Les milléniaux sont en train de commettre une erreur

Publié le 27/01/2018 à 06:00

Les milléniaux sont en train de commettre une erreur

Publié le 27/01/2018 à 06:00

Les erreurs se répètent d'une génération à l'autre. On devrait étudier davantage l'histoire de la Bourse.

Le S&P 500 a connu une belle progression depuis la crise financière. L’an passé, son rendement incluant les dividendes s’approchait des 22%, après avoir enregistré 12% pour 2016. En incluant les dividendes, il n’a jamais été négatif depuis 2008. Sans surprise, son évaluation est devenue moins attrayante, ayant atteint 25 fois les profits courants. C’est aussi sans surprise que nous constatons qu’aux États-Unis, 33G$US auraient été investis dans des fonds d’actions en une semaine seulement, constituant un signe probable de surchauffe dans le marché boursier.

Un sondage effectué par BlackRock révèle que les milléniaux s’intéressent de plus en plus au marché boursier. Le titre de l’article qui en fait mention en dit long : «Les milléniaux craintifs sont enfin prêts à tenter leur chance dans le marché boursier.» Le raisonnement se voudrait ainsi: la société aurait appris sa leçon, et s’est améliorée suffisamment, particulièrement dans le monde financier, pour éviter qu’une autre crise ne survienne. En fait, des mesures concrètes auraient été instaurées pour s’en assurer. Par conséquent, voilà un excellent moment pour commencer à investir, alors que le S&P 500 s’est apprécié de 325% depuis son creux!

Loin de nous l’idée de prédire une correction pour 2018. Avec les mesures mises en place par l’administration Trump, dont la réforme fiscale, le rapatriement des profits étrangers ainsi que les déductions d’impôts sur investissements, l’année en cours pourrait s’avérer très profitable. Cependant, il ne fait nul doute dans notre esprit que les meilleures années font partie du passé. L’an 2009 constituait le moment idéal pour débuter en Bourse. Nous avons bénéficié de l’embarras du choix, entre les aubaines «extraordinaires» et les «bonnes» aubaines. À l'époque, on laissait de côté ces dernières, alors qu’aujourd’hui, nous nous estimons heureux lorsque nous en dénichons une. Ne pas investir à cette époque s’est avéré une grande erreur.

Nous comprenons qu’il existe des personnes qui ne peuvent tolérer la volatilité. Dans ce cas, vaut mieux éviter les marchés boursiers. Un bon sommeil et une bonne santé valent mieux qu’un bon portefeuille. Toutefois, s’intéresser à la Bourse maintenant alors qu’on préférait demeurer sur les lignes de côté au meilleur moment d’y investir dénote un comportement irrationnel

Une erreur que répètent constamment les investisseurs, c’est de craindre un événement qui s’est produit récemment. Or, ce que l’on droit craindre, c’est ce qui ne s’est pas produit depuis longtemps, ou ce qui n’est jamais encore arrivé. Il existe en ce moment des risques bien réels. Voici une petite liste non exhaustive :

- Montée rapide des taux d’intérêt

- Importante hausse de tension entre la Corée du Nord et les États-Unis

- Éclatement de la bulle des monnaies virtuelles et ses répercussions sur les marchés

- Faillite d’un ou plusieurs pays en Europe

- Ralentissement significatif ou récession en Chine

- L’énormité de la dette aux États-Unis

Le dernier risque énuméré n’est pas à prendre à la légère. Peu de gens s’en inquiètent, puisque personne n’a encore commencé à paniquer à ce sujet. Pourtant, cette dette augmentant constamment, nous finirons par en entendre parler. Les répercussions pourraient s’avérer désastreuses sur l’évaluation des titres en Bourse.

Le problème ne réside pas dans le fait d'investir aujourd'hui, mais plutôt dans l'expectative que les risques se sont estompés. Beaucoup de milléniaux s’apprêtent à commettre l’erreur d’investir en fonction des quelques années passées. Si les marchés plongeaient, auraient-ils le réflexe d’investir davantage, ou plutôt d’attendre encore d’excellentes années de rendement avant de revenir en Bourse? Plusieurs d'entre eux courent à la déception.

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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