Le luxe existe-t-il au Québec ?

Publié le 06/01/2016 à 09:13

Le luxe existe-t-il au Québec ?

Publié le 06/01/2016 à 09:13

J’attendais ce brunch depuis plus de trois semaines ! J’avais réservé au début décembre un «brunch gastronomique» dans le plus prestigieux hôtel de Québec. J’avais apporté mon plus beau veston, ma femme une superbe robe rouge. L’année 2016 avait quelques heures et on avait envie de se gâter. De notre table, la vue sur la terrasse Dufferin était magnifique, un léger tapis de neige couvrait la ville, le soleil transperçait les immenses vitres de la salle de banquet, jusque-là, tout était magique!

Malheureusement, l’expérience luxueuse tant attendue n’était pas celle que j’imaginais. On était loin des brunchs, malgré le même prix, du Bristol à Paris ou du Plaza sur la 5e avenue à New York ! Loin de moi de vouloir faire une critique culinaire ou hôtelière, encore moins de comparer l’incomparable, mais j’ai plutôt profité de cette expérience afin d’écrire sur un thème qui m’intrigue depuis des années. Le luxe existe-t-il au Québec ?

Depuis des années, j’ai la chance de voyager à travers le monde et je n’en reviens pas à quel point le luxe est omniprésent partout ailleurs et si peu ici. Que ce soit dans le choix des hôtels, de la restauration, du commerce au détail ou même de l’offre touristique, pourquoi sommes-nous si frileux d’offrir des expériences haut de gamme.

Le luxe se définit souvent par ce qui est coûteux, raffiné et somptueux. Serions-nous une société distincte si différente que nous ne voulons ni vivre ni même offrir ce luxe ? Est-ce à cause du manque de richesse collective ? Est-ce à cause de notre héritage judéo-chrétien ? Sommes-nous vraiment nés pour un petit pain ?

On peut avoir une bonne idée de la vitalité économique d’une ville en regardant son offre dans l’industrie du luxe, selon ce que j’ai entendu dans un cours à l’université. Après tout, c’est assez simple comme réflexion. Plus il y a de boutiques Chanel ou Hermès, plus il y a de restaurants étoilés, plus il y a de palaces hôteliers, plus c’est une indication qu’il y a une clientèle prête à dépenser. Force est d’admettre qu’au Québec, cet univers est presque inexistant.

Le luxe n’est pas nouveau. Des trésors découverts dans les tombes des pharaons, aux fastes des plus anciens châteaux européens, il a toujours existé. Avons-nous oublié que notre propre pays s’est bâti grâce, entre autres, au commerce de la fourrure, emblème mythique des biens nantis !

Pour qu’il y ait tourisme de luxe, il doit avoir une offre. Comment se fait-il que certains pays pauvres, tels que le Botswana, arrivent à faire venir des touristes fortunés afin qu’ils dépensent des dizaines de milliers de dollars pour quelques jours dans la savane et que nous n’arrivons pas à faire de même dans nos forêts ? Pourquoi n’arrivons-nous pas à vendre notre luxe ?

Vous allez être surpris. Qu’ont en commun ses ingrédients, à part d’être au menu des plus grandes tables du monde. Huître, saumon fumé, caviar, eau de source cristalline, boeuf AAA, homard, crabe, vin de glace, miel, sirop d’érable, et j’en passe… C’est notre luxe ! Un luxe naturel, frais, de saison, sans fioritures, le luxe à l’état brut.

Il est grand temps de se l’approprier, d’en être fier et de savoir le vendre. À force d’y réfléchir, c’est peut-être parce qu’on essayait d’attirer une clientèle de luxe en leur promettant une offre que l’on n’avait pas qu’ils ne sont pas venus.

En écrivant ces lignes, je pense aux milliers de touristes européens, Sud- Américains ou Asiatiques qui afflueraient pour visiter notre province si l’on développait une offre de tourisme écoresponsable de luxe. Imaginez la réaction d’un Japonais en pleine forêt boréale en train de déguster un gravlax de saumon fumé ou un Australien faisant trois heures de motoneige dans une poudreuse parfaite afin de dormir dans un chalet de bois rond ultra luxueux au milieu de nulle part !

Nous avons la nature pour faire rêver, il ne suffit plus qu’à nous retrousser les manches et à comprendre que notre luxe n’est pas ostentatoire telles une Ferrari ou une Rolex, il n’est pas artificiel, il est authentique, il existe depuis des milliers d’années, nous vivons avec au quotidien, notre plus grand luxe c’est notre nature.

À propos de ce blogue

Je me suis lancé en affaires quelques jours après avoir gradué de l’Université de Montréal en science politique. Un peu par hasard, beaucoup par folie, je suis devenu entrepreneur sans trop savoir ce qui m’attendait. Bien que ma première expérience en affaires fut catastrophique, je suis tombé en amour avec l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un des plus grand producteurs de spiritueux et prêt-à-boire en Amérique du Nord et ce ne sont pas les projets qui manquent! Depuis novembre 2015, je partage chaque semaine ici mes idées, mes opinions et ma vision sur le monde des affaires et les sujets de société qui m’interpellent. Bienvenu dans mon monde!

Nicolas Duvernois

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