nouvelles technologies nous imposent, nous aurons toujours besoin d’un sac pour transporter nos biens, de chaussures pour marcher et de fromage pour déguster. Comme tout bon Français dirait: après tout, on peut tous vivre sans Facebook, mais jamais sans vin!

À propos de ce blogue

Je me suis lancé en affaires quelques jours après avoir gradué de l’Université de Montréal en science politique. Un peu par hasard, beaucoup par folie, je suis devenu entrepreneur sans trop savoir ce qui m’attendait. Bien que ma première expérience en affaires fut catastrophique, je suis tombé en amour avec l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un des plus grand producteurs de spiritueux et prêt-à-boire en Amérique du Nord et ce ne sont pas les projets qui manquent! Depuis novembre 2015, je partage chaque semaine ici mes idées, mes opinions et ma vision sur le monde des affaires et les sujets de société qui m’interpellent. Bienvenu dans mon monde!

Nicolas Duvernois

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