Trump sauve des emplois dans l'Indiana, mais…

Publié le 16/12/2016 à 15:49, mis à jour le 17/12/2016 à 14:07

Trump sauve des emplois dans l'Indiana, mais…

Publié le 16/12/2016 à 15:49, mis à jour le 17/12/2016 à 14:07

Photo: Gettyimages

En novembre dernier, le fabricant de climatiseurs et produits de chauffage Carrier a annoncé qu'il préserverait plus de 1000 emplois dans ses usines de l’Indiana. En février 2016, la société avait pourtant dit qu’elle fermait deux de ses usines afin de transférer la production au Mexique, ce qui touchait 2100 postes.

Le candidat républicain Donald Trump avait promis lors de sa campagne électorale qu’il sévirait afin de décourager fortement les sociétés américaines à agir ainsi. Dans le cas de la société parente de Carrier, United Technologies (N.Y., UTX), soulignons que 10% de ses revenus proviennent du gouvernement américain.

Sans même commencer à négocier, M. Trump disposait de bons arguments pour convaincre. Notons également que l’entreprise bénéficiera de certains incitatifs fiscaux provenant de l’état d’Indiana. Tout semble donc beau, tout le monde est heureux, n’est-ce pas?

Une entrevue de Jim Cramer avec Greg Hayes, chef de la direction de United Technologies, a révélé que 16 millions de dollars américains seront investis dans l’usine, afin d’améliorer la productivité pour demeurer compétitif.

Comme on le sait, les salaires aux États-Unis sont bien plus élevés que ceux de leur voisin du sud. Au Mexique, les employés qui auraient hérité des emplois prévus auraient reçu 3$ l’heure. En sol américain, ces mêmes emplois pouvaient coûter jusqu’à 26$ l’heure. Ajoutons à cela le fait que les taux de rotation et d’absentéisme au travail s’avèrent nettement meilleurs au Mexique. Comment la direction compte-t-elle palier à ce coût d’opportunité? Voilà à quoi serviront entre autres les 16 millions de dollars d’investissement: l’automatisation.

De plus en plus, les robots remplacent les emplois manufacturiers. À 3$ de l’heure, l’incitatif pour investir dans une telle technologie demeure faible. À 26$, on refait évidemment les calculs! Soudainement, on est prêt à débourser de gros sous pour suivre la tendance de la robotisation. Lors de l’entrevue, M. Hayes a admis qu’il se perdra éventuellement des emplois.

Nous assistons au même phénomène chez plusieurs entreprises où d’importantes discussions sur le salaire minimum ont lieu. Les chaînes de restauration rapide constituent un bon exemple. Selon Andy Puzder, chef de la direction de CKE Restaurants, comprenant 3300 emplacements: «Avec le gouvernement qui augmente le coût de la main-d’œuvre, et l’automatisation qui devient plus abordable, il ne faut pas avoir la science infuse pour comprendre ce qui se passe.»

Il ne faut pas se leurrer. L’automatisation prendra de plus en plus de place dans nos vies. Peu importe le comportement des travailleurs. Les pressions pour augmenter les salaires des postes assujettis au remplacement par des robots ne font qu’accélérer le processus, puisque les investissements nécessaires deviennent rentables plus rapidement.

Nous comprenons parfaitement ce qui motive un travailleur gagnant le salaire minimum à exiger 15$ de l’heure. On parle d’augmentations substantielles en pourcentage. Toutefois, en cas de succès, ils ont intérêt à essayer de prévoir le coup. Nous faisons allusion au fait de profiter des hausses soudaines pour en mettre un peu de côté, que ce soit pour les études futures ou d’autres projets, et ainsi avoir un plan B autant que possible. 

Donald Trump réussira certainement à sauver un certain nombre d’emplois, mais il contribuera également à l’accélération d’une tendance qui va affecter un bien plus grand nombre de travailleurs.

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

 

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