Investissement passif ou actif, lequel choisir?

Publié le 12/11/2017 à 13:15, mis à jour le 18/11/2017 à 12:25

Investissement passif ou actif, lequel choisir?

Publié le 12/11/2017 à 13:15, mis à jour le 18/11/2017 à 12:25

Reconnu comme étant le plus ardent défenseur de l’investissement passif, Jack Bogle ne mâche pas ses mots lorsqu’on lui demande quoi faire quand un investisseur ne peut se contenter de laisser l’indice faire tout le travail pour lui: «Séparez votre argent dans un compte d’investissement à long terme ainsi que dans un autre pour la spéculation à court terme à raison d’un maximum de 5% du portefeuille». «Tentez votre chance dans les actions si vous voulez, car cela vous donnera la possibilité de laisser libre cours à vos impulsions spéculatives.»

M. Bogle a fondé le premier fonds indiciel disponible au public en 1976. Armé de sa longue expérience des marchés, il fait figure de sagesse en incitant les investisseurs à opter simplement pour les indices boursiers américains, et à ne pas chercher à battre les marchés. Dans sa lettre annuelle de 2016, Warren Buffett ne tarit pas d’éloges à son égard, en mentionnant que M. Jack constituait un héros pour les investisseurs ainsi que pour lui-même!

Sans aucun doute, il existe plusieurs avantages à l’investissement indiciel. Cette approche requiert peu de temps. Il suffit d’acheter graduellement l’indice, peu importe sa valeur, au fur et à mesure que l’investisseur épargne. Le second avantage réside dans son faible coût. En n’ayant pas de gestionnaires à payer pour tenter de surpasser le rendement des marchés, le coût de détention devient presque négligeable. Finalement, pour les comptes qui ne sont pas à l’abri de l’impôt, on bénéficie d’un avantage fiscal en évitant de vendre avant d’avoir besoin de l’argent.

Qu’en est-t-il vraiment pour ceux qui souhaitent réellement «donner libre cours à leurs impulsions de spéculation», sans se limiter au faible pourcentage de 5% du portefeuille?

Certes, il s’avère possible de battre les marchés, et ce, même en incorporant des frais de gestion quelconques. La difficulté réside dans le temps requis pour y arriver à long terme. Bien des investisseurs surestiment leur capacité à cet égard, pour la simple raison qu’ils refusent de se contenter des rendements que peuvent offrir les indices à long terme. C’est pourquoi le conseil de M. Bogle s’adresse à une majorité d’investisseurs, sachant que très peu d’entre eux sauront tirer leur épingle du jeu.

En tant qu’investisseurs actifs, nous nous posons donc la question: lorsqu’un grand nombre d’épargnants optent plutôt pour la gestion passive qu’active, sommes-nous avantagés? À première vue, on pourrait avoir le réflexe d’affirmer que oui. Si un grand nombre d’investisseurs achètent tous les titres sans égard à ceux qui sont sous-évalués ou surévalués, nous pourrions penser que cela rend les titres sous-évalués plus disponibles pour nous. Moins de compétition signifie plus de facilité à engendrer des profits. Pas vrai?

Toutefois, en réfléchissant un peu plus loin, on réalise que les belles occasions sont souvent créées par les «mauvais» investisseurs. Il suffit de songer au problème de la «London Whale» chez JP Morgan (N.Y., JPM) en 2012, alors que la société annonçait une perte en lien avec un de leurs investissements qui équivalait à seulement trois mois de profits. Les actionnaires ont paniqué, et le titre a rapidement cédé le tiers de sa valeur.

Si la majorité des actionnaires de cette banque était constituée d'investisseurs passifs, le titre n’aurait pas réagi aussi fortement. Par conséquent, l’investisseur actif opportuniste n’aurait jamais pu saisir ce titre à si bas prix.

Il existe donc trois grandes catégories d’investisseurs: les investisseurs passifs, les investisseurs actifs qui battent les marchés et ceux qui obtiennent moins que les marchés (que ce soit dû à des choix médiocres ou des frais de gestion élevés). L’essentiel ici ne consiste pas à devenir un as du placement, mais plutôt de bien connaître dans quelle catégorie vous vous retrouvez! À défaut de battre les indices, on doit s’assurer d’au moins bénéficier du même rendement que ceux-ci à long terme. Dans cette optique, le conseil de M. Bogle est bien empreint de sagesse.

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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