Abandonner ou savoir s'arrêter: quelle est la différence?

Publié le 20/09/2016 à 13:30

Abandonner ou savoir s'arrêter: quelle est la différence?

Publié le 20/09/2016 à 13:30

J’avais 25 ans, un bac en science politique sous le bras et la vie devant moi. Je rêvais de me lancer en affaires, de réussir comme ceux que je voyais sur la couverture des magazines. Avec trois de mes amis, nous avons décidé de nous lancer dans le merveilleux monde de la restauration.

J’avais eu cette idée quelques mois auparavant lors d’un voyage en France. Je n’avais aucune expérience dans le domaine, mais l’univers m’intriguait. Nous avions l’habitude de sortir toutes les fins de semaine et nous nous étions dit qu’un jour nous aurions notre propre resto-bar.

Lorsque j’ai partagé mon idée avec mes amis, ils ont accepté de me suivre dans cette folie, nous allions devenir restaurateurs !

Totalisant à peine dix minutes d’expériences en restauration à nous quatre, nous avions tout de même pensé que c’était une superbe idée. Après réflexion, c’est peut-être là le problème de la restauration à Montréal. Trop d’amateurs, trop de rêveurs qui pensent qu’il ne suffit que d’un local, d’une cuisine et des tables.

Nous étions convaincus. Plan d’affaires, marge de crédit, prêt personnel, bref nous avions réuni tout l’attirail afin d’atteindre notre objectif; recevoir nos premiers clients. Comme une erreur ne vient jamais seule, nous avions trouvé un local à refaire au complet. En plus de devoir préparer l’ouverture d’un restaurant, nous devions en parallèle gérer un chantier de construction avec, dans ce domaine encore, à peine dix minutes d’expérience à quatre.

Dire que ma première aventure entrepreneuriale fut un échec est un euphémisme. Ce fut une catastrophe.

Quelques jours après l’ouverture, j’ai réalisé qu’on n’irait nulle part. Malgré tout, j’ai décidé de me retrousser les manches et de tout essayer pour éviter le pire. Abandonner si tôt n’était pas une option. Au fil des semaines, la situation ne faisait qu’empirer. Jour après jour, on s’approchait de l’inévitable.

Quelques semaines passèrent avant que je décide d’offrir à mes partenaires de les racheter. Le resto coulait, mais il fallait un changement drastique. Je m’étais entendu avec notre meilleur serveur et notre chef afin qu’ils se joignent à moi. J’avais compris quelques mois trop tard qu’il était préférable, surtout dans la restauration, de connaître l’industrie dans laquelle on se lance.

Malheureusement (ou heureusement), mes trois partenaires ont refusé mon offre et m’ont plutôt offert l’inverse. Ils voulaient me racheter. Je n’en revenais pas. C’était mon idée. C’est moi qui les avais convaincus de partager l’aventure et c’était moi qui y travaillais le plus en y mettant chaque seconde de ma vie. J’étais sur le point de leur répondre par la négative lorsque ma main à déposer mon trousseau de clés sur le comptoir. «Vous le voulez le resto ? Et bien, prenez-le!».

Pendant des années, j’ai réfléchi à ce geste. Pourquoi avais-je abandonné si vite? Pourquoi je ne m’étais pas battu davantage pour mon rêve ?

Puis, quelques années plus tard, j’ai réalisé qu’en affaires, il y a une immense différence entre abandonner et savoir quand arrêter. À ce moment même, mon instinct m’a fait signe d’arrêter.

J’avais tout donné. Le peu d’argent que j’avais et mon temps. Malgré des mois de travail acharné, des discussions interminables avec mes associés pour définir la direction à prendre, rien ne changeait. Ma vie était devenue toxique. Je ne pouvais plus me battre seul. Je ne pouvais plus en faire autant pour rien. J’ai aujourd’hui compris que j’avais su quand arrêter.

Je suis fier d’avoir donné tout ce que j’avais, d’avoir essayé de redresser la barre, d’avoir tout fait pour bâtir un succès, même en vain.

En affaires, il n’y a qu’une seule garantie, celle qu’il n’y en a pas!

 

À propos de ce blogue

Je me suis lancé en affaires quelques jours après avoir gradué de l’Université de Montréal en science politique. Un peu par hasard, beaucoup par folie, je suis devenu entrepreneur sans trop savoir ce qui m’attendait. Bien que ma première expérience en affaires fut catastrophique, je suis tombé en amour avec l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un des plus grand producteurs de spiritueux et prêt-à-boire en Amérique du Nord et ce ne sont pas les projets qui manquent! Depuis novembre 2015, je partage chaque semaine ici mes idées, mes opinions et ma vision sur le monde des affaires et les sujets de société qui m’interpellent. Bienvenu dans mon monde!

Nicolas Duvernois

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