Quand vendre un titre?

Publié le 03/11/2009 à 20:13

Quand vendre un titre?

Publié le 03/11/2009 à 20:13

BLOGUE. Un lecteur nous a récemment demandé comment connaître le moment idéal pour vendre l'un de ses titres. Le titre en question est R.G. Barry Corporation (DFZ-Q), qui se transige actuellement à 9.00$. Comme nous avions nous-mêmes ce titre et que nous venons tout juste de le vendre, nous tenterons d'expliquer pourquoi.

R.G. Barry fabrique des pantoufles, et leur plus gros client est Wal-Mart. Le président Greg Tunney, qui est en poste depuis seulement 3 ans, a procédé à beaucoup de changements au sein de la compagnie pour la rentabiliser. Le bilan de Barry est excellent, mais les perspectives de croissances ne sont pas très élevées. En ce qui nous concerne, il ne s'agissait pas d'un investissement à long terme (c'est-à-dire, 5 à 10 ans).

Lorsque nous avions acquis le titre à moins de 6$ plus tôt cette année, nous entrevoyions deux catalystes pour justifier son éventuelle appréciation : un généreux versement de dividende et une augmentation rapide des profits grâce aux économies réalisées par les stratégies de M. Tunney. Au bilan, l'encaisse s'élevait à 25$M nette de dettes, comparativement à une valeur totale au marché de 64M$. Comme on pouvait s'attendre à des profits d'au moins 7M$, on obtenait un ratio cours / bénéfice inférieur à 6, une fois l'encaisse soustraite.

Compte tenu de la faible évaluation et de la solidité du bilan, le risque était faible. Plus tard après avoir acquis le titre, les résultats du 30 juin ont été publiés : ils étaient peu convaincants. Quant au versement de dividende spécial, nous avons eu droit à 25 cents par action au printemps. C'était bien peu, comparativement à l'encaisse disponible. Nous pensons que la direction cherche à faire une acquisition importante, ce qui nous intéressait moins. Nous aurions préféré une distribution de l'encaisse aux actionnaires (rachat d'actions ou dividendes).

Bref, le titre s'est apprécié depuis, et nous avons vendu les parts à 9$ et à 8.50$, avant de connaître les résultats du 30 septembre. Et comme ces résultats ont été très positifs, nous aurions probablement conservé notre investissement un peu plus longtemps si nous avions attendu. Cependant, nous n'étions pas prêts à courir le risque d'être déçus.

Pourquoi avoir vendu? Combien de gains faut-il faire avant de vendre?

Il n'y a pas de réponse facile à cette question, mais nous pouvons cependant affirmer que l'on ne devrait jamais vendre un titre parce que l'on a obtenu un gain quelconque (exemple : après 20 ou 30%, on vend systématiquement). Lorsque nous vendons, nous regardons toujours en avant. C'est le profit potentiel qui compte, jamais le profit passé! Si vous possédez un titre en portefeuille dont les résultats à chaque trimestre sont excellents, vous devriez logiquement le garder, à moins qu'il ne s'apprécie trop vite par rapport à sa vraie valeur. Par exemple, si les profits croissent de 30% par année et que le titre s'apprécie de 30% au bout d'un an, vous obtenez exactement la même aubaine qu'avant. En quoi serait-ce logique de le vendre? Pourquoi se contenter de 30% si le titre peut rapporter 4 fois plus?

 Dans le cas de R.G. Barry, le titre s'était apprécié plus vite que sa valeur intrinsèque selon nous. Le titre devenait donc moins intéressant, à moins d'espérer de très bons résultats dans le futur. Et comme nous avons trouvé des aubaines, particulièrement dans le secteur financier, nous n'avons pas eu de difficulté à le vendre. En fait, il est bien plus facile de prendre une décision lorsque l'on sait que l'on pourra remplacer le titre par un autre investissement encore plus intéressant.

À 9$ par action, Barry affichait une valeur boursière d'environ 96M$. Si on ne tient pas compte de l'encaisse (puisque la direction ne semble pas pressée de la distribuer de toute façon), on aboutit à un ratio cours / bénéfices d'un peu moins de 14. Il est clair que l'appréciation du titre a influencé notre décision. Mais c'est bien par rapport aux résultats financiers et à son évaluation. Jamais parce cela nous donnait un gain à réaliser! En fait, le rendement final a été plutôt décevant. Nous espérions davantage au départ.

 Comme dans tous les investissements, nous pensons qu'il faut constamment analyser et réviser les perspectives selon les résultats financiers (et le prix en bourse, bien sûr). C'est la seule façon selon nous de maximiser les gains à la vente (et de limiter les pertes, dans le cas contraire).

 

 

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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