Les taux d’intérêt vont-ils rester bas encore longtemps?

Publié le 31/07/2016 à 16:06

Les taux d’intérêt vont-ils rester bas encore longtemps?

Publié le 31/07/2016 à 16:06

(Photo: 123rf.com)

Voilà une question pour qui la réponse fournirait un solide indice dans sa prise de décision. Il peut s’agir d’un jeune couple convoitant une maison de 400 000$. À 3% d’intérêt, l’hypothèque demeure abordable. À 6%, on assiste peut-être à un scénario totalement différent. Les épargnants quant à eux, voudraient savoir s’ils peuvent acheter des obligations à long terme. Le cas échéant, ils recevront davantage d’intérêts. Par contre, si les taux grimpent, leur capital risque de s’éroder.

La question sera constamment posée, mais les réponses demeureront sans certitude. Warren Buffett avait mis en garde les gens en 2012, signalant que les obligations figuraient parmi les actifs les plus dangereux, et que les investisseurs devraient s’en tenir loin. Trois plus tard, il déclarait qu’il avait eu tort jusqu’à présent. Il était difficile pour lui de concevoir qu’on pouvait arroser l’économie avec autant de liquidités, sans créer d’inflation.

À l’opposé, Colin Barr du Wall Street Journal suggère le prolongement des taux actuels pour longtemps. Dans son article du 13 juillet 2016 (cliquer ici), il explique que les bas taux sont la conséquence des choix politiques et économiques faits lors des dernières décennies. On compte sur l’emprunt à coût modique pour fouetter la croissance, tout en augmentant le poids de la réglementation dans le monde corporatif.

D’un côté les bas taux stimulent l’économie, mais de l’autre côté, les opportunités d’affaires deviennent moins propices à la création directe ou indirecte d’emplois. Donc, la reprise tant attendue de la croissance économique ne se manifeste jamais. Comme nos gouvernements accusent des déficits, ils auront peut-être besoin à nouveau d’autres baisses de taux. Étant presque à zéro, on parle alors de plus en plus de «taux d’intérêt négatifs».

Ironiquement, les taux bas repoussent à plus loin la nécessité d’équilibrer les budgets, et créent une sorte de statu quo. En empruntant à des taux ridicules, un gouvernement peut poursuivre, voire creuser son déficit bien plus longtemps. Comme il s’agit de factures d’épicerie, et non d’investissements dans le futur, on ne fait que consommer aujourd’hui sur le dos des générations à venir (à moins de faire défaut!). Quant aux investisseurs, ils s’inquiètent constamment du manque de croissance et des incertitudes qui en découlent, et se tournent donc vers les obligations. Le gouvernement ne manque pas de preneurs pour sa dette. Ajoutons à cela la réglementation aux États-Unis, qui – quelle coïncidence! - favorise l’achat de dettes souveraines par les financières pour rencontrer les exigences en matière de capital: il suffit que l’on commence à parler de défaut pour provoquer un mouvement de panique.

Les taux peuvent demeurer bas pendant encore un certain temps. Nous croyons cependant que la situation évolue vers quelque chose de potentiellement déplaisant pour les épargnants qui favorisent les instruments à revenus. Lorsque ceux-ci commenceront à calculer raisonnablement leurs chances d’être remboursés un jour, ils risquent de ne plus se contenter de miettes en échange de l’utilisation de leurs épargnes.

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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