La popularité de la Bourse canadienne tiendra-t-elle le coup?

Publié le 24/12/2014 à 06:00

La popularité de la Bourse canadienne tiendra-t-elle le coup?

Publié le 24/12/2014 à 06:00

Photo Bloomberg.

Depuis le début de l'année, le S&P/TSX a engendré un rendement incluant dividendes de 7,1%. L'indice américain S&P 500 se compare avantageusement, avec ses 12,7%. Notons que la baisse récente du cours du pétrole a contribué à la sous-performance du marché canadien.

Néanmoins, depuis la crise, l'indice américain s'est nettement démarqué. Sans inclure les dividendes, son rendement total est environ 4x plus élevé sur les cinq dernières années. Pendant ce temps, la plupart des investisseurs et conseillers financiers ne cessaient de vanter les mérites d'investir au Canada. On faisait mention de nos solides banques, qui ont su résister à la crise grâce à une gestion plus saine de leurs finances. On rapportait également l'essor de notre pays relié à la montée fulgurante de la Chine. Quant aux États-Unis, l'attention s'est souvent portée sur sa monstrueuse dette ainsi que son taux de chômage élevé par rapport à sa norme historique.

Nous soupçonnons toutefois un autre facteur contribuant au maintien de l'enthousiasme, tout particulièrement lors des deux dernières années. En 2013, l'indice canadien a procuré un rendement incluant dividendes de 11,5% à ses investisseurs. Cette performance fait piètre figure face à l'indice américain, avec ses 32,4%. Toutefois, 11% correspond à un pourcentage que l'on pourrait qualifier de ''raisonnable''. Il en est autrement pour les 32% du S&P 500. Une telle hausse ne peut être soutenue, et plusieurs experts prévoyaient une douloureuse correction. À chaque sommet de l'indice, la question était remise sur le tapis, comme si chaque gain additionnel devait nécessairement être trop beau pour être vrai.

Moins de rendement, plus de sécurité?

Ironiquement, un rendement plus faible suggère une certaine stabilité. Bien des investisseurs préfèreront un titre qui croit à 10%, plutôt qu'un autre à 20%, surtout s'ils éprouvent un certain sentiment de sécurité à l'égard du premier. Le Canada constituant une économie ''forte et dirigée de façon conservatrice'', tout rendement raisonnable était bienvenu étant donné le faible risque perçu. Un ''tien'' vaut mieux que deux ''tu l'auras''. Par conséquent, dégager un rendement de 11% dans un monde où l'on pouvait aisément obtenir trois fois plus n'était pas considéré comme un échec, mais plutôt comme un acte de sagesse.


« Dégager un rendement de 11% dans un monde où l'on pouvait aisément obtenir trois fois plus n'était pas considéré comme un échec, mais plutôt comme un acte de sagesse. »


La déclaration populaire de Warren Buffett ''Soyez craintif quand les autre sont avides. Soyez avide quand les autres sont craintifs'' revêt une simplicité extrême. Elle s'applique toutefois dans bien des cas, notamment dans le cas présent. Elle révèle à quel point vous devez vous méfier de l'opinion de la masse.

Peu de choses ont changé depuis la crise

Selon Statistique Canada (cliquer pour visionner l'article), l'endettement des ménages canadiens se trouve actuellement à un sommet historique. Difficile pour nous de conserver notre optimiste lorsque nous sommes conscients des dangers potentiels qui guette l'économie : endettement des particuliers, immobilier à prix élevé, économie fortement dépendante des ressources, exposition à un ralentissement possible en Chine, etc. Or, le prix de bien des titres que nous regardons au Canada ne reflète pas ces risques, même si les sociétés sous-jacentes seraient directement affectées par l'un de ces facteurs.

Avec la chute récente du cours du pétrole, et surtout dans un contexte où nous n'assistons pas à un rebond à court terme, nous nous demandons si les titres canadiens demeureront aussi prisés par les investisseurs dans l’année qui vient.

Pour terminer sur une note plus joyeuse suite à ces questionnements un peu déprimants, nous en profitons pour vous souhaiter de passer d'excellentes fêtes, ainsi qu'une année 2015 prospère!

 

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