Payer pour du rendement, est-ce payant?

Publié le 25/02/2017 à 11:44

Payer pour du rendement, est-ce payant?

Publié le 25/02/2017 à 11:44

(Photo: 123rf.com)

Lorsqu’on s’adonne à la recherche d’un gestionnaire pour prendre en charge son portefeuille, l’un des éléments les plus considérés constitue les frais de gestion. À défaut d’obtenir une garantie de rendements, un investisseur peut maximiser ses gains en s’assurant de payer un frais raisonnable ou modique.

Cependant, nous devons définir ce qu’est un «frais raisonnable». Certaines personnes estiment qu’il s’avère peu avantageux de dépasser les pourcentages de frais formant la norme de l’industrie. Ainsi, si la moyenne oscille entre 2% et 3% pour les fonds mutuels et distincts comportant majoritairement des actions, payer un montant supérieur serait perçu comme étant abusif. Or, afin d’établir une comparaison entre différentes offres de service de gestion, on se doit d’évaluer ce que l’on obtient en échange de ces frais. Une gestion passive, pour laquelle aucun temps ou presque n'est consacré à la sélection de titres, se doit d'être accompagnée de faibles coûts. 

Dans le même esprit, regardons le cas de la firme américaine Renaissance Technologies, pour ne nommer qu’un exemple. Son fonds «Medallion» comprend plusieurs milliards de dollars et est disponible seulement pour les employés de la firme. Alors que bien des fonds spéculatifs sont réputés pour imposer des frais jugés élevés (2% à la base, en sus de 20% de tous les profits), le fonds Medallion comporte un frais de base de 5% ainsi qu’un frais de performance de 44%! Ainsi, si le rendement d’une année s’élevait à 10%, il ne resterait plus grand-chose une fois les coûts payés. Pourtant, malgré ceux-ci, le fonds a engendré une moyenne de rendement de 35%, grâce à l’utilisation d’algorithmes sophistiqués élaborés par leur imposante équipe de gestion! Il s’agit bien du montant net des frais. Bien des gens auraient aimé participer à ce fonds, en dépit des coûts onéreux.

Par conséquent, vous devez surtout porter attention aux rendements nets des frais, et vous assurer de comparer des fonds ou gestions de portefeuille similaires. Les fonds négociés en Bourse (FNB) offrent habituellement une exposition à des catégories d’actifs bien spécifiques. Par exemple, si vous optez pour un FNB qui calque le S&P 500, vous comparerez les frais avec un autre véhicule d’investissement dont les actifs s’avèrent similaires. Ainsi, toute économie concernant les coûts constituera un réel rendement additionnel pour cette catégorie d’actif.

Une personne qui chercherait à investir dans un véhicule similaire au fonds Medallion de Renaissance Technologies pourra difficilement établir une comparaison juste, puisque qu’il constitue un fonds unique en son genre. On doit donc tenir compte du talent des gestionnaires ainsi que du travail qu’ils doivent effectuer pour engendrer leurs rendements. Par exemple, le style «valeur» (en anglais: value investing), si appliqué de façon rigoureuse, requiert beaucoup de temps et d’énergie. En effet, chaque fois qu’un titre se rapproche de sa valeur estimée, il doit être remplacé ou pondéré différemment. Par conséquent, une recherche constante d’idées d’investissement est nécessaire, exigeant un travail analytique approfondi et continu.

Pour conclure, un frais de 0,5% peut s’avérer moins intéressant qu’un frais de 5%. Tout dépend de ce que vous obtenez en retour. Toutefois, dans le cas des frais plus élevés, priorisez les structures de rémunération variant en fonction du rendement, et dont les frais deviennent modiques en cas de sous-performance. Ainsi, vous vous assurerez de ne pas payer le gros prix en cas de déception.

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Bourse: la Banque Royale fait trembler le marché des actions privilégiées

BALADO. La Banque Royale envoie un signal clair qu'elle pourrait racheter toutes ses actions privilégiées.