Ces risques que le Québec n'ose pas prendre

Publié le 26/10/2016 à 10:49

Ces risques que le Québec n'ose pas prendre

Publié le 26/10/2016 à 10:49

Dans une toute petite société comme le Québec, où les investissements privés sont rares et difficiles à trouver, il faut absolument trouver une solution innovatrice au financement de nos start-ups.

De nombreux jeunes entrepreneurs sont en effet obligés d’arrêter par manque de financement alors que d’autres doivent se départir prématurément des précieuses actions de leur compagnie afin de continuer à avancer.

Avec une culture de financement privé relativement nouvelle, les entrepreneurs québécois vendent trop souvent au rabais une partie de leur entreprise. Ils manquent de connaissances, mais surtout d’options. On n’a qu’à regarder les montants des premières rondes de financement chez nos voisins du Sud afin de constater qu’il aurait été préférable de se trouver à San Francisco ou Boston afin de se lancer en affaires.

Je ne crois pas que les idées des entrepreneurs de ces régions ont un meilleur potentiel que celles des entrepreneurs d’ici!

Je me rappelle de cette discussion que j’ai eue avec un investisseur américain. Il m’expliquait qu’à chaque année, au premier janvier, il mettait 50 millions de dollars dans un fonds afin d’investir dans des start-ups. Il était serein avec l’idée de pouvoir tout perdre certaines années, mais il continuait d’investir. Sa vraie hantise, c’était de manquer l’investissement du siècle. Cela l’a rendu milliardaire puisqu’il a été l'un des premiers investisseurs dans des entreprises comme Linkedin et Twitter.

On ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs! On vit dans une société qui n’a pas assez d’investisseurs très fortunés. Et nous sommes allergiques à la prise de risque. C’est exactement pour ces raisons que nous n’arriverons jamais à rivaliser avec Boston, Toronto, Barcelone, Tel Aviv et compagnie… Afin de réellement aider les start-ups du Québec, il va falloir commencer à travailler différemment et à prendre des risques.

Puisque bien peu osent se lancer seuls, pourquoi ne pas partager le risque?

Imaginons un fonds public-privé de 150 M$. Le tiers viendrait de partenaires privés, des fortunes familiales, des entreprises ayant des capitaux à investir. Le deuxième tiers viendrait du gouvernement et le troisième de fonds d’investissement, comme la CDPQ, la FTQ et la CSN.

Un fonds de 150 millions de dollars destiné à investir dans nos start-ups avec une particularité. Un fond 100% à risque sans garantie à donner pour le jeune entrepreneur. Une sorte de bourse à l’entrepreneuriat québécois. S’il faut risquer pour réussir, et bien risquons.

Combien d’entrepreneurs doivent arrêter avant même d’avoir une chance de prouver quoi que ce soit parce qu’ils manquent de financement? Combien de fois se fait-on dire oui à un prêt de 15 000$.... en devant mettre en garantie 15 000$ (qu’on n’a pas!). Combien d’entreprises à succès ont-elles avorté parce qu’au Québec, on ne veut pas prendre de risques?

Ayant été dans cette situation à mes débuts, croyez-moi que j’aurais été encore plus motivé de rembourser ce fameux prêt sans garantie que de rembourser un prêt garanti par la maison de mes parents.

Une preuve de confiance, une occasion unique, la chance d’une vie. Un prêt qui permettrait à des centaines d’entrepreneurs de la relève d’avoir une chance de plus de réussir. Un prêt d’honneur qui leur donnerait des ailes. Un prêt qu’il leur permettrait de rester propriétaire de l'entreprise pour laquelle ils ont tout donné.

Eh oui, certains entrepreneurs ne pourront rembourser, certaines entreprises fermeront. Et alors? Qui n’a jamais connu d’échec? Qui a tout réussi ce qu’il a entrepris? Rappelez-vous de mon investisseur américain, il était prêt à perdre des millions pour faires des milliards.

En tant que citoyen, je préfère de loin prendre le risque de perdre 150 millions afin d’aider des jeunes entrepreneurs d’ici à réussir que de perdre 40 milliards en investissant maladroitement dans les papiers commerciaux aux États-Unis, entre autres! (Rappelez-vous de la perte historique de la CDPQ en 2008).

Nous avons un choix à faire comme société. Soit nous continuons comme nous faisons et laissons nos jeunes entrepreneurs abandonner par manque de moyens, soit nous nous retroussons les manches et travaillons en équipe afin de créer des succès entrepreneuriaux dont nous serons fiers pour ensuite profiter des retombées économiques.

Pour vouloir réussir en affaires, il faut être prêt à échouer.

À propos de ce blogue

Je me suis lancé en affaires quelques jours après avoir gradué de l’Université de Montréal en science politique. Un peu par hasard, beaucoup par folie, je suis devenu entrepreneur sans trop savoir ce qui m’attendait. Bien que ma première expérience en affaires fut catastrophique, je suis tombé en amour avec l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un des plus grand producteurs de spiritueux et prêt-à-boire en Amérique du Nord et ce ne sont pas les projets qui manquent! Depuis novembre 2015, je partage chaque semaine ici mes idées, mes opinions et ma vision sur le monde des affaires et les sujets de société qui m’interpellent. Bienvenu dans mon monde!

Nicolas Duvernois

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