Pour ou contre l'effet levier?

Publié le 01/08/2011 à 09:59, mis à jour le 01/08/2011 à 10:26

Pour ou contre l'effet levier?

Publié le 01/08/2011 à 09:59, mis à jour le 01/08/2011 à 10:26

Par Michel Marcoux

L’emprunt dans un objectif d’investissement

L’emprunt dans un objectif d’investissement, c’est-à-dire investir avec de l’argent emprunté (on parle également d’effet de levier), est une stratégie semblable à celle utilisée dans le cadre d’un emprunt hypothécaire, où l’on investit dans un bien mobilier à partir d’argent qui ne nous appartient pas. Habituellement, les gens utilisent l’argent qu’ils ont réussi à mettre de côté pour investir. Il s’agit généralement de petites sommes qui sont investies à intervalles plus ou moins réguliers. Dans le cas du recours à l’effet de levier, l’investissement se fait d’un seul coup et avec un montant plus important. Il s’agit d’une stratégie qu’on peut utiliser à l’extérieur comme à l’intérieur d’un régime enregistré (REER, CELI ou autres). Son but ultime est d’augmenter la valeur du patrimoine.

On utilise le terme effet de levier parce cette stratégie amplifie les gains et les pertes de l’investisseur. Quand le marché monte, il voit son portefeuille fructifier à un niveau qu’il n’aurait pas pu atteindre sans le prêt. Si le marché descend, par contre, il se retrouve avec une perte qu’il n’aurait jamais subie autrement.

Prenons un exemple. Nathalie emprunte 10 000 $ pour investir dans les parts d’un fonds commun de placement. Un an plus tard, la valeur de son placement atteint 12000 $. Elle se retrouve donc avec un gain brut de 2000 $.

Évidemment, elle devra verser des intérêts sur son prêt. Si ces intérêts s’élèvent à 500 $, le gain réalisé est de 1500 $, somme à laquelle il faudra soustraire l’impôt à payer. Nombreux sont les investisseurs qui ont alors le réflexe de penser qu’il s’agit d’une façon facile de faire de l’argent.

Mais l’effet de levier peut s’avérer coûteux lorsque le marché prend la direction inverse. Supposons que Pierre emprunte 10 000 $ pour investir et qu’un an plus tard, la Bourse ayant inscrit un recul important, son placement ne vaut que 8 000 $. Pierre subit donc une perte de 2 000 $, à laquelle il faut ajouter les intérêts de 500 $ à rembourser sur son prêt. Dans ce scénario, la perte totale est de 2 500 $.

Le risque associé au recours à l’effet de levier est donc plus élevé que celui que prend un investisseur qui n’utilise que les liquidités dont il dispose.

L’emprunt dans un objectif d’investissement

– une stratégie payante ?

L’emprunt dans un objectif d’investissement peut être une stratégie payante, mais à certaines conditions seulement. Comme je l’ai déjà expliqué, il faut éviter une baisse de la valeur du placement quand on utilise l’effet de levier. Pour diminuer le risque de baisse, il faut conserver son placement à long terme, idéalement au moins 10 ans. En effet, plus le placement est conservé longtemps, moins le risque de perte est grand. Prenons un exemple. Supposons qu’un investisseur puisse se procurer un placement qui reproduit de façon exacte le rendement du S&P/TSX (un indice d’actions canadiennes). Si on prend les 25 dernières années, un investisseur qui aurait acheté un placement répliquant l’indice, peu importe le mois de l’achat, et qui l’aurait conservé 10 ans aurait obtenu à coup sûr un rendement positif. En aucun cas, il ne se serait retrouvé avec un rendement négatif. Dans le pire des cas, il aurait obtenu un rendement annualisé de 4,61% (achat en février 1999 et vente en février 2009). Dans le meilleur des cas, si le placement avait été acquis en août 1990 et vendu en août 2000, le rendement annualisé aurait été de 15,59 %.

