Industrie des finances : changements favorables à tous?

Publié le 17/07/2016 à 12:17

Industrie des finances : changements favorables à tous?

Publié le 17/07/2016 à 12:17

Qui n’est pas en faveur de la transparence? Se faire donner l’heure juste et connaître les motivations de notre interlocuteur, n’est-ce pas ce que l’on aspire à obtenir en tout temps?

Un lot de règles en faveur d’une meilleure transparence entrent progressivement en vigueur dans l’industrie des finances. Elles touchent principalement les fonds mutuels et les valeurs mobilières. Nous parlons bien du MRCC2. Le chroniqueur de finances personnelles, Daniel Germain, en discute dans ce blogue (cliquer ici). 

L’application du MRCC2 permettra aux clients de savoir les montants exacts payés pour la gestion de leurs investissements, en dollars et en pourcentage. Or, il se pourrait qu’un ensemble de règles similaires soient mises en place également pour l’industrie de l’assurance. Les conseillers détiennent souvent au moins deux types de permis. Par exemple, certains peuvent offrir à la fois de l’assurance et des fonds mutuels. Avec le premier, on comble les besoins au décès pour protéger la famille; avec le second, on bâtit son fonds de retraite. Si le client bénéficie d’une divulgation des honoraires et commissions complètes pour ses investissements, pourquoi ne l’exigerait-il pas pour ses assurances?

Or, nous voyons d’un œil favorable ce genre de changement, mais il nous est difficile de penser que la situation avantagera les personnes à plus faible revenu.

L’un de nous a déjà travaillé auprès d’un conseiller d’expérience, qui détenait une clientèle très variée. Voici le constat : parmi les gens les moins fortunés, le besoin le plus crucial ne résidait pas à notre avis dans les détails entourant les produits proposés. De toute évidence, certains produits se démarquent des autres. Mais regardons en quoi un produit financier quelconque peut grandement aider une personne.

Il y a plusieurs années de cela, une cliente de notre fameux conseiller avait souscrit à une police d’assurance vie universelle. Cette dernière offrait une protection d’assurance en cas de décès, avec un certain montant d’épargne qui pouvait être cumulé lorsque les primes surpassaient le coût de l’assurance.

Cette cliente gagnait à peine plus que le salaire minimum. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle réalisa après plusieurs années que la valeur de rachat de son assurance excédait 15 000$. Pour bien des gens, il s’agit d’une bien petite somme. Pour d’autres, cela correspond à un montant d’épargne peu accessible, voire inespéré!

Tel que mentionné plus haut, la plus grande valeur ajoutée du conseiller dans ce cas-ci ne reposait pas dans les spécifités du produit proposé. Elle se situait plutôt dans l’incitation à mettre de côté un certain montant tous les mois. Ce conseiller avait dû se déplacer jusqu’à chez elle, pour lui expliquer quelques rudiments de la gestion financière, à savoir la prévoyance d’un montant à affecter aux obsèques en cas de décès, ainsi que l’accumulation d’épargnes en cas de besoin dans le futur. Sans ce produit, le maigre héritage à transmettre aux enfants n’aurait même pas couvert les frais d’enterrement. Et les 15 000$ d’épargne? Ils auraient été dépensés depuis longtemps.

Dans certains cas, notre conseiller donnait un énorme coup de main à ses clients, et ceux-ci se retrouvaient plus riches à la fin de la rencontre. Il suffit de penser au Supplément de revenu garanti, dont certains citoyens peu fortunés et à l’âge de la retraite semblent ignorer l’existence. Le conseiller connaît bien les règles de ces prestations offertes aux gens sans fonds de pension et sans investissements personnels. Donc, lorsqu’il rencontre une personne éligible, il lui explique le processus et l’aide même à remplir le formulaire! Imaginez que vous apprenez du jour au lendemain que vous pouvez recevoir plusieurs milliers de dollars par année de plus. Lorsque vous touchez un très maigre revenu, cet argent améliore considérablement votre niveau de vie!

Comme on peut le constater, ces clients risquent de devenir totalement négligés si les frais afférents aux produits accaparent toute leur attention. Comme pour la dame citée plus haut avec son assurance vie : elle fut surprise de constater qu’elle avait pu amasser 15 000$. Elle aurait peut-être sursauté si elle avait su dès le départ que son conseiller touchait plusieurs centaines de dollars à la vente du produit.

Comme le mentionnait M. Germain dans son blogue sur le MCCR2, peu de gens sont prêts à payer le prix pour une bonne planification financière. Nous parions qu’ils seraient encore moins prêts à débourser pour simplement se faire convaincre d’épargner. Et que dire de l’assurance vie? Les parents de jeunes enfants qui possèdent peu de biens ont besoin d’un minimum de protection pour leur famille. Seront-ils aussi réceptifs à la souscription de ce genre de produit financier si le montant des commissions est divulgué?

Certes, on pourrait arguer qu’il suffit pour eux d’aller dans une institution financière, et d’acheter le produit approprié. Or, pour plusieurs d’entre eux, il leur faut le petit coup de pouce qui les incite à agir. Si plus personne n’insiste pour aller les voir dans le confort de leur foyer, et pour les convaincre d’agir, que ce soit pour une planification des besoins au décès ou l’urgence d’économiser pour la retraite, leur situation risque de se détériorer.

À quand les cours de finances personnelles au primaire et au secondaire?

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

 

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