Parier à nouveau sur la solvabilité de Sears Holdings?

Publié le 28/08/2016 à 12:41

Parier à nouveau sur la solvabilité de Sears Holdings?

Publié le 28/08/2016 à 12:41

La semaine dernière, Sears Holdings (NASDAQ, SHLD) a annoncé comme d’habitude des résultats décevants. Les pertes continuent de s’accumuler et d’affaiblir tranquillement la position financière de la société. Probablement pour amenuiser les inquiétudes face à sa solvabilité à moyen ou long terme, son chef de la direction, Eddie Lampert, lui a prêté un montant additionnel de 300M$US. Soulignons que les ventes comparables (magasins ouverts depuis au moins un an) ont chuté de 3,3% pour Kmart et 7,0% pour Sears.

Nous avons toujours été quelque peu sceptiques quant à la stratégie de marketing «Shop Your Way», qui se veut un programme de récompenses pour fidéliser la clientèle. Nous estimions qu’avec l’essor des détaillants comme Wal-Mart Stores (N.Y., WMT) et Target (N.Y., TGT), Sears se retrouvait coincée entre ces derniers qui vendent à fort escompte, et les boutiques spécialisées ou autres détaillants vendant de la qualité à plein prix. En outre, sa stratégie nous semblait floue, puisque d’un côté, on vantait la quantité d’actifs de qualité qu’elle possédait (immobilier et marques de commerce), et de l’autre, on insistait sur la poursuite des activités de ventes au détail avec leur fameux programme de récompenses. La direction espérait-elle fait un coup d’argent en vendant les actifs à court ou moyen terme, ou espérait-elle plutôt poursuivre et améliorer ses opérations, ce qui aurait nécessité d’importants investissements?

Malgré cette incertitude, nous avions effectué un petit pari en 2014 à l’effet que l’entreprise ne déclarerait pas faillite avant le mois de janvier 2016 (tel qu’expliqué dans ce blogue). Répèterions-nous l’expérience aujourd’hui alors que le titre a cédé plus de 40%?

À l’époque, Sears Holdings détenait plus d’actifs intéressants à vendre, sans compter que depuis quelques temps, la compétition dans la vente au détail s’est grandement accrue. Amazon.com semble gruger de plus en plus de parts de marché avec ses ventes en ligne. Les autres détaillants ont dû avoir recours à des stratégies assez agressives pour contrer cette menace, intensifiant la compétition de façon générale chez la plupart des détaillants. 

En outre, les pertes se sont accumulées. Il s’agit d’argent qui s’est vaporisé et qui n’est plus là. Dans un tel contexte, on devrait s’attendre à ce que les options de vente se transigent plus cher qu’à l’époque pour tenir compte du risque plus élevé à notre avis. Hélas! Nous observons plutôt le contraire : les primes ont baissé.

Selon les données disponibles sur le site de Yahoo.com en ce moment (cliquer ici), en tentant d’obtenir des conditions semblables, nous arrivons à une prime correspondant à environ 22% du prix d’exercice, comparativement à 33% auparavant. Autrement dit, c’est comme si les investisseurs éprouvaient moins de craintes face à une faillite possible de l’entreprise qu’à l’époque, alors que la société s’est déjà départie de plusieurs actifs de qualité, comme l’immobilier transféré à Seritage Growth Properties (N.Y., SRG) en 2015.

Nous estimons qu’il est normal qu’un investisseur obtienne moins de primes qu’auparavant : nous pensons plutôt qu’elles avaient atteint des niveaux nettement exagérés en 2014! En observant les options sur une base régulière, nous découvrons parfois des anomalies intéressantes, tout comme dans le prix des actions traditionnelles en Bourse.

Warren Buffett a déjà discuté publiquement de ses ventes d’options sur le titre The Coca-Cola Company (N.Y., KO) ainsi que sur l’indice S&P 500. Cependant, voici une citation intrigante moins connue, parue dans le Washington Post, le 9 avril 2002, suggérant qu’il a beaucoup d’expérience en la matière : «J’ai acheté et vendu des options pendant 40 ans».

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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