Supposons maintenant que le placement répliquant l’indice n’ait été conservé que deux ans. La probabilité de rendements négatifs est alors beaucoup plus grande. Sur les 25 dernières années, l’indice a inscrit 49 périodes de rendements négatifs sur 2 ans. La pire période (d’août 2000 à août 2002, associée à l’éclatement de la bulle technologique) correspond à un rendement annuel composé de -22,15 %. La meilleure (d’août 1998 à août 2000, associée à la bulle technologique) correspond pour sa part à un rendement annualisé 44,70 %.

Une longue période de détention permet de diminuer le risque en réduisant la probabilité de rendement négatif et l’importance des reculs que l’on pourrait subir. Enfin, quand son portefeuille est créé, l’investisseur doit s’assurer de ne pas s’éloigner de ses objectifs initiaux. Il arrive trop souvent que les investisseurs vendent au moment où le marché s’approche d’un creux et achètent quand il s’approche d’un sommet, ce qui produit des résultats désastreux. Je conseille plutôt de procéder à des rééquilibrages réguliers.

Les probabilités

Dans le domaine des probabilités, il faut se rappeler que les résultats peuvent varier selon différents paramètres, comme le taux d’intérêt créditeur, l’effet de levier utilisé et le rendement.

Prenons le cas de François, qui a utilisé l’effet de levier sur 10 ans (de février 1999 à février 2009), pour investir directement dans le S&P/TSX (on suppose ici qu’il n’y a aucuns frais de gestion ni d’autres frais). Avec un capital de 10000$ au départ, François obtient un rendement 4,61 % à la fin de la période. Son capital s’élève alors à 15 693 $. Mais le coût annualisé de son emprunt, pendant la même période, a été de 5 %, ce qui représente des intérêts de 6288$. François se retrouve donc avec une perte de 595 $, et ce, malgré le rendement positif enregistré par son placement. Le but de l’effet de levier consiste donc à produire un rendement plus élevé que le coût d’emprunt.

Moshe A. Milevsky, un professeur de l’Université York, s’est intéressé aux probabilités de pertes et de gains associées à l’effet de levier. Considérons un ratio de levier financier de 2 : 1. Par exemple, vous faites une mise de fonds de 10 000 $ et vous empruntez 10 000 $ pour un placement total de 20 000 $. Si l’emprunt est fait à un taux de 7 %, la probabilité de gain est de 46,7 %, tandis que la probabilité de perte est de 35,1 %.

La probabilité d’un gain est donc plus élevée que celle d’une perte. Intéressant n’est-ce pas ? Dans le contexte de l’emprunt, la probabilité de perte semble assez élevée, mais elle ne l’est pas beaucoup plus que dans une situation où il n’y a pas d’emprunt, la probabilité de perte étant alors de 31 % à court terme. L’emprunt n’augmente donc pas les probabilités de perte de façon démesurée. Toujours selon M. Milevsky, dans un contexte d’emprunt, la probabilité d’une baisse du capital de 25 % après un an est de 21,2 %.

Dans un cas sur cinq, donc, un investisseur perd le quart de son capital sur un an. Mais je rappelle ici que les pertes et les risques diminuent, jusqu’à devenir presque nuls, à mesure que le temps de conservation d’un produit financier augmente. Le plus grand risque pour un investisseur ayant recours au levier financier est que la valeur de son capital diminue et que son prêteur l’oblige à liquider son portefeuille pour se faire rembourser, et ce, au moment où le marché et la valeur du portefeuille sont à leur plus bas niveau. Dans ce genre de situation, les pertes peuvent être considérables. Selon le professeur Milevsky, les probabilités de gain seront plus élevés en utilisant un ratio d’emprunt de 3 :1, c’est-à-dire emprunter 75 000$, pour une mise de fond de 25 000$. Nous trouvons normal ce type de ratio pour le financement d’un plex, pourquoi sommes-nous plus réticent quand on parle de placement en valeur mobilière?

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