Les CPG boursiers: explication plausible des restrictions

Publié le 05/10/2016 à 16:03

Les CPG boursiers: explication plausible des restrictions

Publié le 05/10/2016 à 16:03

Les CPG boursiers peuvent sembler bien complexes, comme le mentionne M. Germain dans sa chronique. Cependant, nous avons notre petite idée sur la façon dont ces produits seraient construits. Tentons de les démystifier, afin d’aboutir à une meilleure compréhension des restrictions qui y sont rattachées (profits potentiels et liquidité). 

Utilisons un exemple typique et simple. Un CPG (certificat de placement garanti) boursier offre un rendement potentiel total de 4,5% sur 2 ans (2,23% composé annuellement), avec aucun rendement minimum. Prenons un montant de 100 000$.

Pour garantir les rendements, l'institution en question peut investir la majorité du capital dans des obligations corporatives ou tout autre actif sécuritaire de même échéance, soit deux ans. L’essentiel consiste à placer un montant suffisant afin d’obtenir 100 000$ à la fin, en tenant compte des intérêts perçus sur les obligations. Donc, si l’on perçoit un peu plus de 1,5% par an, le montant nécessaire serait d’environ 97 000$. Ainsi, au bout de deux ans, on retrouve le 100 000$ initial qui pourra vous être remis, peu importe la performance des marchés. On respecte donc la garantie.

Que fait-on avec les 3000$ non investis? Afin de participer «partiellement» à la croissance des marchés, on peut utiliser cet argent pour acquérir une option d’achat de même échéance. En nous servant de celles qui sont disponibles sur la Bourse de Chicago pour le S&P 500 à titre indicatif, nous obtenons un coût d’environ 9000$ (9% du montant). Cette option d’achat permet de participer à 100% à la hausse des marchés immédiatement. Comme le coût s’avère trop élevé, on devra réduire considérablement le coût de cette participation avec une autre option d’achat, en la vendant cette fois-ci,  avec toutefois un prix d’exercice supérieur. Autrement dit, on «achète» la hausse des immédiate des marchés, mais on «vend» toutes les hausses suivantes. En combinant les deux options, on obtient un profit potentiel de 4,5%, pour un coût de 2%*. Donc, possibilité de gagner 4500$, avec un débours de 2000$ seulement.

Comme votre argent n’est pas investi directement dans des titres boursiers, les fiches descriptives indiqueront que les rendements découlent du panier de référence, qui peut prendre la forme d’un indice ou de plusieurs titres précis.

D’où viendraient alors les profits à l’échéance s’il ne s’agit pas d’un investissement réel? Nous pensons que la partie opposée, soit celle qui verse les profits en cas de hausse boursière, constitue l’entité qui détient réellement les titres. Il peut s’agit d’une société d’assurance ou d’un fonds de pension en quête de revenus. Par exemple, si une telle institution possède un portefeuille avec des actions, elle pourrait décider de vendre une option, ce qui limiterait ses profits en cas de hausse boursière. Ainsi, dans l’exemple ci-haut, elle recevrait 2000$, soit 2% de rendement garanti sur les 100 000$ qu’elle possède, en échange du sacrifice des prochains 4,5% de hausse boursière. Ce genre de stratégie réduirait un peu son risque,  grâce à la prime perçue, et lui procure quelques liquidités additionnelles immédiates. Dans le climat actuel des taux d’intérêt très faibles, ce genre de compromis peut s’avérer intéressant, puisque la prime s’ajoute aux dividendes perçus sur les actions.

Dans la réalité, les institutions financières peuvent créer elles-mêmes les produits dérivés pour combler le besoin des deux partis impliqués. C’est pourquoi elles peuvent bâtir leur offre de produits sur 5 ans, soit une échéance qui n’est pas disponible pour les options à la Bourse de Chicago.

Il restait 1000$ non utilisé dans l’exemple ci-haut. Nous avons réservé un montant pour l’entremetteur, soit la commission pour l’institution qui émet le produit. En vérité, il peut s’agir d’un tout autre montant, et tous les chiffres fournis dans l’exemple ne constituent que des hypothèses. L’institution pourrait également prêter ces fonds étant donné qu’elle est assurée de les conserver durant tout le terme, et ainsi obtenir un meilleur taux. Cependant, on peut facilement comprendre pourquoi le rendement potentiel est si limité, puisque pour acheter les options et pour se rémunérer, on doit puiser à même les intérêts perçu sur les obligations ou le prêt.

À noter qu’avec une échéance plus longue, on peut considérablement augmenter le rendement potentiel du CPG boursier, puisque d’une part, on dispose de plusieurs années d’intérêts pour payer les options, et d’autre part, le taux versé sur une obligation à long terme ou sur un prêt à terme s’avèrera plus élevé.

 *Données prises des options du S&P 500 échéant en décembre 2018,  pour un prix d’exercice de 2150 pour l’option achetée, et de 2250 pour l’option vendue. Pour les habitués des options, cette stratégie s’appelle en anglais «bull call spread». 

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Bourse: la Banque Royale fait trembler le marché des actions privilégiées

19/04/2024 | Denis Lalonde

BALADO. La Banque Royale envoie un signal clair qu'elle pourrait racheter toutes ses actions privilégiées.