Commerce électronique: les détaillants du Québec pressés d'arriver en 2015

Publié le 01/10/2015 à 16:02, mis à jour le 02/10/2015 à 04:10

Commerce électronique: les détaillants du Québec pressés d'arriver en 2015

Publié le 01/10/2015 à 16:02, mis à jour le 02/10/2015 à 04:10

(Photo: iStock)

«La technologie est là. Les consommateurs sont prêts. Il ne manque plus que vous».

C’est en ces termes que Léopold Turgeon, président-directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), a volontairement tenté de brasser la cage des détaillants québécois encore hésitants à prendre le virage électronique à l’occasion de l’événement eCommerce-Québec 2015 qui se tenait jeudi à Montréal.

Au cours de la dernière année, près de la moitié des Québécois ont fait un achat en ligne. Mais des 6,6 G$ d’achats en ligne effectués l’an dernier, seulement 26% (1,7 G$) l’ont été sur des sites de détaillants québécois, selon une étude conjointe du Cefrio et de l’Institut du Québec (IDQ).

Contrairement aux années dernières, pas question cependant de blâmer les consommateurs. «Comment leur en vouloir?», a fait valoir Raymond Bachand, l’ex-ministre libéral agissant en outre aujourd'hui comme président du conseil de l’IDQ. La dure réalité est qu’encore seulement 14,5% des détaillants de plus de 5 employés et plus au Québec disposent d’un site internet transactionnel, et seulement 50%, lorsqu’on prend en compte que les entreprise de 100 employés et plus.

«Arrivez en 2015, n’a pas hésité à s’exclamer François Charron, ex-animateur de télé devenu expert web et président de Votresite.ca en ouverture de conférence. Regardez la date sur votre téléphone. Ce n’est pas croyable qu’encore moins de 15% des détaillants d’ici soient en ligne. À force d’hésiter, vous êtes en train de devenir le showroom de tous vos compétiteurs qui font déjà du commerce électronique.»

Les possibilités de gains sont pourtant de plus en plus évidentes. Actuellement, les ventes en ligne comptent pour 9,5% des ventes des détaillants qui ont fait le saut. En moyenne, on parle de 474 866$ de revenus pour un détaillant québécois. Mais surtout, les chiffres du Cefrio et de l'IDQ nous apprennent que 77% de ces sommes proviennent de consommateurs du Québec, contre seulement 11% ailleurs au Canada et 3% aux États-Unis.

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Jacques Nantel, spécialiste de la question chez HEC Montréal, voit dans ces derniers chiffres des possibilités d’expansion inégalée dans l’histoire du commerce au Québec. «Et si en plus vous vendez des produits uniques le marché de l’exportation s’ouvre à vous, assure-t-il. Ça ne se fera pas tout seul, mais ça devient plus que jamais possible.»

Mais pour ce faire, sans dépenser des fortunes, les détaillants doivent avoir le courage d’investir. Altitude Sports l’a fait; aujourd’hui 70% de ses revenus proviennent de l’extérieur du Québec. On ne parle plus du risque d’investir trop tôt dans le commerce électronique, affirme M. Nantel. «Le risque, de plus en plus maintenant, est de s’y mettre trop tard.»

Le drame, selon Claire Bourget, directrice principale de la recherche et marketing du Cefrio, est que les détaillants du Québec hésitent non seulement à faire le saut, mais également à investir les sommes minimums requises pour s’imposer sur la toile. Selon les dernières données, 42% des entreprises du détail au Québec ont investi moins de 10 000$ dans leur stratégie numérique l’an dernier. Et pour la prochaine année, la situation ne s’améliore pas : 44% prévoient investir cette somme.

«C’est alarmant, déplore-t-elle. Il faut comprendre que c’est un investissement pour l’avenir. Plus on investi, plus ça rapporte.»

À partir des données du Cefrio, l’IDQ estime qu’en doublant le niveau des ventes électroniques au Québec par raport aux ventes totales des détaillants, de 2,4% actuellement à 5,2% (le niveau observé aux Etats-Unis), les ventes des détaillants québécois pourraient s’accroîtrent de 2G$ annuellement, augmentant du coup les recettes fiscales aux gouvernements de 193M$ supplémentaires.

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