Le dilemme de la Grèce

Publié le 11/07/2015 à 21:23

Le dilemme de la Grèce

Publié le 11/07/2015 à 21:23

Samedi, les membres de la zone euro se sont penchés sur la nouvelle proposition de réforme soumise par le parlement grec. Ce qui s’avère plutôt surprenant, c’est qu’elle ressemble beaucoup à celle exigée par les créanciers peu avant le référendum.

Dimanche dernier, le peuple grec s’est prononcé, et vota fortement en défaveur de l’acceptation du plan d’austérité que l’on voulait leur imposer. Pourquoi le pays semble maintenant avoir abdiqué?

Une sortie de la Grèce de la zone euro aurait forcé le pays à imprimer sa propre monnaie. Tout d’abord, il n’est pas certain que les autorités soient en mesure de créer une monnaie rapidement avec toutes les procédures que cela implique. Deuxièmement, la monnaie utilisée avant l’euro, la drachme, serait sans doute sujet à une importante dévaluation.

À première vue, cette décote semble souhaitable, puisqu’elle abaisserait drastiquement la valeur de la dette souveraine. En effet, si vous devez 1000 euros, et que vous convertissez votre dette en une devise qui perd soudainement beaucoup de valeur, c’est comme si on la réduisait. En termes d’euros, vous devrez moins d’argent qu’auparavant.

Un lecteur nous a fait remarquer que les créanciers exigeraient sûrement d'être remboursés en euros. Cependant, la Grèce en serait tout simplement incapable, surtout avec la dévaluation de la drachme. D'importantes concessions seraient alors à prévoir de la part des créanciers (réductions de dettes). 

Un autre avantage apparent réside dans les exportations. Si la valeur de la monnaie s’effondre, il en coûte moins cher pour les clients extérieurs de s’approvisionner auprès de la Grèce. Or, le pays hellénique fait face à un problème plutôt inconfortable : il importe davantage qu’il exporte. On estime que les importations surpassent les importations d’au moins 20G d’euros. Il s’agit d’un montant de 1800 euros par habitant. Environ le tiers des importations totales sont requises pour l’achat de produits pétroliers, dont l’essence. Par conséquent, advenant une décote sévère de sa monnaie, la Grèce vivrait des moments très difficiles, et devra trouver une façon de combler l’important déficit. Donc, elle détient le choix entre une sortie pénible de l'euro, ou des sacrifices budgétaires pendant probablement très longtemps.

Notons qu’en cas de défaut de cette nation, l’Allemagne et d’autres pays de la zone euro auraient beaucoup à perdre financièrement. D’importantes sommes ont été investies pour que la Grèce puisse demeurer au sein du groupe. Peut-être que le premier ministre Alexis Tsipras espérait obtenir des concessions avec le référendum, qui démontra clairement le mécontentement de la population. Toutefois, la Grèce perdrait gros en cas d’échec, si aucune aide ne lui était accordée. C’est pourquoi elle démontre maintenant une certaine volonté à appliquer les mesures d’austérité qui avaient été discutées auparavant.

Nous saurons sans doute dimanche si un accord est conclu alors que les membres de la zone euro se réuniront à nouveau. Le cas échéant, les marchés risquent de réagir très positivement. Pour l’investisseur, ce sera l’occasion d’engendrer déjà des profits s’il a eu l’occasion de saisir des opportunités récemment. À long terme, un accord positif se traduit simplement par un report des problèmes dans le futur. Autrement dit, nous entendrons parler de la Grèce à nouveau. Comme les marchés nord-américains réagissent aux moindres échos provenant de l’Europe, les investisseurs se verront offrir de multiples occasions de rafler des aubaines.

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

Les investigateurs financiers

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

La traversée du désert de la Bourse de Toronto

15/03/2024 | Denis Lalonde

BALADO. La Bourse de Toronto n'a accueilli aucun premier appel public à l'épargne depuis un an.